
« Le djihad contre les Américains et leurs alliés doit être mené sous une bannière et une direction uniques », ont mis en garde mardi 16 juin les talibans afghans, après des accrochages dans l’est du pays entre leurs hommes et des combattants se réclamant de l’Etat islamique (EI).
Dans une lettre adressée au chef de l’EI, le numéro deux des talibans, Akhtar Mohammed Mansour, revendique la paternité de la « résistance » contre les forces occidentales et leurs alliés en Afghanistan, et prévient contre toute tentative d’implantation ou d’ingérence de l’EI dans le pays.
« Que Dieu nous en préserve, si vous veniez à prendre des décisions à distance, vous perdriez le soutien des érudits, des moudjahidines et de sympathisants », souligne le mollah Mansour, qui fut ministre sous le régime des talibans à Kaboul (1996-2001), précisant que les talibans « seraient forcés de réagir afin de défendre leurs acquis » si jamais l’Etat islamique essayait de s’implanter dans leur pré carré.
L’EI recrute dans les rangs talibans
Le mois dernier, le général américain John Campbell, patron de la mission de l’OTAN dans ce pays, jugeait que l’EI « recrut[ait] en Afghanistan », sans toutefois y avoir de capacités opérationnelles. Un constat que semble valider la missive du chef des talibans, qui demande au calife autoproclamé de l’EI de cesser de recruter dans leurs rangs.
Chassés du pouvoir en 2001 par les Occidentaux, les talibans mènent depuis la résistance armée contre le gouvernement de Kaboul et ses alliés étrangers. Et l’exportation de la lutte armée de l’EI en Afghanistan, au risque d’éparpiller l’insurrection afghane, semble les inquiéter.
Pour le politologue Ahmad Saeedi, certains soutiens traditionnels des talibans jugent que ces derniers « ont fait leur temps ». A l’inverse de l’EI, les talibans, qui accueillirent Oussama Ben Laden en Afghanistan sous leur régime, n’ont aucune visée expansionniste. Ils limitent leurs attaques à l’Afghanistan où ils visent des cibles « étrangères » ou le gouvernement, l’armée et la police afghans, dans des attaques qui font aussi souvent des victimes civiles.
Les extrémistes sunnites de l’Etat islamique ont, quant à eux, plusieurs fois affirmé leur volonté d’étendre leur « califat » autoproclamé au-delà des territoires déjà sous leur contrôle en Irak et en Syrie. Mais, bien que quelques groupes de combattants rebelles en Afghanistan se soient ces derniers mois réclamés de l’EI, ce dernier n’a jamais officiellement reconnu une quelconque implantation dans ce pays.
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