ART CONTEMPORAIN Art Basel : le show mondial

Jusqu’à dimanche prochain, Bâle accueille l’édition 2015 de sa foire internationale d’art. 223 galeries du monde entier y célèbrent la création contemporaine, mais aussi le marché et ses tendances. Un événement à la fois artistique et économique où collectionneurs, professionnels et grand public se succèdent durant quelques jours.
Textes : Dominique Bannwarth Photos : Darek Szuster - 18 juin 2015 à 05:00 | mis à jour le 22 juin 2015 à 11:50 - Temps de lecture :
 | 

« Je suis curieuse de voir ce que cela va donner » , avoue Anastasia, une étudiante allemande de 25 ans en train de laver des poivrons sous la toiture de bambous dressée sur la Messeplatz de Bâle. Elle participe avec d’autres étudiants au projet intitulé Do we dream under the same sky (Rêvons-nous sous le même ciel), conçu pour Art Basel par l’artiste thaï Rirkrit Tiravanija, associé aux architectes allemands Nikolaus Hirsch et Michel Müller, et au cuisinier finlandais Antto Melasniemi.

Cantine sociale

Il s’agit, en marge du show bâlois du marché de l’art contemporain, de proposer aux visiteurs et aux artistes de se nourrir en communauté, en se préparant du thé et des plats accommodés avec des herbes aromatiques plantées sur place, afin de faciliter les échanges et les interactions sociales. Cette proposition fait écho à The Land , une communauté semblable créée dans les rizières du nord de la Thaïlande.

Le contraste avec l’univers luxueux et le volume financier qui caractérisent la première foire d’art contemporain du monde est saisissant.

Quelques mètres plus loin, les 74 projets de l’exposition Unlimited ouvrent d’autres perspectives. Les 760 bicyclettes du Chinois dissident Ai Weiwei y attendent le visiteur, alors que Julius Von Bismarck réalise sa performance vertigineuse et ininterrompue, installé dans un « paraboloïde tournant », assis ou couché dans son lit.

« Printemps arabe » et atelier de dessin

Unlimited offre aux visiteurs d’Art Basel une manière de se confronter aux expressions d’artistes contemporains différente de l’espace des galeries, à travers des installations, des vidéos, des performances. Ainsi, lundi soir pour le vernissage, le Français Kader Attia a pulvérisé des vitrines de musées pour la réalisation de son Printemps arabe.

Plus loin, dans l’obscurité, une étrange vibration musicale s’échappe d’une sorte de météorite composée d’un millier de micros, une installation de Shilpa Gupta. Quittons cette rumeur polyphonique pour rejoindre l’atelier de peinture Life Model proposé par David Shrigley, où chacun peut s’asseoir devant son chevalet et dessiner la statue d’homme servant de modèle…

Dépouillement et esthétique s’harmonisent dans la traversée des œuvres lumineuses de Dan Flavin, alors que Pedro Reyes, en utilisant des éléments d’armes, conçoit des instruments de musique version kalachnikov.

Les arbres fleuris de sachets en plastique multicolores de Pascale Marthine Tayou, vision critique mais poétique de la société de consommation, font face à l’installation du collectif brésilien Opavivaraï !, une sorte d’aire de repos avec thé pour se désaltérer et hamacs pour se relaxer…

Mais retour dans le Hall 2, où le marché de l’art et les 223 galeries présentes reprennent le dessus.

Osons d’abord la curiosité dans Statements, l’espace de découverte d’Art Basel, et plus particulièrement pour le solo show présenté par la galerie Marcelle Alix consacré à Mathieu Kleyebe Abonnenc, né en Guyane française. Avec Forever Weak and Ungratefu l, il interroge une nouvelle fois l’histoire de la décolonisation et son ambiguïté comme ce geste d’une statue représentant Victor Schoelcher, qui a fait abolir l’esclavage, montrant son chemin à l’esclave dénudé.

Tour automatique et effets vidéos

Un tour automatique réalise en direct des pièces conçues par Raphaël Hefti pour la galerie Raeber Von Stenglin.

Chez Air de Paris, le personnage à réactiver de Pierre Joseph, déjà vu sur de précédentes éditions, cette fois-ci en battle dress, se met en position de tir couché sur le sol. Chez les New-yorkais de la galerie JTT, le foisonnement visuel des vidéos de Borna Samak ajoute au vertigineux tournis de cet univers bâlois…