L'Europe prolonge ses sanctions contre la Russie

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Crise en UkraineL'Europe prolonge ses sanctions contre la Russie

L'Union européenne entend que Moscou remplisse ses obligations découlant de l'accord de cessez-le-feu avant de lever ses mesures.

Les chefs de la diplomatie de l'UE ont formellement prolongé lundi, jusqu'à fin janvier 2016, les sanctions économiques décrétées contre la Russie pour son rôle dans le conflit en Ukraine. Moscou a dénoncé cette décision et promis de réagir en «réciprocité».

Les sanctions frappent des pans entiers de l'économie russe, dont les secteurs des banques, de la défense et du pétrole, qui sont empêchés de se financer sur les marchés européens.

Elles ont été prolongées «jusqu'à ce que la Russie remplisse ses obligations découlant de l'accord (de cessez-le-feu) de Minsk», a précisé le Britannique Philip Hammond à son arrivée à une réunion des ministres des affaires étrangères des Vingt-Huit à Luxembourg.

L'accord signé en février à Minsk prévoit des mesures progressives jusqu'à la fin de l'année pour mettre fin au conflit entre des séparatistes prorusses et Kiev. La trêve est globalement respectée, mais n'a pas empêché des combats sporadiques meurtriers et une nouvelle flambée de violence début juin.

La décision de les prolonger de six mois, qui requiert l'unanimité, avait reçu un feu vert au niveau des ambassadeurs mercredi. Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a salué la décision de l'UE de maintenir la pression sur la Russie.

«Déception» russe

A Moscou, le porte-parole du Kremlin a en revanche déploré la décision des ministres européens, dénonçant des sanctions non fondées. Il a ajouté que la Russie répliquerait en «réciprocité».

Jeudi, le ministre russe de l'Economie avait prévenu que l'embargo mis en place en août contre la majorité des produits alimentaires venant de pays à l'origine des sanctions serait prolongé tant que dureront ces mesures.

Le ministère russe des affaires étrangères a regretté de son côté que le «lobby russophobe» ait eu le dernier mot. «Bruxelles maintient délibérément le silence sur le fait que (sa décision) va avoir pour conséquence que des centaines de milliers d'Européens voire, selon certaines estimations, deux millions, vont perdre leur emploi», a-t-il dit.

Il a aussi jugé «cynique que cette décision (...) ait été prise le 22 juin, le jour où l'Allemagne nazie a envahi l'Union soviétique» en 1941.

Investissements interdits

L'Union européenne, qui dénonce le «rôle déstabilisateur» de Moscou, a imposé ses premières sanctions le 29 juillet 2014, après le crash du Boeing de la Malaysia Airlines. L'avion avait été probablement abattu par un missile sol-air au-dessus de la zone des combats avec 298 personnes à bord.

En mars, les chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-Huit se sont entendus pour maintenir les sanctions en vigueur tant que l'accord de paix de Minsk ne serait pas intégralement appliqué.

Vendredi, Bruxelles a aussi décidé de prolonger un autre train de sanctions, décrétées elles pour protester contre «l'annexion illégale» de la Crimée par la Russie. Les sanctions prises graduellement depuis un an sont renouvelées jusqu'au 23 juin 2016.

Elles interdisent notamment tout investissement européen dans la péninsule, mais aussi les exportations de produits et technologies dans les domaines du transport, des télécoms et de l'énergie, ou bien liés à la prospection et à l'exploration pétrolière, gazière et de minéraux.

Les activités touristiques en Crimée sont également interdites, y compris pour les croisiéristes, ainsi que l'importation dans l'UE de tout produit depuis la péninsule.

Mesures prises par la Suisse

La Suisse ne s'est pas associée aux sanctions européennes. Elle a toutefois pris des mesures pour éviter que son territoire ne soit utilisé pour les «contourner» et sa place financière soupçonnée de profiter de la situation.

La Confédération a également établi une liste de 150 personnes et de dizaines d'entreprises avec lesquelles les intermédiaires financiers ne sont pas autorisés à nouer de nouvelles relations d'affaires et dont les relations d'affaires existantes sont soumises à déclaration.

Le Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO) a précisé à l'ats que la décision des Vingt-Huit n'avait pas de conséquences sur les mesures prises par la Suisse.

De leur côté, les dirigeants français François Hollande et allemand Angela Merkel qui se sont entretenus lundi par téléphone avec leur homologue russe Vladimir Poutine, jugent les progrès «insuffisants» en Ukraine, a indiqué l'entourage du président français.

Deux soldats ukrainiens ont été tués en 24 heures dans l'Est de l'Ukraine et les affrontements ont également fait au moins 8 blessés, ont souligné lundi des représentants des forces de Kiev et des séparatistes prorusses. (afp)

Moscou «profondément déçue»

La Russie a condamné lundi la prolongation des sanctions économiques décrétées par l'Union européenne à son encontre. Elle a annoncé qu'elle répliquerait en «réciprocité».

«Nous sommes profondément déçus qu'une fois de plus, l'opinion du lobby russophobe l'ait emporté en Union européenne, ce qui a entraîné cette décision et la prolongation de ces restrictions illégales», a dénoncé le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.

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