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Pourquoi les politiques sont contre leur retraite à 70 ans

Une proposition, issue d’un rapport, envisage la « mise en retraite » des élus après 70 ans afin de renouveler le paysage politique. Elle a déclenché un tollé dans les rangs des élus… notamment ceux proches de l’âge fatidique.

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Publié le 22 juin 2015 à 19h59, modifié le 23 juin 2015 à 10h03

Temps de Lecture 2 min.

A l'Assemblée nationale le 3 juin.

« Déni de démocratie », « idée dangereuse »… Difficile de trouver un député ou un sénateur pour défendre la proposition faite dans un rapport remis au ministre de la ville, Patrick Kanner, de mettre à la retraite les élus à partir de 70 ans.

Ce rapport, titré « Reconnaître, valoriser, encourager l’engagement des jeunes », a été rédigé par deux universitaires, Béligh Nabli et Marie-Cécile Naves. Cette proposition figure parmi 25 autres destinées à concrétiser la promesse de François Hollande de « faire de la jeunesse une priorité » de son mandat.

Gauche et droite contre l’idée

Mais à peine émise, cette idée a déclenché une pluie de réactions d’élus, de gauche comme de droite, tous vent debout contre cette idée. Citons pêle-mêle :

  • A droite : Bernard Debré, député Les Républicains de Paris (70 ans), s’insurge contre « un déni de démocratie », estimant que « ce sont aux électeurs de choisir » qui ils élisent.
  • A gauche, Michèle Delaunay, députée PS et ancienne ministre (68 ans), refuse cette proposition, arguant qu’« interdire à un citoyen de plus de 70 ans de se présenter aux élections ce serait comme l’avoir interdit aux plus de 50 ans en 1945 ». Jérôme Guedj (43 ans), député PS de l’Essonne, dénonce « une vraie discrimination, de l’âgisme. Et après ? Un âge limite pour conduire, voter… ? ».
  • Seul le député PS Jean Glavany (66 ans) estime que ce n’est « pas une mauvaise idée » car « il faut encourager la transmission en politique ».

L’hostilité affichée à cette réforme s’explique sans doute en partie par… l’âge des élus français, parmi les plus vieux en Europe : les députés ont 59 ans en moyenne, les sénateurs en avaient 66 en 2012 (62 ans depuis le renouvellement de septembre), contre 49 et 50 ans respectivement en Allemagne et en Grande-Bretagne.

60 % des parlementaires ont plus de 60 ans

Nous avons représenté sur ce graphe les âges des parlementaires français, fournis par l’Assemblée (sur 556 députés et non 577) en 2012 et le Sénat.

Nombre de députés et de sénateurs par classe d'âge
Selon les données fournies par Assemblée (pour 556 députés) et Sénat en 2012 et 2014

Il suffit donc d’additionner, pour constater que pas moins de 100 parlementaires français seraient concernés par cette proposition, si elle était appliquée, soit 11% du total. Ce qui peut sans doute expliquer le peu d’enthousiasme de nombre de parlementaires à soutenir cette idée.

Le débat est complexe : comme l’argumentent MM. Guedj ou Debré, ce sont effectivement aux électeurs de choisir qui ils souhaitent élire, un mandat parlementaire n’étant pas un métier soumis à un âge de retraite obligatoire.

D’un autre côté, la « représentation nationale » qu’incarnent les élus est-elle représentative lorsque plus de 60 % des députés et sénateurs ont plus de 60 ans, alors que c’est le cas de 23,1 % de la population dans son ensemble ?

L’idée, en tout cas, en évoque une autre, aussi souvent proposée que peu appliquée : la limitation du cumul de mandats dans le temps, qui interdirait à un élu d’occuper le même mandat plus de x fois consécutives. La disposition existe déjà en France, pour le seul président de la République, limité à deux mandats.

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