Le Dr Philippe Pouletty dirige le fonds d'investissement Truffle Capital. Il est cofondateur de la société Carmat.
Quel est le business model du cœur Carmat ?
Le cœur artificiel de Carmat s'adresse aux patients atteints d'une d'insuffisance cardiaque biventriculaire terminale. Cela pourrait représenter environ 100 000 malades en Europe et aux Etats-Unis. Aujourd'hui, seulement 5 % à 7 % des patients qui ont besoin d'une transplantation cardiaque en bénéficient, faute de donneurs.
Le cœur artificiel de Carmat pourrait coûter environ 150 000 euros – à peu près le coût d'une transplantation. Il permet cependant d'économiser le prix des traitements immunosuppresseurs (qui évitent le rejet de la greffe), soit environ 20 000 euros par an en moyenne, la vie durant. Le besoin médical est considérable, avec un marché potentiel de plusieurs milliards d'euros. La question de la prise en charge par les systèmes de santé est très importante. Nous sommes confiants. Des cœurs artificiels beaucoup moins sophistiqués et d'un coût comparable sont déjà autorisés et remboursés dans plusieurs pays.
L'action vaut plus de 100 euros aujourd'hui, contre 18 lors de son introduction. Comment est financé votre développement ?
Le projet initial a été financé à hauteur de 10 à 15 millions d'euros par EADS, qui détient un tiers du capital. Après la création de Carmat, grâce au financement de Truffle Capital, nous avons levé 16 millions d'euros en 2010 lors de notre introduction en Bourse et 30 millions en 2011, lors d'une augmentation de capital.
Nous avons aussi reçu le soutien d'Oseo (BPI France Financement), qui nous accordé 33 millions d'aide à l'innovation. Nous pourrions faire appel, le moment venu, à de nouveaux investisseurs, notre objectif étant si possible de rester indépendants.
Quelles sont les prochaines étapes ?
Le cœur artificiel de Carmat devrait être implanté dans les prochaines semaines chez trois autres patients. Il faudra attendre plusieurs semaines avant d'évaluer les bénéfices médicaux et les limites de ces implantations. A plus long terme, l'une des inconnues est la durée de vie chez le patient de ce cœur conçu et testé sur banc d'essai pour fonctionner au moins cinq ans.
Nous espérons dès 2014 élargir les essais à une vingtaine de patients. Des implantations sont prévues dans d'autres pays, notamment la Pologne. S'ils sont positifs, les résultats nous permettront de définir ses conditions d'utilisation et de déposer un dossier pour obtenir le droit de commercialiser ce cœur artificiel en Europe.
En parallèle, Carmat poursuit ses recherches pour augmenter l'autonomie des batteries et affiner l'ergonomie de la console de contrôle. Carmat pourrait aussi dans le futur développer un modèle plus petit.
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