Un service qui n'est plus seulement réservé aux chauffeurs amateurs
La start-up encourage depuis quelques semaines les chauffeurs de son offre VTC classique à basculer sur UberPOP.
Par Lionel Steinmann
Uber est-il en train de s'organiser pour faire survivre UberPop à une éventuelle interdiction par la justice ? Alors que son service déchaîne la colère des taxis et du gouvernement parce qu'il s'appuie sur des chauffeurs amateurs, la start-up américaine a lancé en toute discrétion une évolution fondamentale de son concept en l'ouvrant à des chauffeurs professionnels.
A côté d'UberPOP, Uber propose en effet des mises en relation avec des véhicules de transport avec chauffeur (VTC) classiques, dont c'est l'activité principale et qui respectent toutes les contraintes réglementaires que cela entraîne (agrément, assurance spécifique, formation...). Depuis quelques semaines, la société incite par courriel ces professionnels à profiter d'une « nouvelle opportunité [...] : utiliser des véhicules compacts sur le réseau Uber. » Peugeot 308, Renault Mégane, Volkswagen Golf... Alors que les VTC utilisant l'application UberX doivent disposer d'un véhicule de moins de quatre ans, « couleur sombre obligatoire [...], intérieur cuir et finition haut de gamme vivement conseillés », ceux qui basculeront sur la « gamme compacte » pourront conduire « des véhicules de moins de huit ans [...] sans aucun critère de couleur ». Un niveau d'exigence réduit, car « ces véhicules seront commandés par les utilisateurs de la gamme UberPOP » avec un tarif à la course nettement moins élevé qu'avec UberX.
Plan B
En encourageant ses chauffeurs professionnels à rejoindre UberPOP, Uber renforce son offre à bas coût, qui a manifestement un fort potentiel de croissance. Mais la démarche pourrait faire office de plan B : au cas où la justice finirait par interdire le recours aux chauffeurs amateurs, la société pourrait continuer à faire vivre une marque qui a déjà atteint une très forte notoriété, dans des conditions inattaquables sur le plan légal. Thibaud Simphal, le directeur général d'Uber France, réfute toutefois cette interprétation : « Nous ne fixons pas notre stratégie business en fonction d'éventuelles décisions judiciaires. Notre offre de transport à bas prix doit être portée à la fois par des chauffeurs occasionnels et par des professionnels. »
L. S.