Uber : la carte (interactive) d’une contestation mondiale

Uber : la carte (interactive) d’une contestation mondiale

Jeudi, les taxis des grandes villes françaises manifestent contre Uber. Les interdictions et les contestations se multiplient contre le service de chauffeurs non-professionnels dans les 57 pays où il est présent.

Par Robin Prudent
· Publié le · Mis à jour le
Temps de lecture

Jeudi, les abords routiers de Paris, Lyon, Nantes, Marseille et Lille promettent d’être bloqués par un mouvement de grève illimitée des chauffeurs de taxi. Ces villes ont toutes un point commun : l’appli mobile Uber y est active.

La tension est encore montée d’un cran ces derniers jours entre les chauffeurs professionnels et les amateurs utilisant le service UperPop. La liste des incidents est longue :

La suite après la publicité

UberPop « en situation illégale absolue »

Une entreprise de « chauffeurs privés » a d’ailleurs décidé de ne pas desservir les aéroports pendant la durée de la grève, « par mesure de sécurité » pour ses clients et ses chauffeurs.

Les taxis, grévistes et en colère, ont pourtant un appui de poids : la loi. Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a rappelé mardi que les chauffeurs utilisant UberPop étaient « en situation illégale absolue », depuis l’application de la loi Thévenoud au 1er janvier 2015. Pas vraiment du goût des responsables de l’appli mobile, qui interprètent la loi différemment.

Partout où Uber passe, les taxis grondent

Les voitures d’UberPop continuent donc à se faufiler sur les périphériques des grandes villes et entre la loi et la police. Les quelques dizaines d’interpellations de chauffeurs n’ont rien changé. Le service se déploie à toute vitesse en France, plébiscité par ses utilisateurs.

Partout où Uber passe, les taxis grondent. L’équation se valide sur tous les continents. Présent dans les métropoles de 57 pays, Uber a provoqué des contestations dans un grand nombre de celles-ci. Quel que soit le régime du pays, son degré de libéralisme, Uber a mondialisé son service et les manifestations de taxis en réaction (voir la carte).

Capture d'cran de la carte de la contestation contre Uber
Capture d’écran de la carte de la contestation contre Uber

Des dizaines de recours juridiques

Sous la pression des syndicats de chauffeurs professionnels, les plaintes en justice se multiplient, tout comme les contre-attaques juridiques de l’entreprise Uber. Face à ces dizaines de recours, les tribunaux émettent des jugements variables et souvent temporaires, faute de dispositifs législatifs adaptés. En France, la Cour de cassation vient de renvoyer la balle au Conseil constitutionnel, qui devra trancher sur la disposition contestée de la loi Thévenoud.

La suite après la publicité

A San Francisco, son berceau, la commission du travail de l’Etat de Californie lui a infligé un sérieux revers la semaine dernière, en reconnaissant une conductrice UberPop comme une employée. Cela implique une remise en cause complète du système Uber, de son modèle économique fondé sur le recours à des travailleurs indépendants. Pour le moment, cette décision s’applique uniquement à ce cas, mais des « class actions » ont été lancées et d’autres actions juridiques sont en cours à Los Angeles contre Uber.

Les tribunaux espagnols, indiens et hollandais ont déclaré illégaux les services UberPop ou Uber. A l’inverse, la start-up californienne a trouvé des accords pour se développer sereinement dans le canton de Genève en Suisse ou au Japon.

Bientôt une décision européenne ?

La commissaire européenne chargée du Marché intérieur et de l’Industrie, Elzbieta Bienkowska, a annoncé qu’une réponse européenne était en train d’être étudiée :

« [Nous travaillons] de manière intensive pour présenter un projet de régulation du secteur cette année. [...] Dans le cas d’Uber, certains Etats de l’UE sont ouverts, d’autres se comportent de manière restrictive. Cela ne correspond pas au marché commun. Nous avons besoin de règles homogènes dans toute l’Europe. Une régulation appropriée devrait harmoniser les opportunités et les risques. »

Diversité des modes de transport, concurrence déloyale, définition de la relation employeur-employé : autant de questions qui sont posées, simultanément, aux responsables politiques de dizaines de pays de la planète. L’ « uberisation » du monde ne se fait pas sans heurts.

Robin Prudent
A lire ensuite
En kiosque