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Marronnier

Soldes : le sexisme en promo tous les six mois

A chaque fois, c'est pareil, marques et médias rivalisent pour associer la course aux bonnes affaires à des clichés sexistes, le plus souvent au nom de l'humour.
Mardi, à Caen, à la veille des soldes. (Photo Charly Triballeau. AFP)
publié le 24 juin 2015 à 16h02

Vous connaissez la vanne ? «Un jour, les femmes domineront le monde, mais pas aujourd'hui : c'est les soldes !» Excellent, non ? Tellement excellent qu'on tressaille de rire en l'écrivant et que ça nous fait fgaire des fatues de fprappe. A chaque nouvelle session de soldes, des dizaines de mecs croient amusant de mettre cette blague sur Twitter, accompagnée parfois de smileys qui pleurent de rire. En ce jour de lancement des soldes d'été, c'était inévitable. Mais s'il n'y avait que cela.

Le premier des présupposés qui fondent toute communication autour des soldes, c'est que l'événement ne concerne que les femmes. En janvier, Kinder faisait donc la promo de son Kinder Country (qu'il a désigné «Kinder des mamans d'aujourd'hui») en le vantant comme un «petit coup de pouce pendant les soldes», comme le relevait Macholand.

Puisque les femmes sont les seules personnes concernées par les soldes, il est tout à fait logique qu'un centre commercial toulousain ait eu l'idée, en janvier 2012, d'ouvrir une «garderie pour maris» pendant la période. Accueillis par des hôtesses (évidemment), les intéressés recevaient «des conseils pour garder la forme et arrêter de fumer», mais ils pouvaient aussi «voir des jeux d'action sur grand écran et feuilleter des "revues typiquement masculines"», relevait l'Humanité à l'époque.

Une fois posé ce postulat, il s'agit de caractériser les clientes des soldes. Elles peuvent par exemple être écervelées, comme l'a suggéré lexpress.fr, ce mercredi matin : pour illustrer un article expliquant comment calculer à quoi correspondent les baisses de prix affichées en pourcentages, quoi de plus pertinent que la photo d'une femme qui se prend la tête ? On imagine sans mal qu'elle mobilise ici le peu d'intelligence dont elle dispose afin de calculer 50% de 60 euros. Remarquée sur Twitter, la photo a depuis été modifiée.

 

Les femmes sont aussi des êtres fondamentalement guidés par leurs émotions, lesquelles obéissent avant tout, bien sûr, à l'annonce d'une belle promo (le reste du temps, c'est quand un homme leur dit qu'il l'aime). La boutique Jonak Paris l'a écrit sans ambages sur son compte Instagram, mardi.

En janvier 2014, dans le genre «les soldes les rendent toutes débiles», BN s'était posé là en assimilant l'événement à du «rugby féminin». Face aux réactions, la marque s'était engagée à retirer cette blague «décalée» de ses paquets de biscuits. Ah, humour, combien de crimes commis en ton nom ?

Les clichés genrés ne visent évidemment pas que les femmes. Récemment, la fête des pères a été une fois de plus l’occasion de rappeler qu’une tireuse à bière ne peut qu’intéresser que les hommes – les mamans sont sans doute trop occupées à concocter de bons petits smoothies bio.

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