Pendant ce temps, Uber fait le plein d'apprentis chauffeurs
Alors que les taxis manifestent aujourd'hui contre UberPop, service très décrié de mise en relation entre particuliers et clients, les candidats affluent au siège parisien de la société Uber.

Même pas peur ! Au lendemain de la mise au point du ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, qui a rappelé qu'« UberPop est en situation d'illégalité absolue », l'application américaine qui met en relation des chauffeurs particuliers et des clients n'a pas réduit son rythme de recrutement. Au contraire.
Hier, au siège d'Uber France, à Paris (XIXe), coincé entre l'Urssaf et le tribunal de police, ultime pied de nez à l'Etat, les candidats pour devenir chauffeurs se comptent par dizaines. Dans la salle installée au rez-de-chaussée du bâtiment, où l'on vient déposer son dossier ou s'informer sur « l'application de la colère », on fait la queue comme à la Sécurité sociale : un panneau lumineux annonce le nom du candidat et le numéro de guichet vers lequel se diriger. L'attente dure moins de cinq minutes. Là, un jeune employé d'Uber, tout sourire, look décontracté, ordinateur Apple dernier cri vissé devant lui, répond aux questions. Est-ce que le service UberPop est illégal ? « Pas du tout. On n'a jamais été condamné. On attend le mois de septembre pour savoir ce que le Conseil constitutionnel dira. »
Le discours est rodé, presque formaté. Et si les forces de l'ordre m'arrêtent et saisissent ma voiture est ? « Ce qui est interdit, c'est la maraude. En tant que chauffeur UberPop, vous répondez à une réservation. Mais si vous êtes arrêté, ne signez pas le procès-verbal. Quant à la saisie de la voiture, cela n'arrive jamais. De toute façon, en cas de problème, envoyez-nous un mail, on s'occupe de tout. »
Vingt-quatre heures après l'annonce de Bernard Cazeneuve de renforcer les contrôles de police pour dénicher les chauffeurs UberPop, ces réponses semblent bien affirmatives... Pourtant, derrière moi, le flux de candidats ne tarit pas. Le profil est souvent le même. Des jeunes chômeurs ou à l'emploi précaire, et parfois des salariés appâtés par la promesse de gagner de quoi arrondir leurs fins de mois.
Selon le jeune employé d'Uber, je peux espérer des revenus de 18 â?¬ à 25 â?¬ par heure, une fois les 20 % prélevés par UberPop. « L'application marche très bien. La demande est en train d'exploser », vante-t-il, enthousiaste. Quant à l'obligation de déclarer cet argent, il explique que « jusqu'à 7 500 â?¬ ce n'est pas nécessaire. Au-delà, il faut vous inscrire en tant qu'autoentrepreneur ». A l'écouter, tout semble facile. Il suffit de s'inscrire sur Internet, fournir une photocopie de sa pièce d'identité, de son permis de conduire, de son casier judiciaire, de sa carte grise ainsi que de son assurance voiture. Pour le véhicule, il doit être âgé de moins de dix ans. Ajoutez à cela une formation de quarante-cinq minutes sur le Net, signez le contrat et le tour est joué.
Et pour ceux qui hésiteraient encore à franchir le pas, des témoignages sont accrochés un peu partout dans la pièce. Ainsi, une ancienne salariée, licenciée économique, dit avoir « retrouvé confiance en elle grâce à UberPop ». Quant à savoir ce qu'il faut faire en cas de démêlés avec les chauffeurs de taxi, la réponse est claire : « Restez courtois et composez le 17. » Des policiers qu'Uber connaît bien. Depuis plusieurs jours, une fourgonnette des forces de l'ordre assure sa sécurité à quelques mètres du siège.
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