VIDEO. Taxi, VTC ou UberPOP ? Nous avons testé les trois sur le même trajet

 

VIDEO. Taxi, VTC ou UberPOP ? Nous avons testé les trois sur le même trajet

    Taxi, VTC et chauffeur d'Uberpop, depuis la place de l'Opéra (Paris IXe), nous avons testé ces trois modes de transport pour rejoindre l'aéroport de Roissy à 27 km de là. L'occasion de découvrir dans quelles conditions les clients sont transportés, mais aussi de rencontrer les protagonistes de ce secteur de plus en plus concurrentiel.

    Avec le VTC, le plus d'attente

    Type de voiture : Renault Laguna.

    Prix : 49 â?¬, fixé à l'avance.

    Temps (attente + trajet) : 21 minutes + 41 minutes.

    Mode de paiement : prélèvement direct sur compte bancaire.

    Posté devant la coupole dorée de l'Opéra Garnier, je compose le numéro de téléphone de la plate-forme d'appels de la société de VTC Allocab. Après huit bonnes minutes d'attente, ma commande est prise et mon chauffeur, Karim, arrive. Souriant, il propose de mettre mon sac dans le coffre et ouvre la porte sur les sièges en cuir d'une Laguna de couleur foncée. Actualité oblige, la discussion ripe très vite sur la polémique au coeur de son métier.

    Il voudrait aussi faire grève

    « Les taxis deviennent fous. Ils agressent les chauffeurs et maintenant les gens, dit ce chauffeur de VTC depuis six mois. Nous aussi, on aimerait bien faire grève pour protester contre l'appli UberPop, mais on n'a aucune structure. » Karim considère que, si la guerre des chauffeurs a atteint ce point, « c'est la faute de l'Etat qui devrait interdire UberPop ». Je le sens énervé, rien que d'en parler. Il respecte le Code de la route mais use de manière intempestive du klaxon. « Les particuliers qui conduisent pour UberPop n'ont pas de formation, pas d'assurance, pas de règles », assène Karim, qui a choisi le VTC pour « être son propre patron ». Et de déplorer ce qu'il considère comme une injustice : « Le gouvernement nous impose des restrictions et laisse Uber faire ce qu'il veut avec UberPop. On passe pour les imbéciles de l'histoire. » Pour lui, aucune hésitation : « S'ils autorisent UberPop, je vends ma voiture, achète une 307, enlève mon costume, et je m'y mets aussi. » Le contact est bien passé, mais je doute de l'intérêt du VTC pour le cas d'une commande immédiate...

    VIDEO. Nos reporters ont fait le test

    UberPop, le moins cher

    Type de voiture : 207 Peugeot.

    Prix : 42 â?¬.

    Temps (attente + trajet) : 3 minutes + 47 minutes.

    Moyen de paiement : prélèvement sur le compte bancaire grâce à l'application smartphone.

    « Vous êtes sur les marches de l'Opéra ? Ne bougez pas, j'arrive dans une minute. » La commande est ultrarapide. Deux minutes sur l'application UberPop, téléchargée la veille, et dans laquelle j'ai enregistré mes coordonnées bancaires. Et effectivement, à peine une minute plus tard, la Peugeot 207 grise décrite sur l'application se gare juste devant moi.

    Le « Facebook de la mobilité »

    Hassan*, la trentaine et un large sourire, m'invite à monter : « Devant, si ça ne vous dérange pas, pour ne pas se faire repérer par les taxis. » La scène me rappelle l'auto-stop de ma jeunesse. Sauf qu'à défaut d'un pouce levé au bord de la route, j'utilise mon smartphone. La conversation s'engage rapidement sur la polémique avec les taxis. « Je les comprends, admet Hassan. UberPop leur fait une nouvelle concurrence. Mais ils devront s'adapter, car c'est l'avenir : c'est le Facebook de la mobilité ! » Hassan a travaillé pendant sept ans comme commercial pour une grande marque de vêtements, avant de subir un licenciement économique. Sur les conseils de son frère, il a pris le statut d'autoentrepreneur et propose ses services à UberPop. « La sélection n'est pas si facile, précise-t-il. On passe une formation sur Internet et une épreuve de QCM. J'ai un bac + 4 et j'ai pourtant échoué deux fois avant de réussir. » UberPop demande également un extrait de casier judiciaire et prend en charge le surcoût d'assurance pour le transport de passagers. Conclusion : après deux semaines, et quelque 140 courses, Hassan est ravi de l'expérience. « C'est juste en attendant de retrouver un boulot. Ã?a me permet de ne pas décrocher de la vie active et de rencontrer des gens. Beaucoup me disent d'ailleurs en avoir marre de galérer avec les taxis. » Après quarante-sept minutes d'un trajet sympathique, me voici à l'aéroport de Roissy, ma destination. Aucune transaction, puisque ma carte est débitée directement. Juste une bonne poignée de main. * Le prénom a été changé.

    Le taxi, ex aequo avec le VTC pour le tarif

    Type de voiture : Citroën C5 noire, d'une propreté impeccable.

    Prix de la course : 48,20 â?¬.

    Temps : aucune attente pour la prise en charge ; parcours 41 minutes.

    Moyen de paiement : carte bleue (à partir de 15 â?¬).

    Pas besoin de héler mon taxi. Contrairement à un vendredi ou samedi soir, lorsque dénicher un taxi libre dans les rues de Paris relève de l'exploit, une dizaine de voitures patientent devant la borne des taxis. La première est une Citroën C5 noire. A l'intérieur, tout est en cuir, impeccable. Au volant, Abdelazim*, 63 ans. Marié deux fois, père de sept enfants, ancien soudeur, il est devenu chauffeur de taxi. C'était il y a huit ans, après un licenciement économique. Il est aujourd'hui locataire d'une licence de taxi auprès d'une petite société, un statut à mi-chemin entre artisan taxi (à son compte) et salarié. « C'est peut-être pas la meilleure idée que j'ai eue, sourit-il. Le métier est en train de mourir. »

    Conduite tout en douceur, slalom entre les vélos et les camions et utilisation des couloirs de bus, Abdelazim se faufile dans les rues parisiennes sans l'assistance d'un GPS. « Depuis l'arrivée des VTC et d'UberPop, mon chiffre d'affaires a diminué de 30 à 40 %. Je ferai grève jeudi. Il faut se battre contre cette concurrence déloyale. Je dois gagner 250 â?¬ par jour pour toucher le smic en fin de mois. C'est pas une vie », dépeint cet homme affable d'une voix posée. Place de Clichy, porte de Saint-Ouen, périphérique et autoroute A 1, l'aéroport est en vue.

    Il comprend le désamour des clients

    « Tout le monde peut travailler. Mais il faut respecter les règles. Ni les VTC ni UberPop ne le font et l'Etat reste les bras croisés. » L'homme est aussi très critique envers sa profession : « Certains chauffeurs refusent de prendre les petites courses, d'autres ne veulent pas s'équiper de boîtier pour les cartes bleues -- sinon ils ne pourraient plus faire du black ! -- et d'autres présentent mal. Pas étonnant qu'on soit une profession mal aimée. Mais dans trois mois, tout ça sera derrière moi. Je serai à la retraite. » * Le prénom a été changé.

    QUESTION DU JOUR. Les pouvoirs publics doivent-ils être plus sévères contre UberPOP ?

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