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Réactions

Après l'attentat, des politiques entre récupération et blagues douteuses

De la loi renseignement à la «cinquième colonne» islamiste en France, l'attaque de l'usine de l'Isère a été prétexte à quelques sorties polémiques de politiques sur le réseau social.
The mayor of Nice Christian Estrosi gives a press conference after a meeting with French Interior Minister on January 16, 2015 at the Ministry in Paris. French Interior minister Bernard Cazeneuve announced 12 persons have been arrested during the night for being suspected to have provided a "logistical support" to homegrown Islamists who killed 17 victims of a three-day killing spree the week before. AFP PHOTO / KENZO TRIBOUILLARD (AFP)
publié le 26 juin 2015 à 13h51
(mis à jour le 26 juin 2015 à 15h32)

L'attaque de ce matin en Isère n'a pas manqué de faire réagir à (très, voire trop) chaud politiques de tous bords sur les réseaux sociaux, et en particulier Twitter.

Si la plupart des réactions, de droite comme de gauche, font naturellement preuve d'empathie et de respect à l'égard des victimes et de leurs familles, appelant à l'unité nationale en de telles circonstances, d'autres n'ont pas tardé à virer à la récupération politique ou au nauséabond, parfois les deux.

La sempiternelle cinquième colonne

A droite, le député-maire de Nice Christian Estrosi n'a pas pu s'empêcher de recaser son expression fêtiche, celle de «cinquième colonne» (sous-entendu islamiste), en écho à ses propos de fin avril lorsqu'il estimait qu'à l'aune de «la troisième guerre mondiale» déclarée à la «civilisation judéo-chrétienne» par «l'islamo-fascisme», la France devait désormais faire face à des «cinquièmes colonnes islamistes», évoquant des réseaux «infiltrés dans nos caves, dans nos garages, dans les lieux clandestins».

Nadine Morano, n'a pas hésité à lui emboîter le pas, n'en déplaise aux «naïfs».

La loi renseignement justifiée

A peine adoptée définitivement par le Parlement, la loi Renseignement se voit ainsi pleinement justifiée aux yeux du lucide Eric Ciotti.

La droite n'a pas le monopole de ce raisonnement, mais elle a le mérite de l'assumer, contrairement à Christophe Castaner, député PS des Alpes-de-Haute-Provence, qui a préféré effacer un tweet au contenu similaire. Heureusement, une capture d'écran n'est jamais bien loin :

Rappelons que l’homme arrêté ce matin en Isère avait été fiché en 2006 pour radicalisation -une fiche non renouvelée en 2008- et n'avait pas de casier judiciaire d'après le ministère de l'Intérieur.

La faute à Hollande

Gilbert Collard, l'avocat et député FN du Gard, ne pouvait pas manquer de critiquer les pouvoirs publics, avec un trait d'humour sur Hollande du meilleur goût.

Collard écrit également : «Cazeneuve se rend sur place;cela change quoi qu 'il aille sur place...». Gageons que l'absence du ministre de l'Intérieur aurait inspiré une pique du même acabit.

L'appel à l'intervention armée au Moyen-Orient

Bruno Le Maire, le député LR de l'Eure, s'est fendu d'un message en vidéo dont l'objectif est clair : bander les muscles et faire preuve d'autorité. C'est bien simple, à côté de la vidéo de Le Maire, le communiqué de Nicolas Sarkozy fait presque Bisounours. Dans sa vidéo, Le Maire demande «que la diplomatie française prenne l'initiative d'une résolution au Conseil de sécurité des Nations Unies appelant au recours à la force contre Daesh et contre l'islamisme radical en Syrie». Et d'ajouter : «nous ne pouvons pas laisser la Syrie devenir le sanctuaire et la base arrière de l'islamisme radical au Moyen-Orient». Auparavant, Le Maire avait déclaré que la réponse à la barbarie terroriste «passera également par l'arrestation, la condamnation, l'incarcération ou l'expulsion de tous les islamistes radicaux présents sur le sol français».

Prédictions foireuses

Le maire de Béziers soutenu par le FN entendait anticiper la présentation du suspect. Quelques minutes plus tard, le terme de terroriste était pourtant bel et bien prononcé par François Hollande.

Pierre Gentillet est le président des Jeunes de la Droite populaire, la mouvance Jeune du courant Droite populaire du parti LR. Et nous propose une belle démonstration de finesse.

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