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CENTENAIRE 14-18

Première Guerre mondiale : des photos inédites du front exposées au centre Lens' 14-18

Le tout nouveau centre d'histoire Guerre et Paix de Souchez, dans le Pas-de-Calais, consacre une large place à la photographie. De nombreux clichés inédits témoignent notamment de l'extrême violence de la mort des combattants sur le front.

L'enterrement d'un soldat du 237e régiment d'infanterie, près de Bouvigny, dans le Pas-de-Calais, en janvier 1915.
L'enterrement d'un soldat du 237e régiment d'infanterie, près de Bouvigny, dans le Pas-de-Calais, en janvier 1915. Collections BDIC
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Un bâtiment posé comme une grande boîte noire au pied de la colline de Notre-Dame de Lorette. Des couloirs sombres et des salles sans fioritures. Le centre Lens’ 14-18 de Souchez, dans le Pas-de-Calais, se voulait austère dans sa conception. En entrant dans ce nouveau musée consacré à la Grande Guerre, le visiteur est tout de suite plongé dans la brutalité et le carnage des combats.

Sur les murs, ce sont surtout les photographies qui marquent le visiteur. Dans la toute première section du musée, un cliché montre des dizaines de corps alignés, à même le sol. "Ce sont des tirailleurs sénégalais qui venaient d’arriver de Marseille en train. En octobre 1914, on les a mis devant Arras pour tenter d’arrêter l’avancée allemande et plus de 250 d’entre eux ont été fauchés en quelques minutes", raconte l’historien Yves Le Maner, l’un des artisans du musée et membre du comité scientifique de la Mission du Centenaire. Un peu plus loin, d’autres photos sont tout aussi éloquentes : ici, des poilus qui posent fièrement devant des cadavres ennemis, semblable à des trophées de chasse. Là, des dépouilles d’Australiens regroupées par les Allemands après l’offensive meurtrière de Fromelles [Nord-Pas-de-Calais] en juillet 1916.

Visite du musée de Souchez

À l'inverse des nombreux musées qui puisent surtout dans des documents officiels aseptisés pour constituer leurs collections, le centre de Souchez montre sans filtre l’extrême violence des combats. Un témoignage brut et sans fard, parfois difficilement supportable. "Ce n’est pas une cruauté infligée aux visiteurs, mais une nécessité de prendre conscience de ce qu’a été la guerre sur le sol européen entre 1914 et 1918", précise Yves Le Maner, avant de poursuivre : "Il faut se rappeler que c’est une génération entière qui a été fauchée à l’époque. Plus de 1,4 millions de morts en France sur une population de 40 millions. Cela a été un choc terrifiant".

"Une telle débauche de violence"

À l’époque, la presse, au service de la propagande, n’a que peu relayé ce "choc", elle ne montrait pas les corps sans vie des soldats "pour ne pas traumatiser la population". Et durant des décennies, les photographies prises par les combattants sont restées dans des tiroirs ou au fond des greniers. "Les soldats ne les ont pas montrés. Ils avaient le sentiment d’être au centre d’une telle débauche de violence qu’ils préféraient les garder entre eux, entre anciens combattants. Pour eux, ceux de l’arrière ne pouvaient pas comprendre", explique Yves Le Maner.

C’est en grande partie dans ces clichés "amateurs" que l’historien a constitué la collection du centre Lens’ 14-18. Il a sélectionné 350 photographies sur plus de 5 000 rassemblés par ses soins : "Elles viennent de fonds du Canada, d’Australie, de Nouvelle-Zélande, du Royaume-Uni ou encore de France". "Ce sont des documents qu’on n’a pas l’habitude de voir […], poursuit l’historien. Les combattants ont eu immédiatement conscience d’assister à quelque chose d’inédit et à une violence sauvage. Ils ont vu qu’une civilisation qui était en grand progrès envoyer une génération complète vers la mort de masse".

Des photographies présentes dans le musée Lens'14-18

Des hommes soudés

Mais, si Yves Le Maner a voulu montrer cette guerre dans toute son abjecte réalité, il s’est toutefois imposé certaines limites. Sur les murs du musée, pas de photographies de corps démembrés. "Il en existe à ma connaissance cinq sur des millions […]. J’aurais pu montrer ces cinq-là, mais je ne l’ai pas fait, car dans leur majorité, les combattants eux-mêmes ont choisi de ne pas les photographier. Elles sont insoutenables", explique-t-il

Un cliché émeut tout particulièrement ce fin connaisseur de la Grande Guerre : celui de soldats français du 237e régiment d’infanterie qui se recueillent près d’un corps dans un bois près de Bouvigny, à quelques kilomètres du centre Lens’ 14-18 : "[Ces hommes] sont soudés. Ils se font fait des promesses et la première d’entre elle, c’est celle d’enterrer un camarade s’il meurt. C’est un document magnifique".

Des photographies sur "les morts" dans le fond Valois de la BDIC sur le Pas-de-Calais

 

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