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Les banques françaises se verdissent avant la grande conférence sur le climat

•Le Crédit Agricole a annoncé lors de son assemblée générale qu'il ne financerait plus les mines de charbon.•Natixis est la dernière à bannir le financement de l'exploitation minière au sommet des montagnes américaines.

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Par Sharon Wajsbrot, Véronique Chocron

Publié le 30 juin 2015 à 01:01

Plusieurs banques françaises ont décidé en 2015 de regarder de plus près leurs financements dans le charbon. A cinq mois de la conférence de Paris sur les changements climatiques, qui veut impulser la transition vers des économies sobres en carbone, des engagements concrets ont été pris. « La COP 21 a un effet accélérateur qui permet de mettre le sujet à l'agenda de la direction générale », reconnaît Laurence Pessez, déléguée à la RSE chez BNP Paribas.

Le Crédit Agricole vient de faire un grand pas, en annonçant lors de son assemblée générale qu'il cessera désormais de financer les mines de charbon et les exploitants spécialisés dans cette activité. Le groupe mutualiste est la deuxième banque au monde à agir ainsi, après Bank of America, qui a décidé en mai dernier de réduire ses crédits aux entreprises de mines de charbon à travers le monde. « Le charbon, enjeu essentiel dans la lutte contre le changement climatique, est devenu un risque majeur. Il est encore mal apprécié par le marché, mais notre rôle est de nous prémunir de ce risque et de permettre à nos clients de s'en préserver, explique Stanislas Pottier, directeur du développement durable chez Crédit Agricole SA. S'engager dans cette voie a bien sûr des implications commerciales et veut dire que nous renonçons à certains contrats et certains clients ». La banque affirme avoir également été pionnière en publiant dès 2012 l'empreinte carbone de tous ses financements.

Natixis a également pris un engagement fort en assemblée générale : arrêter de financer l'exploitation minière du charbon au sommet des montagnes, une technique utilisée aux Etats-Unis, plus particulièrement dans les Appalaches (Mountain Top Removal). La filiale de BPCE est la dernière des grandes banques françaises à se désengager de ce mode d'extraction, qui soulève de nombreuses critiques. Natixis est également décidé à ne plus financer l'extraction du charbon, même si cet engagement n'a pas été formalisé.

Mix énergétique

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D'autres banques privilégient une approche plus souple. « Dans certains pays émergents, il y a des problématiques cruciales d'accès à l'énergie et parfois il n'y a pas d'alternatives au charbon, nous ne pouvons pas exclure cette énergie a priori », souligne ainsi le responsable RSE d'une banque française.

La Société Générale promeut, de son côté, une approche de mesure des impacts positifs et négatifs sur l'environnement de ses financements énergétiques pour optimiser peu à peu son portefeuille. A fin 2014, les financements dans les énergies renouvelables - dont elle fait sa priorité - représentaient 60 % de ses nouveaux financements accordés pour la production d'électricité. Avec une logique similaire, BNP Paribas se concentre sur la mesure de son mix énergétique. Pour l'heure, les projets dans le charbon représentent 23,5 % de son portefeuille de financements dédiés à l'énergie.

Pour aller plus loin et prendre des engagements chiffrés, BNP Paribas et Société Générale veulent se laisser encore un peu de temps. Cette année, BNP Paribas a mis sur pied un groupe de travail, qui sous la supervision de Michel Konczati, directeur général adjoint, doit tester l'impact des scénarios de réchauffement climatique sur ses portefeuilles et aboutir à une stratégie dans le financement d'énergies à la fin de l'année. De son côté, Société Générale envisage de publier des engagements d'optimisation de son portefeuille de financement énergétique d'ici à la fin de l'année.

Outre la COP 21, les banques agissent aussi sous la pression médiatique des ONG. Pour mémoire, Attac et les Amis de la Terre avaient multiplié les manifestations devant les agences de Société Générale pour convaincre la banque de renoncer à son mandat de conseil dans le projet minier Alpha Coal en Australie. L'établissement s'y est finalement résigné fin 2014. « Il est plus efficace pour les ONG de s'en prendre aux banques que d'aller convaincre les entreprises une à une, il y a un effet prescriptif », souligne un banquier français.

Véronique Chocron Sharon Wajsbrot

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