Salaires : le grand écart entre patrons de grosses PME et ceux du CAC 40

Selon une étude réalisée par 24 cabinets d'audit et d'experts-comptables, les rémunérations des dirigeants de grosses PME cotées sont en moyenne quatre fois moins importantes que celles du CAC 40.

Illustration. Les écarts de salaires entre homme et femme atteignent en moyenne 25%. 
Illustration. Les écarts de salaires entre homme et femme atteignent en moyenne 25%.  LP/Frédéric DUGIT

    On peut être grand patron et ne pas avoir la folie des grandeurs question émoluments. Pour la septième année consécutive, l'Observatoire ATH (regroupant 24 cabinets d'audit et d'expertise comptable) vient de passer au crible les rémunérations de grosses entreprises cotées mais ne faisant pas partie du CAC 40, l'indice regroupant les quarante plus grosses capitalisations de la Bourse de Paris.

    Dans les rangs de ce classement, peu de stars même si les sociétés qui y figurent sont parfois très connues du grand public : TF  1, Sodexo, Gaumont, Mr Bricolage, Bic, SEB et encore Casino.

    Premier constat : ces quelque 400 manageurs -- représentant un échantillon de 150 sociétés cotées à l'exclusion, donc, de celles du CAC 40, des banques et des compagnies d'assurance -- gagnent beaucoup moins d'argent que leurs homologues du CAC, de 223 000 â?¬ à 562 000 â?¬ en moyenne en 2014, selon la taille des entreprises.

    Ces sommes incluent la partie fixe (comme les salaires) autant que celles variables et exceptionnelles (stock-options, bonus...), les jetons de présence et les avantages en nature. Ces montants sont bien loin en tout cas des 2,267 Mâ?¬ perçus en moyenne par leurs « grands frères » du CAC (voir infographie ci-dessous).

    Des hausses importantes pour les patrons du CAC 40

    La différence varie d'un à quatre environ. Un écart d'ailleurs amplifié l'an dernier par la baisse des rémunérations de 1 à 2% observée chez les premiers alors que les seconds augmentaient la leur de 4 % en moyenne en un an. A noter qu'un quart seulement des dirigeants de ces sociétés du middle market bénéficient d'options et/ou d'actions ou bien encore d'indemnités de départ, de primes de non-concurrence et de retraites supplémentaires. La plupart de ceux qui profitent de ces bonus dirigent d'ailleurs les plus grosses sociétés, celles dont le chiffre d'affaires moyen est de 2,8 Mdsâ?¬.

    Et les dirigeantes de ce panel, quelle place occupent-elles ? Leur proportion n'a pas bien changé depuis 2011, année où l'observatoire s'était penché la première fois sur le sujet. Parmi les 401 dirigeants du classement, on ne compte que... 25 femmes ! Un nombre quasi stable depuis 2011 (25 cette année-là, 22 en 2012 et 27 en 2013). L'observatoire n'a recensé qu'une seule femme présidente de conseil d'administration, quatre directrices générales, douze DG déléguées et huit membres de directoire. Et, malheureusement sans surprise, leurs rémunérations restent toujours inférieures à celles des hommes.

    En 2014, leurs gains -- hors actions -- ont représenté 92% de ceux de leurs collègues masculins. La bonne nouvelle, c'est qu'un certain rattrapage a eu lieu : il y a quatre ans, leurs rémunérations ne représentaient encore que 66% de celles des hommes, 59% en 2012 et 69% l'année dernière. « Si cet écart tend nettement à se réduire avec les hommes, concède Laure Saludes de l'association ATH, il convient de rester prudent sur l'analyse comparative compte tenu du faible nombre de femmes de l'échantillon », modère-t-elle. Bref, la réduction de l'écart salarial entre les hommes et les femmes, ce n'est pas gagné !