Le parquet général russe dit enquêter sur la légalité de l’indépendance des trois pays baltes

En raison du poids de l’histoire et de la présence, sur leur sol, de minorités russes, les trois pays baltes (Estonie, Lituanie et Lettonie) des intentions de la Russie à leur égard, surtout après l’annexion de la Crimée en mars 2014. D’où les mesures de « réassurance » décidées par l’Otan, l’annonce du stockage de matériels militaires américains ou encore la hausse importante de leurs dépenses militaires.

Mais ces pays n’ont pas fini de s’inquiéter. Le 30 juin, le parquet russe a en effet annoncé être en train d’étudier la légalité de la décision des responsables de l’Union soviétique d’accorder leur indépendance en 1991.

Pour rappel, la Lituanie, l’Estonie et la Lettonie obtinrent leur indépendance dans la douleur. En janvier 1991, l’URSS leur envoya ses troupes pour « restaurer l’ordre public ». Mais « l’échec du pustsh de Moscou », en août de la même année, permit de régler la question, avec la reconnaissance de leur indépendance quelques semaines plus tard.

C’est donc sur cette période que planche actuellement le parquet général russe, à la demande des députés de la Douma (chambre basse du Parlement). « Cette demande est en train d’être étudiée conformément à la loi russe », a indiqué un porte-parole, rapporte l’AFP.

Déjà, à la mi-juin, deux députés du parti Russie Unie (au pouvoir) indiquèrent avoir demandé au procureur général de Russie d’étuder la légalité de la création du Conseil d’État de l’Union soviétique, en septembre 1991, soit après le putsch de Moscou et l’éclatement, trois mois plus tard, de l’URSS. Et c’est justement cette instance qui prit l’initiative de reconnaître l’indépendance des pays baltes.

« Cet organe a pris nombre de décisions qui ont porté un énorme préjudice à la souveraineté, la sécurité nationale et la capacité défensive », avaient fait valoir ces deux députés.

Saisi par un autre député, le parquet général russe a déjà qualifié d’illégale la décision prise en 1954 de rattacher la Crimée à l’Ukraine, la semaine passée, au motif que le Conseil de l’URSS n’avait pas le droit de modifier les territoires des républiques soviétiques en raison de motifs d’ordre constitutionnel.

Cela étant, le gouvernement russe a affirmé ne pas être au courant de l’enquête concernant l’indépendance des États baltes, qui font maintenant partie de l’OTAN et de l’Union européenne. « Je n’ai pas entendu parler d’une telle demande. Je ne sais qu’une chose, c’est que nous avons des relations diplomatiques avec les pays baltes », a seulement déclaré Sergueï Lavrov, le ministre des Affaires étrangères.

La présidente de la Lituanie, Dalia Grybauskaite, a vivement réagi à l’annonce du parquet général russe. « Notre indépendance a été obtenue par le sang et avec les sacrifices du peuple lituanien. Personne n’a le droit de la menacer », a-t-elle lancé dans un communiqué. Son chef de la diplomatie, Linas Linkevicius, a parlé de « provocation »… « pour ne pas dire plus ».

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