On pourra bientôt programmer des objets

Des meubles qui s’assemblent eux-mêmes, des pneus qui ajustent leur adhérence quand la route est mouillée, une matière qui libère des médicaments dans votre corps juste quand il en a besoin... Et si on pouvait programmer des objets pour qu’ils s’adaptent à leur environnement, tout comme on programme nos ordinateurs ?

Après tout, le principe existe déjà dans la nature. Quand les fleurs se tournent vers le soleil, ou que les molécules s’assemblent pour former des cristaux, aucune machinerie externe n’intervient. En fait, structure et forme sont intégrées dans les propriétés de la matière. Miracle de la nature.

L'impression 4D

« Nous pensons qu’il est désormais possible de programmer à peu près n’importe quelle matière pour qu’elle change de forme ou de propriétés », assure Skylar Tibbits au site FastCompany. Le directeur du Self-Assembly Lab au MIT est convaincu que le code va devenir le « langage de la matière », tout comme il est aujourd’hui celui de nos machines.

Pour Skylar Tibbits, les matériaux intelligents vos modeler notre future, et cela porte un nom : l'impression 4D. Il s'agit de l'impression 3D à laquelle on ajoute la dimension de temps. Depuis 2013, il travaille avec de « vrais » matériaux : fibre de carbone, bois, textiles etc.

La chaise qui se fabrique elle-même

Skylar Tibbits a par exemple créé un composite de bois qu’il peut imprimer en 3D, à plat, avec des sillons personnalisés. En fonction de la forme de ces sillons, le bois va se plier en différentes formes, dès qu’il entrera en contact avec de l’eau. Donc un jour, nous pourrions recevoir par la poste une chaise toute plate, et la laisser prendre forme toute seule à la maison.

« Nous en sommes à la première phase, nous débutons la deuxième, et n’avons qu’effleuré la troisième », note Hod Lipson, directeur du Creative Machines Lab de l’université de Cornell. La première phase était de contrôler la forme d’un matériaux : c’est l’impression 3D. La deuxième phase, en cours, consiste à contrôler les propriétés de la matière : c’est l’impression 4D. Reste la troisième étape : contrôler le comportement de cette matière.

Le robot sortirait tout seul de l’imprimante

Hod Lipson a déjà créé un haut-parleur rudimentaire capable de fonctionner dès la sortie de l'imprimante 3D. Les fils électriques avaient été imprimés avec de l'encre faite d'argent, et l'aimant avec une forme visqueuse de céramique ferromagnétique. Dans un futur proche, il n'exclut pas de pouvoir faire pareil avec un robot qui pourrait sortir lui-même de l'imprimante, puisque les batteries auraient déjà été intégrées.

Une fois que toute cette technologie sera au point, ses applications seront illimitées, allant de la nano molécule aux meubles sur lesquels Skylar Tibbits travaille. « On peut repenser entièrement nos produits. On peut repenser comment nous les fabriquons, comment nous les expédions, et comment ils s’adaptent à l’utilisateur », prédit-il.