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Qui sauvera l’Afrique de l’Etat islamique ?

L’attentat de Sousse, qui a fait 38 morts le 26 juin, doit interpeller les Africains sur la nécessité de se préparer à répondre à la menace de Daech qui pèse lourdement sur le continent.

Publié le 06 juillet 2015 à 19h31, modifié le 07 juillet 2015 à 11h12 Temps de Lecture 2 min.

Le 3 juillet 2015, lors d'une cérémonie sur les lieux de l'attentat du 26 juin à Sousse.

En Tunisie, le « terrorisme publicitaire » (selon le terme du sociologue Gérard Chaliand) cherche à faire peur et à installer le chaos. Il s’agit d’un projet de freiner la route du pays vers une démocratie moderne qui doit être un modèle au Maghreb. L’organisation de l’Etat islamique (EI) cherche à saper le processus de normalisation du seul pays du printemps arabe qui a transformé l’essai de la révolution par un tournant démocratique.

Nous sommes en face d’un défi auquel il faut opposer la culture, l’intelligence collective, la démocratie et la dignité d’un peuple qui tient à achever sa révolution. Il faut que les Tunisiens opposent au terrorisme djihadiste l’unité et la rage de rester un peuple debout.

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Le président tunisien vient de décréter l’état d’urgence face à un « danger imminent ». Sans juger de l’opportunité de cette mesure, notamment eu égard aux informations dont disposent les autorités du pays sur l’ampleur de la menace djihadiste, il convient tout de même de souligner que le terrorisme ne doit pas annihiler les sacrifices de la révolution du jasmin.

Dans un contexte de débat sur une nouvelle loi antiterroriste, il ne faut pas que la menace djihadiste soit un motif pour le pays de revenir à un Etat policier fossoyeur des libertés individuelles. Justement le paradigme doit changer : le terrorisme doit être un facteur déterminant d’élargissement de la liberté d’expression, de l’Etat de droit et de la démocratie plurielle.

Mais au-delà du cas tunisien, l’islamisme radical théorisé par l’EI vise toute l’Afrique, en tout cas dans ses zones les plus perméables à la menace : le Nord, l’Est et la bande sahélienne, nid de multiples groupuscules mafieux. L’Afrique doit venir au chevet de la Tunisie. Par solidarité mais aussi par nécessité stratégique et géopolitique.

« La charia seule gouvernera l’Afrique » fut, en mars, le titre du magazine de propagande de l’Etat islamique. La Tunisie est ainsi une porte d’entrée pour le terrorisme djihadiste dans son projet d’établissement d’un foyer tyrannique en Afrique. C’est cette stratégie que les affidés d’Al Bagdadi sont en train de mettre en œuvre avec toute la barbarie qui la caractérise.

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La violence des attaques de l’EI, dans le Sinaï, face à l’expérimentée armée égyptienne, renseigne justement sur sa puissance de feu et sa détermination à mener une guerre ouverte aux autorités du Caire. Tout le Maghreb est menacé. Le Sahel, déjà très fragile, est une cible majeure pour les djihadistes dont le projet totalitaire est limpide.

Le contingent de 3 000 Tunisiens dans les rangs de l’EI en Syrie et en Irak, le bourbier libyen, le non-Etat somalien, la fragilité kényane, l’allégeance de Boko Haram à Al Bagdadi, l’incertitude malienne, les récents attentats suicides au Tchad… sont de sérieux révélateurs de cette guerre longue, âpre et coûteuse en vies que l’Afrique sera appelée à mener contre l’internationale djihadiste. Surtout quand en face, l’ennemi est très mobile et donc difficilement localisable.

Cette guerre sera sanglante et charriera de nombreuses victimes. Mais il faut la mener, car elle est nécessaire. L’organisation de l’Etat islamique lance un défi qu’il faut relever. Les démocraties n’ont pas le droit au renoncement sur des principes qui fondent leur commun vouloir de vie commune.

Hamidou Anne est membre du think tank L’Afrique des idées

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