Juin 2015, le mois de folie de la French Tech

En juin, l'écosystème français des start-up a sans doute connu sa meilleure semaine. Ce n'est pas nous qui le disons mais le site américain Venture Beat. Allons plus loin : la French Tech a même vécu son meilleur mois, avec des bonnes nouvelles à la pelle. Et puisqu'elles ne sont pas si fréquentes pour l'économie française, il faut les savourer à leur juste valeur. En 5 points.

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Juin 2015, le mois de folie de la French Tech
Le coq de la French Tech sur la place Kléber de Strasbourg, imaginé par l'agence Amopix

1 – Des levées de fonds en pagaille

Pas un jour de juin, ou presque, sans qu'une levée de fonds significative d'une start-up française soit annoncée. 3 millions d'euros pour Squadrone Systems (inventeur du drone Hexo+ capable de suivre automatiquement celui qu'il filme), 6,3 millions d'euros pour Snips (spécialiste de l'intelligence artificielle), 7 millions de dollars pour Sketchfab (impression 3D), 8 millions pour La Ruche qui dit oui (consommation collaborative), 10 millions d'euros pour Qovisio (concurrent de Sigfox), le même montant pour Molotov (une interface révolutionnaire pour la télévision), 20 millions pour Devialet (systèmes audio), 25 millions pour Actility (opérateur du réseau IoT LoRa) , la même somme pour le groupe Gorgé (impression 3D), 28,4 millions d'euros pour Aledia (LED 3D)... les belles opérations se sont succédées. Les groupes français se mettent même à investir massivement dans les start-up : la SNCF a par exemple acquis la majorité du capital de Ouicar pour 28 millions d'euros. Les géants étrangers aussi : Samsung est par exemple entré au capital de la pépite Sigfox.

Toutes ces opérations font du mois de juin un mois quasi historique de par le nombre d'opérations et les montants levés, comme le constate le fonds d'investissement Jaina.

2 – Des géants du numérique qui investissent en France

En quelques semaines, plusieurs groupes étrangers ont annoncé leur volonté d'investir en France. Facebook et Samsung vont ouvrir deux bureaux de R&D à Paris, avec des équipes modestes, mais le symbole est important. Salesforce va également continuer à investir en France, et de façon bien plus massive : il ambitionne de faire naitre un écosystème de 3,3 milliards de dollars, en créant un centre de R&D et un datacenter. Intel a lui aussi choisi la France pour implanter son premier labo de recherche européen dédié au Big Data. Et Bosch va ouvrir un centre de R&D sur le véhicule autonome à Sophia-Antipolis.

3 – Le Déclin du French Bashing

Outre Venture Beat, d'autres médias étrangers ont remarqué le regain de forme de la France et le french bashing se fait plus rare dans les médias étrangers. Le New-York Times, qui publiait en mars 2014 un pamplet sur la fuite des talents français à l'étranger (titré "Au revoir, entrepreneurs", en français dans le texte) salue désormais "un territoire fertile pour les start-up" (malgré un chômage élevé, tempère-t-il). The Economist, qui a dans le passé élevé le French bashing au rang d'art (avec des unes choc en 2012 et 2014), a consacré un dossier à la réinvention de Paris, mué en "start-up city". Un média anglais spécialisé dans l'électronique se demande même si les Britanniques doivent copier la French Tech pour reconquérir leur trône perdu. Tout arrive !

4 – Un écosystème rassemblé

Tout le monde a gagné, ou presque. Axelle Lemaire a choisi... de ne pas choisir, au moment de constituer la liste finale des métropoles French Tech, et de ne pas casser la dynamique engagée. La liste finale comporte finalement 18 villes (sur les 23 candidates), pour ne pas heurter de susceptibilités régionales. Une sorte de "deuxième division" a même été créée pour ne braquer personne, et permettre à l'Alsace, par exemple, d'être labellisée, comme sa voisine la Lorraine, et éviter une guerre de clochers… Même Angers, qui a déposé son dossier à la toute dernière minute, a eu son label, grâce à l'intervention de François Hollande.

Ces ultimes arbitrages, s'ils vont à l'encontre de la volonté de départ (afficher une équipe numérique resserrée, pour éviter le saupoudrage) a le mérite de permettre à la France du numérique d'avancer rassemblée. Même les entrepreneurs exilés à l'étranger (d'habitude les plus prompts à critiquer leur terre d'origine) peuvent rejoindre le mouvement en créant des "hubs" French Tech à l'étranger. Après New-York, d'autres dossiers sont dans les tuyaux.

5 – Les Français armés dans la bataille mondiale des objets connectés

Après Sigfox, qui "aimerait être le "S" des GAFA" selon son PDG (rien que ça), d'autres start-up font émerger une "French Tech Connexion" des objets connectés. Actility, l'un des artisans du réseau LoRa, est sorti de l'ombre en levant 25 millions d'euros, tout comme Qowisio, qui a levé 10 millions d'euros. Tous les trois inventent les réseaux de demain pour l'internet des objets, et même s'il n'y aura sans doute pas la place pour trois acteurs, la France est pour le moins en bonne position sur le sujet. L'ouverture de la Cité de l'objet connecté d'Angers (qui héberge m2o city, autre standard émergent sur le smart city), et bientôt de l'IOT valley près de Toulouse, devraient amplifier ce mouvement.

Mais attention aux lendemains qui déchantent

Les images de "guerilla urbaine" entre taxis et VTC (pour reprendre les termes de Tech Crunch), le placement en garde à vue des dirigeants d'Uber (quoi que l'on pense du fond de l'affaire), voire même le vote de la Loi renseignement... tous ces signaux envoyés à l'étranger peuvent , en quelques heures, brouiller le travail de plusieurs années. La bataille de l'image est donc loin d'être gagnée et la tentation du "french bashing" peut resurgir à tout moment. Preuve de son succès, la French Tech a d'ailleurs ses "haters".

Le beau mois de juin des start-up françaises invite à l'optimisme, mais pas à un enthousiasme béat. D'autant plus que les levées de fonds des acteurs tricolores restent bien inférieures à celles de leurs homologues américaines ou asiatiques. Il faudra bien d'autre mois comme ce mois de juin 2015 pour que le mouvement "French Tech" imprime durablement sa marque.

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