Le japonais Toshiba empêtré dans un scandale

La direction de Toshiba, l’un des plus puissants conglomérats industriels japonais, est aux abois depuis qu’elle doit faire face à la mise à jour d’une vaste opération de maquillage de la comptabilité de plusieurs de ses filiales. Ce jeudi, les médias nippons assuraient que le groupe cherchait à enclencher rapidement une vague de cession d’actifs, et notamment à vendre une part de la société nucléaire américaine Westinghouse Electric dont il possède 87%, afin de renflouer ses finances au moment où il tente d’appréhender la taille exacte de ses erreurs comptables.

Le scandale a débuté en février dernier lorsqu’un cadre proche de la société a contacté, dans le secret, le régulateur boursier du pays, la “Securities and Exchange Surveillance Commission” (SESC), pour lui signaler des anomalies dans la taille des profits revendiqués par Toshiba depuis la fin des années 2010. Contraint d’enclencher une enquête interne, la direction de Toshiba a d’abord reconnu, en avril, que ses unités travaillant sur les infrastructures (chemins de fer, centrales électriques...) avaient surestimé leurs profits sur les exercices fiscaux allant d’avril 2009 à mars 2014. Puis, le groupe a révélé qu’une vingtaine de divisions, parmi lesquelles celles gérant les semi-conducteurs, les ordinateurs ou encore les téléviseurs, avaient probablement aussi “dopé” leurs performances annuelles.

Pour l’instant, Toshiba a reconnu une surévaluation de ses profits opérationnels de 54,8 milliards de yens (400 millions d’euros) sur cinq ans. Mais les médias nippons estiment qu’un audit définitif pourrait révéler une erreur portant sur près de 200 milliards de yens.

Un remaniement à la tête du conglomérat

Pour digérer ces malversations, Toshiba voudrait rapidement sécuriser la “levée” d’un montant de capitaux équivalent. Et une réduction de sa participation dans Westinghouse lui apparaîtrait comme l’une des cessions les plus aisées à activer. Toshiba avait dépensé 640 milliards de yens en 2006 pour prendre le contrôle de Westinghouse et doper sa présence sur le marché du nucléaire. En 2013, il avait encore déboursé 125 milliards de yens pour acquérir 20% supplémentaire du concurrent d’Areva. Mais, il a depuis, maintes fois, laissé entendre qu’il serait disposé à céder une part du groupe à “un partenaire”, tout en conservant au moins 51% de la société.

Si ces déboires risquent d’entraîner un remaniement à la tête du conglomérat, les analystes assurent que Toshiba encaissera sans difficulté une révision à la baisse de ses profits passés. “Les activités de mémoires NAND ne sont pas affectées et ce sont elles qui génèrent la plus grosse part des bénéfices du groupe”, rappellent les analystes de Bernstein Research. Cette seule activité devrait, selon leurs projections, représenter 73% des profits opérationnels de la société sur l’exercice en cours.