Tsipras : "J'ai signé un accord auquel je ne crois pas mais j'assumerai mes responsabilités"
"J'assume mes responsabilités pour toute erreur que j'ai pu commettre, j'assume la responsabilité pour un texte auquel je ne crois pas mais que je signe pour éviter tout désastre au pays", a déclaré M. Tsipras lors d'une interview à la télévision publique grecque Ert.
- Publié le 14-07-2015 à 21h24
- Mis à jour le 14-07-2015 à 23h34

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a reconnu mardi soir que l'accord avec les créanciers pour un troisième plan d'aide financière était un texte auquel "il ne croit pas", mais qu'il "a signé pour éviter le désastre au pays".
"J'assume mes responsabilités pour toute erreur que j'ai pu commettre, j'assume la responsabilité pour un texte auquel je ne crois pas mais je le signe pour éviter tout désastre au pays", a déclaré M. Tsipras lors d'une interview à la télévision publique grecque Ert.
"Quand un bateau est en difficulté, le pire pour le capitaine est de l'abandonner", a-t-il martelé en excluant des élections anticipées car "il n'a pas l'intention d'échapper à ses responsabilités".
Alexis Tsipras s'exprimait à la veille du vote crucial au Parlement sur cet accord annoncé lundi à Bruxelles et qui est très mal accueilli par une partie de son parti de gauche radicale Syriza.
Il a déclaré par ailleurs "vouloir faire tout ce qu'il peut pour garantir l'unité du parti". "Ce n'est pas le moment pour des discussions idéologiques" mais de s'assurer de l'accord avec la zone euro.
Il a loué son partenaire de la coalition gouvernementale, Panos Kammenos, dirigeant du petit parti souverainiste Grecs Indépendants, qui l'a toujours soutenu malgré leurs différences idéologiques.
"Je suis sûr que certains se seraient réjouis si ce gouvernement était une parenthèse (politique)", a déclaré M. Tsipras. "C'est une grande responsabilité de ne pas plier", a-t-il ajouté.
Tsipras s'en prend au ministre allemand des Finances Schäuble
Alexis Tsipras a également confié que la nuit de l'accord, celle de dimanche à lundi, "a été une mauvaise nuit pour l'Europe", marquée par "une pression sur un peuple qui s'était exprimé lors du référendum". "La position des Européens était dure et vindicative", a-t-il dit.
Il s'est néanmoins réjoui du plan estimé à un montant entre 82 et 86 milliards d'euros de prêts sur trois ans que la Grèce peut obtenir si elle remplit les conditions imposées, et de l'engagement des créanciers de commencer à discuter de la dette grecque cette année. "C'est une combinaison qui doit faire éviter le Grexit (la sortie de la Grèce de l'euro, ndlr) et renforcer les investissement en Grèce", a-t-il espéré.
Le Premier ministre s'en est pris aux cercles conservateurs en Europe et au ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble en faveur "d'un plan B" pour la Grèce, c'est-à-dire la sortie du pays de l'euro.
"En aucun cas je n'aurais accepté ce plan" élaboré depuis mars, a dit Alexis Tsipras en révélant qu'il avait demandé "une étude sur les conséquences d'un +Grexit+" mais quand il l'a lu, il a jugé qu'il ne constituait pas "une solution alternative" pour la Grèce.
Il a estimé que le risque du Grexit existait toujours tant que l'accord avec la zone euro n'a pas été finalisé.
Interrogé sur la démission de l'ex-ministre des Finances Yanis Varoufakis, M. Tsipras l'a qualifié de "très bon économiste" mais pas forcement "un bon homme politique".
Quelles conséquences?
Les propos tenus par le Premier ministre grec ne sont pas une surprise étant donné la ligne politique qui est la sienne. Toutefois, Tsipras a pris un risque en les exprimant de cette manière car ils pourraient conduire à une rupture de confiance au sein de la zone euro. Plusieurs parlements doivent en effet marquer cette semaine leur accord sur la poursuite des négociations du troisième plan d'aide. Parmi ceux-ci, l'Allemagne et la Finlande, qui n'attendaient qu'à être rassurés par Athènes, risquent de se montrer encore plus frileux. D'autant que la confiance n'était pas rétablie à la fin des négociations marathon.
Les banques pourraient rester fermées encore au moins un mois
Alexis Tsipras a en outre laissé entendre mardi soir que les banques du pays, fermées depuis le 29 juin, pourraient le rester encore au moins un mois.
"L'ouverture des banques dépend de l'approbation de l'accord, qui aura lieu dans un mois", a-t-il constaté, arguant que "quand il y a un choc, il y a toujours la possibilité que les épargnants aillent retirer tout leur argent". Il a cependant espéré que "la BCE s'oriente vers la hausse de l'ELA (l'aide d'urgence qu'elle dispense aux banques grecques, ndlr), donc il y aura la possibilité de retirer plus", a-t-il estimé, alors que les retraits quotidiens sont limités à 60 euros actuellement aux distributeurs.