Michel Serres. « Pour créer, il faut un défaut »

Michel Serres sera de retour à la libraire Dialogues demain. (Photo DR)
Michel Serres sera de retour à la libraire Dialogues demain. (Photo DR)
Le philosophe et académicien Michel Serres sera de retour à la librairie Dialogues, demain, à 18 h. Il y présentera son 60e ouvrage, « Le gaucher boiteux : puissance de la pensée » (Éd. Le Pommier).

Michel Serres, votre dernier livre, « Petite Poucette », a été un vrai succès de librairie, avec 250.000 exemplaires vendus. La philosophie attire donc toujours un grand nombre de lecteurs ? J'ai eu beaucoup de chance dans ma vie. Il y a 50 ans, mon premier livre annonçait l'ère de l'information et de la communication. Dans « Le Contrat naturel », j'annonçais l'avènement de l'environnement. Je pense que la philosophie doit avoir un rôle d'anticipation. Dans « Petite Poucette », j'ai essayé d'avoir la vision la plus lucide sur la génération née en même temps que le portable et l'ordinateur personnel. Et « Le gaucher boiteux », c'est la suite de « Petite Poucette ».

Pouvez-vous résumer l'idée du « Gaucher boiteux » ? Mon message est simple : d'habitude, c'est toujours la fête de ceux qui gagnent. Dans les histoires américaines, celui qui innove est plutôt au-dessus qu'en dessous : Superman, le plus beau, le plus riche, le plus fort... Mais quand vous gagnez, vous obéissez aux lois. En réalité, pour innover, il faut boiter, il faut un défaut. Je prends souvent l'exemple de la tarte Tatin. Si les soeurs Tatins n'avaient pas commis une maladresse, elles n'auraient pas créé une nouvelle tarte.

À la fin de votre livre, vous évoquez le projet d'une philosophie de l'histoire. En général, ce qui manque aujourd'hui, c'est une vision lucide sur ce qui nous arrive et qui peut nous arriver dans le futur. Je pense qu'on a besoin de cette philosophie de l'histoire. Pour les détails, nous en reparlerons l'année prochaine.

Vous reviendrez, bien sûr, à la librairie Dialogues pour en parler aux Brestois ? Vous savez, je suis né dans le sud-ouest, donc je suis plutôt gascon. Mais Brest a été pour moi une grande découverte quand j'ai intégré l'École navale. Je fais partie de la génération qui a vu la ville avant la reconstruction. Je me souviens de la rue de Siam dans la boue, entourée de cabanes. Aujourd'hui, je suis un vieux Brestois d'honneur et je réponds toujours présent aux invitations de Charles Kermarec.

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