Turquie: éclatement du gouvernement après un scandale financier, Erdogan dénonce un complot
M. Bayraktar, en charge de l'Environnement, est le troisième ministre turc à démissionner mercredi après ceux de l'Economie et de l'Intérieur. Les têtes du gouvernement sont touchées par un scandale de corruption. Les ministres démissionnaires ont demandé au Premier ministre Erdogan de céder le flambeau également.
- Publié le 25-12-2013 à 13h27
- Mis à jour le 27-12-2013 à 14h16
Le ministre turc de l'Environnement, Erdogan Bayraktar, a annoncé mercredi sa démission et lancé un appel au Premier ministre islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan, ébranlé par un scandale financier, à faire de même.
"Je démissionne de mon poste de ministre et de député," a déclaré M Bayraktar sur la chaîne d'information NTV, invitant M. Erdogan à présenter lui aussi sa démission.
M. Bayraktar a affirmé n'avoir "rien à se reprocher" dans l'enquête menée autour de projets de construction cités dans un vaste scandale financier et avoir agi "en toute connaissance du Premier ministre".
"De ce fait, je crois que le Premier ministre devrait aussi démissionner", a-t-il conclu.
M. Bayraktar est le troisième ministre turc à démissionner mercredi après ceux de l'Economie, Zafer Caglayan, et de l'Intérieur, Muammer Güler. Les fils de ces trois ex-ministres ont été arrêtés le 17 décembre dernier lors d'un vaste coup de filet anticorruption de la police avec de nombreuses autres personnalités proches du pouvoir turc.
Le fils de M. Bayraktar a été relâché après son interrogatoire par les juges, qui ont inculpé et placé en détention préventive samedi les fils des deux autres ministres démissionnaires pour malversation, fraude et corruption active notamment.
Erdogan dénonce un "complot
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a refusé de réagir mercredi à la démission de trois de ses ministres à la suite du scandale de corruption qui fait vaciller son gouvernement, continuant de dénoncer un "complot".
S'exprimant devant les cadres de son Parti de la justice et du développement (AKP), M. Erdogan n'a fait aucun commentaire sur le départ de trois de ses proches ministres, mais a longuement insisté, une nouvelle fois, sur un "complot aux ramifications internationales" ourdi pour déstabiliser le pays et son économie.
"Il y a une dimension internationale à toute cette conspiration. C'est une affaire présentée sous la forme d'une opération judiciaire qui vise en fait à porter atteinte à l'avenir de la Turquie", a-t-il martelé. Dans son allocution, M. Erdogan s'en est également pris de façon très virulente à la confrérie du prédicateur musulman de Fetullah Gülen, jadis son allié, qu'il accuse implicitement d'être à l'origine de l'enquête judiciaire en cours.
"Nous ne tolérerons jamais des institutions parallèles à l'Etat", a lancé le chef du gouvernement sous les applaudissements de ses partisans, promettant d'en finir avec les "bandes qui ne pensent qu'à leur propres intérêts, sous le couvert de la religion".
L'organisation de M. Gülen, très influente dans la police et la magistrature, est entrée en guerre ouverte contre le gouvernement à cause de son projet de supprimer les écoles de soutien scolaire privées, une de ses principales sources de revenus.