En plus de ses effets néfastes connus sur la santé cardiovasculaire, la consommation de gras saturés peut avoir un effet négatif sur la motivation.

«Nous voulions savoir si un type de gras en particulier peut avoir un effet spécifique», explique la chercheuse québécoise Stéphanie Fulton, de l'Université de Montréal et du Centre de recherche du CHUM. Les résultats de sa recherche montrent que oui, et c'est la première fois qu'il est démontré que ces effets sur le cerveau sont indépendants du changement de poids.

Pour arriver à cette conclusion, son équipe a travaillé avec trois groupes de rats alimentés différemment. Un premier avait une diète faible en gras, mais avec une égale quantité de gras mono-insaturés (les bons gras) et de gras saturés (les mauvais gras).

Les deux autres groupes avaient une diète riche en gras, mono-insaturés pour le deuxième, et saturés pour le troisième. Ces groupes avaient toutefois le même apport calorifique et leur alimentation avait la même teneur en sucre, en protéines et en gras. Les chercheurs ont ensuite comparé l'état des rats après huit semaines; ils avaient tous un poids et des niveaux d'insuline et de glycémie comparables. Aucun n'était obèse, mais certains le seraient devenus s'ils avaient continué d'être ainsi alimentés, précise Stéphanie Fulton. Les rats qui ont consommé des gras saturés ont été nourris à l'huile de palme. «Nous avons choisi l'huile de palme, car on la retrouve beaucoup dans les aliments, explique la chercheuse. Nous croyons que nous aurions eu les mêmes résultats avec une autre huile saturée.»

C'est le système dopaminergique mésolimbique qui est touché. Il s'agit d'une voie cérébrale qui contrôle la motivation et est associée aux troubles de l'humeur, à la toxicomanie et à des troubles alimentaires. «Nous concluons qu'à long terme, une alimentation riche en gras saturés, à base d'huile de palme, dans le cas de cette étude, atténue la sensibilité de ce système aux récompenses, c'est-à-dire qu'il faut en consommer davantage pour atteindre le même niveau de satisfaction», explique Stéphanie Fulton. À l'inverse, les gras mono-insaturés, comme l'huile d'olive, ne créent pas ce besoin.

L'exercice pourrait difficilement être fait en étude clinique, car une diète riche en gras saturés risquerait de compromettre la santé des participants, et l'état de leur foie, notamment.

Les résultats des travaux des scientifiques québécois ont été publiés hier dans la revue Neuropsychopharmacology.

L'huile de palme

Les gras saturés se retrouvent dans les produits d'origine animale, mais aussi dans l'huile de palme, très présente dans les aliments préparés, notamment les produits de boulangerie et autres biscuits et tartinades. L'industrie alimentaire l'aime bien, car elle donne une texture agréable aux aliments et augmente leur durée de vie à faible coût.