Les projets de loi de défense controversés du premier ministre japonais Shinzo Abe doivent être votés jeudi en session plénière de la chambre basse, au lendemain d'un rassemblement de dizaines de milliers d'opposants qui y voient la fin de la Constitution pacifiste du pays.

Quelque 60 000 personnes, selon les organisateurs, ont participé à une manifestation devant le Parlement mercredi soir, après l'adoption en commission de ces réformes destinées à renforcer le rôle militaire du Japon sur la scène internationale.

Des échauffourées sont survenues lorsque la police a repoussé les manifestants, et deux hommes âgés d'une soixantaine d'années, soupçonnés d'avoir agressé des policiers, ont été arrêtés, ont rapporté les médias japonais.

Les manifestations au Japon sont généralement de faible ampleur et très tranquilles. Mais cette réinterprétation de la loi fondamentale, qui rendrait possible l'envoi à l'extérieur des Forces d'autodéfense - le nom officiel de l'armée - pour venir en aide à un allié, en premier lieu les États-Unis, a déchaîné les passions.

La contestation contre le projet de M. Abe, ouvertement nationaliste, attire des jeunes, mais aussi des seniors qui n'avaient jamais participé à des manifestations ou y reviennent pour la première fois depuis les mouvements des années 1960-70.

Des dizaines de députés d'opposition, munis de pancartes et criant leur opposition au projet, avaient investi mercredi la salle où était rassemblée la commission parlementaire, provoquant des scènes de chaos rares au Parlement japonais.

En dépit des nombreuses voix qui s'élèvent contre une relecture de la loi fondamentale pacifiste jugée «inconstitutionnelle» par de nombreux experts, Shinzo Abe et son Parti libéral démocrate (PLD) sont bien décidés à faire passer les textes vite, profitant d'une écrasante domination à la Diète.

Afin de garantir leur adoption malgré les navettes entre les deux chambres, la session parlementaire a été prolongée de 95 jours, ce qui n'était jamais arrivé dans le passé.