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Tour de France : pourquoi les agriculteurs en veulent à Cochonou et à Carrefour

Sur trois étapes, les badauds n’ont pas pu recevoir leur bob promotionnel, ni leur sachet de « minisaucissons secs ».

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Publié le 15 juillet 2015 à 19h35, modifié le 16 juillet 2015 à 12h12

Temps de Lecture 3 min.

Selon les agriculteurs, la marque française utilise des porcs étrangers pour faire son saucisson.

Par trois fois les célèbres 2 CV aux carreaux rouges n’ont pas pu démarrer. Par trois fois – en Normandie, en Bretagne et dans les Hautes-Pyrénées – les voitures siglées Cochonou n’ont pas pu prendre le départ de la caravane publicitaire du Tour de France. L’entreprise de charcuterie n’est pas la seule à avoir été contrainte à un repos forcé : l’enseigne de grande distribution Carrefour, a également vu ses véhicules immobilisés. Résultat : sur trois étapes, les badauds n’ont pas pu recevoir leur bob promotionnel, ni leur sachet de « minisaucissons secs ».

La raison de ces actions ? Des agriculteurs en colère et qui entendent bien le faire savoir. Les branches départementales de la puissante Fédération nationale des exploitants agricoles (FNSEA), ainsi que les Jeunes agriculteurs, deux structures proches, veulent dénoncer les pratiques des deux entreprises françaises qui, selon les agriculteurs, « ont un double discours » et participent « à l’étranglement » des éleveurs. Problème : ces actions brouillent la campagne nationale de la FNSEA qui a lancé une opération « les agriculteurs aiment le Tour » en partenariat avec Amaury Sport Organisation (ASO), grand ordonnateur de la compétition. D’ailleurs, la gêne est perceptible à la Fédération qui ne souhaite pas prendre position sur le sujet et renvoie vers les responsables des FDSEA, les sections locales, qui ont participé aux actions en question.

Utilisation de viande étrangère

Quoi qu’il en soit, les agriculteurs veulent dénoncer les méthodes de ces deux géants français. « Il y a un ras-le-bol du monde agricole en général et des éleveurs en particuliers », explique Sylvain Andrieux, responsable des Jeunes agriculteurs dans les Hautes-Pyrénées et qui a mené l’action à Tarbes, mardi 14 juillet 2015.

Concernant Cochonou, c’est l’utilisation de viande étrangère qui est soulignée. « Cochonou utilise très peu de produits français dans l’élaboration de leurs saucissons. La matière première ne vient pas d’ici mais d’Allemagne », accuse Christian Fourcade, responsable de la FDSEA des Hautes-Pyrénées. « Cochonou surfe sur une image franchouillarde pour vendre ses produits mais ils ne jouent pas le jeu. La viande est transformée en France mais provient de l’étranger », affirme M. Andrieux.

Carrefour, se voit reprocher, de son côté, des « marges excédentaires ». « Ils nous avaient promis d’augmenter les prix [d’achat] et on ne voit rien venir. Il y a une guerre des prix qui se fait sur le dos des éleveurs », continue M. Fourcade. L’enseigne de grande distribution, elle, se montre très insistante pour dire qu’elle « comprend le contexte actuel et qu’elle est très consciente des difficultés de ces filières ». Carrefour jure « respecter ses engagements », notamment concernant l’augmentation des prix d’achat des viandes fraîches bovines et porcines.

Risque que les spectateurs se retournent contre eux

Chez Cochonou, on regrette cette polémique. « Nous comprenons le malaise des agriculteurs, leur désarroi face aux cours très bas. Mais nous ne sommes pas la bonne cible, nous sommes un acheteur important de viande française, l’un des cinq premiers », avance Patrick Bombart, chef de groupe « saucisson sec ». Il complète : « Nous avons nos usines en France, nous sommes une marque française. On n’usurpe rien en termes d’image. Cependant, on ne communique pas sur le sujet, pour ne pas mettre d’huile sur le feu ».

En revanche, M. Bombart botte en touche lorsqu’il s’agit de donner la proportion de viande française utilisée dans la confection des saucissons : « C’est très difficile à dire comme cela. Cela dépend de beaucoup de facteurs… »

Du côté des agriculteurs, on ne cache pas être satisfaits des opérations menées. Même s’il y a un risque de voir les spectateurs – qui viennent aussi assister aux étapes pour recevoir des cadeaux de la caravane publicitaire – se retourner contre eux. « Nous ne bloquons pas le Tour, on n’intervient pas sur la course mais sur la caravane publicitaire. Nous voulons juste rappeler que nous pouvons contraindre ces grandes entreprises au niveau de leur image » tient à préciser M. Fourcade. « On intervient en amont. On fait très attention. Le Tour renvoie une image positive de nos régions, avec des retombées économiques », abonde Sylvain Andrieux. Ce dernier tient à ajouter que, sur les 150 véhicules publicitaires, seulement 10 ont été bloqués.

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