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Michael Rasmussen : « Je n’avais aucun risque de me faire contrôler positif sur le Tour »

L’ancien coureur danois revient pour la première fois sur le Tour depuis son exclusion en 2007, alors qu’il portait le maillot jaune. Il se confie longuement au « Monde ».

Propos recueillis par 

Publié le 05 juillet 2015 à 12h11, modifié le 17 juillet 2015 à 18h47

Temps de Lecture 16 min.

Michael Rasmussen, chez lui, à Alborg (Danemark), le 25 juin.

A la fin de juin, Michael Rasmussen a ouvert au Monde la porte de l’appartement qu’il vient d’acheter à Randers, au Danemark. « Il n’y a plus de secrets entre nous désormais », glisse-t-il dans un sourire, en guise d’accueil. Le Danois, meilleur grimpeur du Tour de France en 2005 et 2006, exclu de l’édition 2007 par son propre manageur pour avoir manqué plusieurs contrôles antidopage avant la compétition, est apparu bien plus loquace qu’à l’époque où il courait. A 41 ans, « Chicken » – surnom hérité d’une vieille émission pour enfants très populaire au Danemark qui colle à son physique de gringalet – est de retour sur la Grande Boucle, dans la peau de chroniqueur pour un journal danois. Rencontre avec un homme qui ne craint plus de parler.

On ne s’attendait pas vraiment à vous retrouver au Danemark…

Je me suis séparé d’avec ma femme il y a quelques mois. Je vis avec ma copine, ici à Randers, depuis un peu plus d’un an. Nous avons emménagé dans cet appartement à la fin du mois de mai. C’est un gros changement de revenir au Danemark après plus de quinze années passées à l’étranger.

Qu’avez-vous fait de votre maison en Italie ?

Ma femme et mon fils y habitent toujours. Je me rends en Italie une fois par mois pour voir mon fils.

Vous avez arrêté votre carrière de cycliste professionnel. Que faites-vous de vos journées désormais ?

J’ai un contrat avec une association, à une heure de Randers, avec des jeunes en difficulté. Ils sont une grosse dizaine. Il y en a un qui a le syndrome d’Asperger, un autre qui fume trop d’herbe, d’autres qui boivent. Je roule avec eux une fois par semaine. Début juillet, nous partons en vélo du Danemark pour rejoindre l’Alpe-d’Huez en une quinzaine de jours. Le 16 juillet, nous monterons l’Alpe-d’Huez avec ces gamins, qui ont entre 17 et 22 ans. Le but est de changer la perception qu’ils ont d’eux-mêmes.

En dehors de cette association, comment gagnez-vous votre vie ?

Je donne des conférences de temps en temps pour des entreprises. Je peux parler une heure et demie à deux heures sans interruption Je raconte mon parcours. Une histoire avec des hauts et des bas, et sur comment s’en relever. Je parle aussi du management de crise. Et puis il y a une partie sur comment se fixer des objectifs et les sacrifices qui en découlent.

A propos de sacrifices, durant votre carrière, les journalistes ont souvent évoqué votre obsession concernant votre poids. Vous êtes resté maigre…

J’ai perdu la faim. Quand j’ai arrêté de m’entraîner, je n’ai pas ressenti le besoin de beaucoup manger. Physiquement, je n’ai pas beaucoup changé par rapport à l’époque de ma carrière [il pèse désormais 63 kg, contre 58 à 60 avant sa retraite]. Je mange et je bois ce que je veux, mais je mange moins que la moyenne et je suis relativement gâté par la nature dans le sens où je ne prends pas de poids. Et puis je continue à faire du vélo.

A quelle fréquence ?

Une ou deux fois du VTT et une fois du vélo de route par semaine. Environ deux heures chaque fois. Le coin est vraiment joli pour les sorties en VTT. J’ai d’ailleurs participé à quelques courses avec mon vieux VTT, qui a 16 ans et avec lequel j’ai remporté les championnats du monde en 1999.

Etes-vous un homme heureux désormais ?

Oui… Enfin, je ne sais pas quand on peut dire que l’on est heureux à 100 %. Pendant plusieurs années, j’ai vécu dans une grande maison en Italie. Du balcon, nous avions une vue sur le lac de Garde, avec à peu près trois cents jours de soleil par an. Mais je suis tout aussi heureux maintenant, et peut-être même plus, dans mon petit appartement au Danemark. Voilà une chose que j’ai apprise : cela ne vous rend pas plus heureux d’avoir une Porsche dans votre garage. J’en ai eu une, que je n’ai presque jamais utilisée. Ce n’était pas quelque chose qui me rendait plus heureux. Juste à certains moments : le jour où je l’ai achetée, et celui où je l’ai vendue.

Je pouvais battre le système antidopage à n’importe quel moment de la journée. Je n’ai jamais eu peur de me soumettre à un contrôle antidopage. Pour moi, il n’y avait aucun risque.

L’année 2013 a été très importante dans votre parcours. Après avoir nié tout dopage pendant des années, vous avez reconnu la prise de produits interdits de 1998 à 2010. Qu’avez-vous alors ressenti ?

Mes sentiments étaient très mitigés. D’un côté, j’étais triste d’arrêter ma carrière de coureur. Je sentais que j’étais toujours compétitif. Je pensais encore avoir deux ans devant moi pour rouler à ce niveau. Mais, en même temps, j’ai été soulagé.

Pourquoi avoir nié tout dopage pendant de si longues années ?

C’est tout simplement stupide de demander à un cycliste professionnel : « Vous dopez-vous ? » Parce qu’il n’y a qu’une seule réponse correcte : non. Posez la question cent fois à un coureur, cent fois il vous mentira. Dès qu’il vous dira la vérité, sa carrière sera finie. Vous ne pouvez pas lui reprocher de se protéger lui-même, de protéger sa famille et ses revenus. Les gens protègent leurs intérêts. C’est ce que j’ai fait.

Pourquoi avoir décidé, en 2013, de reconnaître votre dopage ?

Il y a eu plusieurs facteurs. Un procès avait lieu à l’époque contre la Rabobank (son ancienne équipe). La situation était très étrange. Ils savaient, moi aussi, et presque tout le monde dans le tribunal savait que nous étions en train de parler de dopage. Et pourtant, cela n’était jamais mentionné. C’était comme si un éléphant jaune s’était assis dans la pièce pendant le procès et que personne ne le regardait. Nous parlions des problèmes de localisation et du fait que j’avais menti à l’équipe [sur les lieux de ses entraînements], ce qui était évidemment faux. Les membres de Rabobank savaient tout, ils m’ont aidé toutes ces années. L’une des raisons qui m’ont poussé à collaborer avec les autorités antidopage était l’espoir de débloquer cette situation bizarre en disant la vérité face à la cour.

Une autre raison est que l’affaire Armstrong et le témoignage de Levi Leipheimer augmentaient la pression. J’avais des discussions avec mon avocat aux Pays-Bas pour savoir ce que je devais faire, et savoir si c’était le bon moment pour dire : « Maintenant ça suffit. » Et puis je savais que ma carrière, à l’âge de 38 ans, touchait à sa fin, que je ne ferais pas mieux. En parlant, je pouvais peut-être changer quelque chose pour le cyclisme. Cela semblait être le bon moment.

C’est aussi pour ces raisons que vous avez décidé de collaborer avec les agences antidopage ?

J’ai un objectif personnel : être en paix avec moi-même. Ne pas dire la vérité n’est pas une situation confortable. Avant, il fallait sans cesse que je sois préparé au prochain mensonge. Que je sois prêt à répondre à la prochaine fois où quelqu’un me demanderait : « As-tu pris des produits dopants ? »

Comme ma carrière, que j’ai menée à 100 %, je me suis confessé à 100 %. Avant ma confession, les gens étaient sûrement divisés entre ceux qui m’aimaient et les autres. Je suis sûr que la proportion n’a pas changé : certains ne m’aiment pas parce qu’ils n’aiment pas entendre la vérité. Elle est parfois moche. Et puis il y en a qui m’admirent parce que je dis la vérité. Je ne plais pas à tout le monde.

Ces dernières années, beaucoup de cyclistes sont passés aux aveux…

J’ai beaucoup appris des erreurs des autres, de leurs confessions. Bjarne Riis [vainqueur danois du Tour en 1996] s’est confessé il y a longtemps, puis il s’est livré à une nouvelle confession fin juin. Mais à chaque fois que vous changez votre histoire, vous perdez de la crédibilité. Je me suis dit : « Faisons-le une bonne fois pour toutes. » Je ne veux pas avoir à raconter autre chose dans cinq ans.

En 2007, vous êtes exclu du Tour, alors que vous portiez le maillot jaune. Vous étiez au centre des critiques et votre avenir dans le vélo semblait bouché. Pourquoi avoir continué à courir et à vous doper ?

J’ai été sanctionné pour des manquements aux règles de localisation. Je n’ai jamais été contrôlé positif. Je pouvais battre le système antidopage à n’importe quel moment de la journée. Je n’ai jamais eu peur de me soumettre à un contrôle antidopage. Pour moi, il n’y avait aucun risque.

Vous n’avez jamais eu peur lors des contrôles ? Même pendant le Tour où vous focalisiez l’attention ?

Non. Et certainement pas pendant le Tour de France. Si vous regardez mes niveaux d’hématocrite durant le Tour, ils ne dépassaient pas 44. On ne peut même pas dire que je courais un risque. Si j’avais été à 48 ou 49, j’aurais gagné avec une demi-heure d’avance.

La lutte contre le dopage est donc inefficace à vos yeux…

Bien sûr. Aucun doute là-dessus. Elle s’améliore, mais en restreignant les libertés individuelles des gens. Ce sont d’énormes sacrifices pour les sportifs. Si vous voulez chasser quelqu’un, vous pouvez le contrôler, vous pouvez le réveiller chaque nuit pendant le Tour de France à trois heures du matin [depuis peu, les contrôles nocturnes sont autorisés par le code mondial antidopage, mais pas encore en France]. Et à la fin du Tour, il craquera, parce qu’il n’aura pas pu dormir. Vous pouvez dire : vu le passé du cyclisme, nous savons que celui qui porte le maillot jaune prend sûrement des produits dopants, nous voulons le contrôler et nous le ferons chaque nuit. Ou alors le faire sur le top 5 de la course, du début à la fin de l’épreuve. Mais à la fin, les meilleurs ne termineront peut-être même pas la compétition, car ils auront été traités injustement par rapport aux autres concurrents.

Mais comment lutter contre le dopage alors ?

Je pense qu’il faut changer d’objectif. Au lieu d’être aussi puritain, l’idéal devrait être une compétition sportive juste, pas nécessairement une compétition sportive propre. Cela signifie que tout le monde devrait être soumis aux mêmes règles.

Que voulez-vous dire ? Autoriser certains produits ?

Cela signifie juste que les règles devraient être les mêmes pour tout le monde. Cela ne rend pas les compétitions sportives plus justes que certains cyclistes soient contrôlés 20 fois dans l’année, et d’autres pas. Même chose pour le système de localisation.

Revenons au Tour 2007. Vous touchez alors du doigt le rêve de remporter la Grande Boucle. Avant votre exclusion par votre propre manager, Theo De Rooij…

Ce furent les plus beaux jours de ma vie, mais, en même temps, les pires. Réaliser un rêve vieux de 25 ans, être en mesure de gagner le Tour. Je l’ai remporté… J’étais très probablement en train de gagner ce Tour de France. Et puis, en l’espace de quelques minutes, vous voir retirer tout cela pour aucune raison valable, par les gens en lesquels j’avais le plus confiance, qui étaient de mon équipe… Cela a été une expérience tellement surréaliste que j’ai été près d’en finir avec la vie dans la journée qui a suivi l’annonce de mon exclusion. C’est quelque chose qui me restera pour toujours. Je peux me rappeler chaque minute de ce jour. Dans le meilleur des cas, il me faudra vingt-cinq années pour m’en remettre.

Michael Rasmussen.

Vous souvenez-vous de l’ambiance lors de cette étape au col d’Aubisque, le 25 juillet 2007 ? Vous avez été hué par une bonne partie des spectateurs.

L’atmosphère était étrange depuis le début de l’étape. Vinokourov venait de se faire exclure, et toute l’équipe Astana avec. Les équipes françaises manifestaient sur la ligne de départ. Ce jour-là, l’air était vicié. C’est la raison pour laquelle je n’ai pas attaqué Contador avant [dans le col d’Aubisque]. J’aurais pu gagner avec deux minutes d’avance ce jour-là, mais j’avais peur de me retrouver seul sur la route, dans cette atmosphère. Je me suis dit : « Je suis entre Leipheimer et Contador, ils [les spectateurs] ne peuvent pas me toucher. » Nous étions très proches de l’Espagne, et quelques jours avant, une bombe d’ETA avait explosé pas loin du parcours.

Vous avez dit avoir été exclu « pour aucune raison valable »…

J’ai été exclu par ma propre équipe. Ma sanction a été prise selon des règles sportives qui n’existaient pas en 2007. C’est unique dans l’histoire du sport. C’est la première fois je crois, qu’un coureur était exclu du Tour pour ne pas avoir dit la vérité. Si l’on commence à sanctionner les gens qui ne disent pas la vérité, cela va devenir une course cycliste très étrange.

Etiez-vous inquiet de possibles conséquences du dopage sur votre santé ?

D’aucune manière. Si les cyclistes étaient un tant soit peu préoccupés par leur santé, ils ne descendraient pas les cols à 100 kilomètres à l’heure, juste parce qu’ils ont 150 grammes de polystyrène sur la tête. Pourquoi, s’ils s’inquiétaient pour leur santé, participeraient-ils à des sprints à 70 km/h, où ils peuvent chuter et se faire mal ? La première chose à laquelle ils pensent en cas de chute, c’est : « Mon vélo est-il OK, vais-je pouvoir continuer ? » La question de la santé n’est pas importante.

Et puis, concernant l’utilisation de médicaments, il faut distinguer l’usage de produits dopants et l’abus [il utilise les termes anglais « use » et « abuse »]. La différence est majeure entre utiliser et abuser. Quelqu’un qui abuse de drogues, par exemple en prenant de l’héroïne, va affaiblir son corps. Mais quand vous utilisez des produits dopants, vous permettez à votre corps d’être plus fort.

C’est tout simplement stupide de demander à un cycliste professionnel : « Vous dopez-vous ? » Parce qu’il n’y a qu’une seule réponse correcte : non. Posez la question cent fois à un coureur, cent fois il vous mentira. Dès qu’il vous dira la vérité, sa carrière sera finie.

La distinction paraît artificielle : certains ont franchi cette ligne entre usage et abus, comme Marco Pantani. La frontière…

La frontière est fine, oui. Mais je pense que la principale raison pour laquelle ces personnes-là sont passées de l’autre côté, ce n’est pas le dopage, mais la chasse qui a été menée à leur encontre. Cette chasse de l’antidopage peut rendre fou, tout comme la pression extérieure. Ces personnes ne sont pas mortes de l’EPO, elles ont pris des stimulants, des produits que prennent les drogués, comme de l’héroïne.

Vous ne pensez pas que le dopage peut tout de même avoir des conséquences à long terme sur la santé ?

Non. Il existe des études montrant que les cyclistes français qui ont bouclé le Tour de France vivent en moyenne six ans plus vieux que des personnes « normales ». L’argument des effets à long terme sonne donc très creux. Par ailleurs, le rugby, le football américain, le bodybuilding abusent des stéroïdes et des hormones de croissance, avec des dosages décuplés par rapport à ce que prennent les cyclistes.

Mais il y a aussi la question de l’équité sportive…

Le principe de base est justement que le sport est injuste. Nous sommes nés différents, et il y a plusieurs variables qui entrent en jeu. Quelqu’un peut présenter de manière naturelle un taux d’hématocrite à 48 tandis que d’autres afficheront 38. Certains naissent gros, d’autres non. Et puis vous avez des entraîneurs, des conseillers en nutrition, des vélos différents. Certains ont la chance de vivre à 3 000 mètres d’altitude en Colombie. Le sport n’est pas juste. Le dopage est l’un des nombreux paramètres. On pourrait même avancer que le dopage peut niveler les différences entre les cyclistes, en permettant d’augmenter les valeurs sanguines.

Pensez-vous alors qu’il faille légaliser le dopage ?

Absolument pas. Je dis juste que c’est l’un des nombreux paramètres d’inégalité dans le sport. J’aimerais avoir des règles, qui soient renforcées pour tous, sans envahir la vie privée des sportifs.

Vous êtes allé jusqu’à faire tester le sang de votre père, en 2004, pour savoir si des transfusions sanguines avec lui étaient possibles. Quelles étaient vos limites ? En aviez-vous ?

J’ai fumé de l’herbe une fois dans ma vie. Ça n’a eu aucun effet sur moi, je n’ai pas aimé. Je n’ai jamais pris de stimulants mis à part la caféine. Je n’en ressens juste pas le besoin. Je n’ai jamais été drogué à quoi que ce soit. J’abuse du vin rouge de temps en temps. Le lendemain, je me réveille avec un mal de tête et je regrette. En ce sens, j’ai toujours été sain et réfléchi. Je n’ai jamais eu la sensation de prendre le moindre risque avec ma santé.

Quel regard portez-vous sur le cyclisme aujourd’hui ?

J’ai toujours une immense passion et une fascination pour le cyclisme. Le Tour de France est toujours aussi attractif qu’à l’époque de Luis Herrera, celle de [Marco] Pantani, ou celle de Lance Armstrong et la mienne. Cela n’a pas changé. En ce qui concerne le dopage, je pense que l’utilisation de médicaments a diminué, avec les initiatives antidopage. Mais croire que cela a complètement disparu serait très naïf.

Est-il possible de gagner le Tour sans prendre des produits interdits ?

Je pense que les coureurs qui ont remporté le Tour ont l’Histoire contre eux. J’espère que c’est possible, mais l’Histoire montre que la plupart des vainqueurs ont utilisé des produits dopants à un moment donné, depuis le début du Tour en 1903 jusqu’à très récemment.

Quand vous regardez votre carrière, avez-vous des regrets ?

Oui, tout à fait. Je regrette d’avoir impliqué certaines personnes dans mes pratiques dopantes. Je regrette d’avoir impliqué l’Américain Whitney Richards et d’avoir essayé de lui faire transporter des produits dopants pour moi. C’était une énorme erreur.

Avez-vous également des regrets vis-à-vis de vos parents ?

Non. Je ne regrette pas car ils auraient pu dire non. J’ai toujours essayé de les protéger. Depuis le tout début, je leur ai dit que je prenais des choses, et que je n’allais pas leur dire quoi. Moins ils en savaient, mieux c’était. Comme ça, si quelqu’un venait leur demander quelque chose, ils pourraient toujours répondre : « Je ne sais pas. » Ils n’avaient pas à mentir. Même si ça a été difficile, bien sûr, d’appeler mon père pour lui demander d’effectuer un test sanguin.

Fin juin, un rapport de l’agence antidopage danoise a été publié. Vous faîtes partie des dizaines de témoins qui y ont contribué. Mais vous affirmez que l’on a voulu vous faire taire…

J’ai des preuves écrites qu’elles [les personnes de l’antidopage danois] m’ont menacé pour que je reste silencieux. Je pense qu’ils avaient promis à Nicki Sorensen [ancien coureur danois, désormais directeur sportif de l’équipe Tinkoff-Saxo] qu’il pourrait rester anonyme. Son nom n’était pas censé figurer dans le rapport, mais il y était car je le mentionnais. Ils m’ont envoyé une nouvelle version du rapport avec une lettre me sommant de rester silencieux avant et après la parution du document. Mais ce serait complètement stupide de ma part, car j’ai déjà décrit toutes ces choses dans mon livre, il y a plus d’un an et demi. Bien sûr, ceux qui ont rendu public le rapport diront que je me trompe, mais ils ont essayé de conserver l’anonymat de Nicki Sorensen.

Qu’aimeriez-vous faire à l’avenir ?

J’aimerais diriger une grosse équipe cycliste, pas une équipe continentale. Pour l’instant, je prends une petite pause. Nous avons attendu deux ans et demi pour ce rapport insignifiant, et cela a retardé l’approche d’éventuels sponsors. Et puis il faut que je règle des petites choses avant. Mais mon activité auprès des jeunes en difficulté me plaît beaucoup.

Pensez-vous qu’il vous sera possible de revenir dans le milieu du cyclisme professionnel un jour, avec votre passif ?

Quand je regarde les noms de ceux qui continuent à travailler dans le cyclisme, oui. Manolo Saiz revient, il se dit que Bjarne Riis serait déjà de retour avec un gros sponsor, Erik Breukink est toujours là, tout comme Michael Boogerd. Sans oublier les Français : Eric Boyer, Marc Madiot… Ils sont tous là, [Guiseppe] Martinelli, [Alexandre] Vinokourov… La liste est sans fin. Oui, j’aimerais bien diriger une grosse équipe. Mais je suis encore jeune.

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