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Ce qui se cache derrière #MaFranceàMoi

Le mot-clé #MaFranceaMoi s’est positionné mardi 14 juillet dans les cinq premières tendances du réseau social Twitter en France, servant d’étendard aux causes les plus variées et suscitant la polémique.

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Publié le 15 juillet 2015 à 14h01, modifié le 16 juillet 2015 à 14h28

Temps de Lecture 7 min.

De la Résistance aux fromages hexagonaux en passant par les diatribes nationalistes… Le mot-clé #MaFranceaMoi s’est positionné, le jour de la fête nationale, parmi les cinq premières tendances discutées sur le réseau social Twitter en France. Selon le site d’analyse Topsy, #MaFranceaMoi a connu une ascension fulgurante à partir du 12 juillet, pour connaître un pic le 13 juillet avec environ 12 000 messages postés, avant de retomber le lendemain.

Il est passé entre toutes les mains et a servi d’étendard aux causes les plus variées, de la défense de la dune du Pilat aux voitures électriques… en passant par les lentilles du Puy !

Même le compte Twitter du gouvernement s’y est mis :

Contactée, la communication du premier ministre n’a pas donné suite à nos demandes d’explication.

A l’origine, une chanson de la rappeuse Diam’s

Mais, outre cette liste à la Prévert, on retrouve en majorité des tweets à teneur nationaliste et identitaire :

A l’origine, l’expression est tirée d’une chanson de la rappeuse Diam’s, « Ma France à moi », extraite de l’album Dans ma bulle sorti en 2006. La chanson évoque la discrimination, le racisme et l’hypocrisie de la « France profonde », et revendique l’existence d’une France diverse, tolérante et métissée.

Opération de communication politique

Si l’on retrace l’historique du mot-clé, on voit qu’il a été soigneusement lancé, mode d’emploi à l’appui, à partir du mois de juin par deux femmes, Zohra Bitan et Bénédicte Jacq.

C’est à cette date que Bénédicte Jacq annonce qu’elle quitte le mouvement Les Républicains. Zohra Bitan, elle, n’est autre que l’ancienne porte-parole de Manuel Valls pour la primaire socialiste de 2011.

En fait, #MaFranceaMoi est surtout le mot-clé d’une campagne de communication destinée à lancer le mouvement de Mme Bitan, Faut qu’on s’parle, dont ni la nature ni le programme n’ont encore été détaillés.

A l’origine de son rapprochement avec Bénédicte Jacq, une mobilisation contre l’arrestation de deux jeunes femmes portant des robes jugées « provocantes » au Maroc, au début de l’été (elles ont depuis été innocentées).

Sous couvert de lutte contre l’intégrisme, elles lancent une opération de communication politique :

Défense de toute récupération

Dans les messages repartagés sur Twitter par les deux femmes, qui défendent leur mot-clé de toute récupération raciste ou homophobe, on retrouve toutefois une sélection de tweets assez ciblés : des nostalgiques de la France d’autrefois, des militants d’extrême droite

Si les idées de Bénédicte Jacq (« 100 % Guaino », dit-elle sur son profil en référence à l’ancien ministre de l’intérieur de Nicolas Sarkozy) se situent clairement à droite de l’échiquier politique, l’itinéraire de Zohra Bitan est moins évident.

Ancienne membre du parti socialiste et membre de la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme), elle a suscité des réactions au sein du mouvement avec son mot-clé, notamment de la part du président du mouvement antiracisme :

Zohra Bitan se distingue désormais par des opinions proches des identitaires (pour les statistiques ethniques, contre l’immigration « économique », le communautarisme, le féminisme…).

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A l’occasion de la sortie de son livre, Cette gauche qui nous désintègre (éditions François Bourin, 2014), elle détaillait sa position sur le sujet du « sentiment national », dans une interview au site collaboratif L’Incisif :

« On disait aux Français qu’il fallait vivre avec les immigrés, mais on n’a jamais insisté sur l’inverse. (…) On nous a tellement expliqué qu’il fallait que ce soit le Français qui dise que l’immigration c’est génial, que le Noir est gentil et que le Blanc est méchant, qu’on en a marre. »

Elle témoigne aussi d’un anti-islamisme virulent qui confine à la théorie du complot quand elle dénonce la tenue d’une « nuit du ramadan » à l’Hôtel de Ville de Paris, alors que cette manifestation correspond à un événement culturel et non à une fête religieuse.

Un point sur lequel la rejoint Bénédicte Jacq, qui revendique avoir signé la pétition de l’hebdomadaire Valeurs actuelles s’indignant que les églises puissent être remplacées par des mosquées.

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