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Les nouveaux territoires du chômage

Les chiffres des demandeurs d'emploi de novembre seront publiés jeudi à 18 h. Certaines régions se sont enfoncées dans les difficultés, au point de dépasser les vieux bastions industriels du Nord-Est dans le classement des plus mal lotis.

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Publié le 26 décembre 2013 à 10h53, modifié le 26 décembre 2013 à 15h53

Temps de Lecture 4 min.

Taux de chômage par zone d'emploi au deuxième trimestre 2013.

Quels sont les territoires les plus touchés par le chômage ? Depuis cinq ans, les files d'attente se sont allongées dans presque toutes les agences de Pôle emploi. Mais le phénomène n'a pas été uniforme : certains secteurs géographiques, déjà très malmenés, se sont enfoncés dans les difficultés, au point de dépasser les vieux bastions industriels du Nord-Est dans le classement des mal lotis.

Les chiffres des demandeurs d'emploi pour le mois de novembre, rendus publics jeudi 26 décembre, devaient permettre de voir si ces tendances se maintiennent. Ils étaient très attendus : s'ils enregistrent une nouvelle baisse, après celle relevée en octobre, ils donneront du crédit à la promesse de François Hollande d'inverser la courbe du chômage d'ici fin 2013.

L'une des évolutions les plus frappantes depuis fin 2008 concerne le Languedoc-Roussillon. Trois départements de cette région affichent les taux de chômage les plus élevés en France métropolitaine : les Pyrénées-Orientales (15,7 %), l'Hérault (15,2 %) et l'Aude (14,8 %), selon les données les plus récentes de l'Insee (la moyenne étant de 10,5 %). Au quatrième trimestre 2008, ils se trouvaient déjà parmi les départements les plus sinistrés, avec l'Aisne, le Gard, le Nord et le Pas-de-Calais. Mais leur situation s'est détériorée depuis.

TISSU INDUSTRIEL DENSE

Pourtant, le Languedoc-Roussillon ne figure pas parmi les régions qui ont subi les destructions d'emplois les plus massives entre 2008 et 2012, d'après les données compilées par les organismes de recouvrement des cotisations (Urssaf). Le nombre de postes a même progressé dans quelques bassins d'emploi, notamment vers Sète et Montpellier (Le Monde du 25 juillet). D'autres facteurs ont donc contribué à l'aggravation du chômage dans le Languedoc – notamment la hausse de la population active liée à l'arrivée de nouveaux ménages.

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Les autres territoires qui ont le plus souffert sont ceux qui avaient un tissu industriel dense. Rien d'étonnant à cela dans la mesure où la crise, au cours des cinq dernières années, a causé de gros dégâts chez les équipementiers automobiles, les entreprises de la chimie, ainsi que celles qui produisent des biens de consommation et des biens intermédiaires, énumère Yannick L'Horty, professeur à l'université de Paris Est-Marne-la-Vallée.

Résultat : dans plusieurs zones d'emploi du Nord - Pas-de-Calais, le taux de chômage frôle les records observés dans le Languedoc-Roussillon : 17,7 % à Calais et à Lens-Hénin, 16,7 % à Valenciennes, etc. L'Aisne est, elle aussi, durement éprouvée : 14,7 % des actifs sont à la recherche d'un travail. Dans ce département, les bassins d'emploi de Laon et de Tergnier ont vu leurs effectifs salariés diminuer de plus de 10 % entre 2008 et 2012.

ENVIRON 25% DE CHÔMEURS DANS LES DOM

Souvent regardée comme un havre de prospérité, la Bretagne se retrouve également à la peine, en raison notamment de l'essoufflement de son industrie agroalimentaire. A l'intérieur des terres, la zone d'emploi de Carhaix-Plouguer a vu son taux de chômage bondir de 3,8 points entre le dernier trimestre 2008 et le deuxième trimestre 2013, passant de 6,3 % à 10,1 %. Dans les bassins d'emploi de Dinan et de Guingamp, la proportion d'actifs qui recherchent un travail est désormais légèrement supérieure à la moyenne métropolitaine (respectivement 10,8 % et 10,7 %), ce qui n'était pas le cas il y a cinq ans.

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La situation est pire dans les DOM, avec un taux de chômage presque 2,5 fois plus élevé qu'en métropole (environ 25 % contre 10,5 %). Ces difficultés tiennent notamment à l'isolement des économies ultra-marines et à la surreprésentation des jeunes peu qualifiés dans la population.

Toutefois, dans plusieurs bassins d'emploi (en particulier de Guadeloupe), le taux de chômage est resté stable, voire a légèrement baissé entre le deuxième trimestre 2009 et le deuxième trimestre 2012. Mais personne n'en déduit qu'un renversement de tendance est à l'oeuvre, tant les handicaps de ces territoires sont lourds.

LES ZONES URBAINES SENSIBLES DUREMENT FRAPPÉES

« Avant la crise, les disparités territoriales étaient déjà fortes, commente Yannick L'Horty. Depuis, les écarts sont grosso modo restés les mêmes si l'on raisonne globalement. Mais des redistributions sont intervenues entre bassins d'emploi. Ces expositions inégales au chômage s'observent d'autant plus aisément lorsque l'on descend vers des échelons fins. »

Exemple : les zones urbaines sensibles (ZUS), durement frappées par l'anémie de la conjoncture. Après une progression forte entre 2009 et 2010, qui s'est ralentie entre 2010 et 2011, le taux de chômage s'est de nouveau emballé après 2011, pour s'établir à 24,2 % en 2012, soit près de 6 points de plus en trois ans. Le fossé s'élargit avec les agglomérations accueillant ces quartiers : de 2006 à 2009, le différentiel de taux de chômage était de 9,1 points, il atteint désormais 14,4 points. La proportion d'actifs à la recherche d'une activité est 2,5 fois plus importante dans les ZUS qu'ailleurs, malgré les exonérations de charges pour les entreprises et les contrats aidés (emplois d'avenir, etc.).

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