ÉCONOMIE - Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a proposé de les recevoir jeudi 23 juillet à Paris mais rien n'y fait.
Les dizaines d'éleveurs en colère qui bloquent lundi les accès à Caen restent sur leurs positions: "On veut un ministre de terrain" qui réunisse producteurs, industriels des abattoirs et centrales d'achat des distributeurs, "les réunions parisiennes qui n'aboutissent à rien", assurent Jean-Yves Heurtin, président de la FDSEA du Calvados, et Samuel Bidert, responsable des Jeunes Agriculteurs (JA).
Que ce soit sur la viande de porc ou la viande de bœuf, les critiques sont les mêmes: les agriculteurs estiment que les prix d'achats sont trop faibles pour leur permettre de couvrir leurs coûts de production et que les engagements pour une revalorisation pris par toute la filière le 17 juin ne sont pas tenus.
Qui n'a alors pas joué le jeu et tiré les prix vers le haut comme promis? La grande distribution a assuré lundi d'avoir tenu parole: "Nous avons accepté d'augmenter les prix d'achat de manière importante [...]. La seule chose, c'est que visiblement cet argent ne va pas dans la poche des éleveurs", selon le délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution, Jacques Creyssel qui souligne le rôle des intermédiaires "industriels, abatteurs, transformateurs".
Même accusation du côté des éleveurs. Pour Jean-Yves Heurtin, le problème vient davantage des intermédiaires qui transforment la viande. "[Les distributeurs] nous ont sorti les factures, les prix auxquels ils achètent la viande ont augmenté. Cela veut dire que les transformateurs leur ont vendu plus cher, mais qu'ils n'ont pas répercuté cette hausse sur les éleveurs", puisque le montant payé aux producteurs n'a que faiblement augmenté, analyse-t-il.
Mais combien revient à qui au final dans cette affaire? Le HuffPost vous a détaillé dans les deux infographies ci-dessous comment les différents acteurs de la filière se partagent actuellement ce qu'un client paie une fois la viande en rayon. Attention, ces données ne représentent pas les bénéfices des uns et des autres, mais les marges brutes qui reviennent à chacun, desquelles les éleveurs, les transformateurs ou les distributeurs doivent retrancher des coûts de production plus ou moins élevés:
Selon les données de l'Observatoire des prix et marges de FranceAgriMer, sur un kilo de viande de bœuf vendu aux particuliers 7,46 euros en décembre 2014, 3,22 euros revenaient à l'éleveur, 1,78 euro à l'abattoir et l'industriel en charge de la transformation, 2,08 euros à la grande distribution et 0,39 euro étaient récolté par l'État à travers la TVA.
L'Observatoire des prix et marges de FranceAgriMer rapporte qu'un kilo de viande de porc transformé en charcuterie (jambon, rillettes, etc.) vendu 10,99 euros en magasin en mai 2015, 3,37 euros revenaient à l'éleveur, 0,93 euros à l'abattoir, 1,71 euro à l'industrie qui le transforme, 4,41 euros à la grande distribution et 0,57 euro vont à l'État avec la TVA.