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Les catastrophes naturelles ont déplacé 19,3 millions de personnes en 2014

D’après l’Observatoire des situations de déplacements internes, l’Asie est la région du monde la plus touchée avec 16,7 millions de déplacés en 2014.

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Publié le 20 juillet 2015 à 15h37, modifié le 20 juillet 2015 à 16h14

Temps de Lecture 3 min.

Un homme dans les rues de Quezon , au nord de Manille, aux Philippines, le jeudi 9 juillet 2015. Les fortes pluies du typhon Chan-Hom ont intensifié la mousson saisonnière.

En 2014, 19,3 millions de personnes ont été obligées de fuir leur foyer en raison de catastrophes liées aux aléas naturels, révèle le dernier rapport de l’Observatoire des situations de déplacements internes (IDMC) du Conseil norvégien pour les réfugiés. Si les tremblements de terres et les irruptions volcaniques ont entraîné la mobilité de 1,7 million de personnes, dans leur très grande majorité ces déplacements ont été provoqués par des catastrophes liées aux aléas climatiques, des cyclones et des inondations essentiellement.

Les flux migratoires contraints par une catastrophe naturelle ne cessent de croître. L’importance de ces mobilités forcées varie bien sûr d’une année à l’autre ; néanmoins depuis 2008, ces catastrophes ont entraîné le déplacement de 22,5 millions de personnes en moyenne chaque année – pour la plupart à l’intérieur même de leur pays –, soit l’équivalent de 62 000 personnes chaque jour. Aujourd’hui, la probabilité pour une personne de subir un tel déplacement est 60 % plus élevée que dans les années 1970. Et les effets du changement climatique qui causeront de plus en plus d’événements extrêmes exacerberont encore cette tendance, s’alarme l’IDMC. D’autant que le nombre de personnes vivant dans des zones à risque ne cesse de croître.

Concentration des zones à risque

La hausse de ces déplacements s’explique en grande partie par la croissance démographique, le développement économique et l’urbanisation galopante dans les zones à risque, souligne le rapport, qui constate que les pays en développement sont davantage affectés que ceux à bas revenus. « Dans les pays connaissant une forte et rapide croissance, et ce faisant une urbanisation souvent anarchique, de plus en plus de personnes sont exposées à un risque de déplacement. La concentration dans les zones à risque où l’habitat est souvent précaire ne fait qu’accroître la probabilité d’une catastrophe », observe Alexandra Bilak, directrice de la recherche et des politiques de l’observatoire, qui insiste sur le fait que la plupart de ces catastrophes sont souvent autant humaines que naturelles.

Carte des vingt plus grands mouvements de populations provoqués par une catastrophe naturelle en 2014

L’Asie, qui abrite 60 % de la population mondiale, est le continent le plus touché, avec 16,7 millions de déplacés en 2014, soit 87 % du nombre total sur la planète. Comme au cours des sept dernières années, la Chine, l’Inde et les Philippines sont les trois pays qui ont connu l’an passé les plus forts mouvements. Les deux plus grands désastres ont été provoqués par les typhons Glenda et Ruby aux Philippines, et ont entraîné à eux seuls le déplacement de plus de 4,8 millions de personnes.

En Afrique, les déplacements ont été en 2014 trois fois moins importants qu’en moyenne au cours des sept dernières années. Néanmoins, certains pays peuvent être durement touchés : au Soudan notamment, quelque 159 000 personnes ont encore été contraintes de se déplacer à cause des inondations lors de la saison des pluies.

Les déplacements en Europe représentent moins de 1 % de l’ensemble des mobilités forcées au niveau mondial. Néanmoins les Européens contraints de fuir en raison d’une catastrophe naturelle ont été en 2014 deux fois plus nombreux (190 000) qu’en moyenne au cours des sept dernières années, principalement à cause des inondations catastrophiques dans les Balkans.

Déplacements prolongés

Si les pays en développement payent le plus lourd tribu, les populations des régions les plus développées ne sont pas épargnées. Au Japon, le typhon Halong en août 2014 a provoqué le déplacement de 570 000 personnes.

L’IDMC insiste sur la complexité de la situation des déplacés qui souvent subissent aussi les conséquences d’un conflit. « En Bosnie, les inondations qui se sont produites en 2014 ont affecté des personnes qui, pour la plupart, avaient déjà été déplacées pendant la guerre des Balkans et n’avaient toujours pas trouvé de solution durable. Le même phénomène s’observe en Afghanistan où le déplacement forcé de populations est causé par une multitude de facteurs, la violence et le conflit armé mais aussi des tremblements de terre, des inondations et des glissements de terrain, explique Alexandra Bilak, qui s’alarme de ces situations de déplacements prolongés. Il persiste un mythe selon lequel un déplacement provoqué par une catastrophe naturelle est temporaire. Or ce phénomène touche un grand nombre de personnes, et pas dans les seuls pays en conflit ou les plus vulnérables. »

Aux Etats-Unis, sur les 430 000 personnes du New Jersey contraintes en octobre 2012 par l’ouragan Sandy de quitter leur foyer, 14 000 vivent encore dans des logements temporaires. « Il s’agit là principalement d’Afro-Américains et de Latino-Américains qui accèdent plus difficilement à l’assistance publique au logement », observe Mme Bilak.

L’IDMC insiste sur l’urgente nécessité d’une prise en compte de ces flux migratoires forcés dans les négociations internationales en cours. Si l’accord mondial sur le climat espéré à Paris en décembre devrait reconnaître le déplacement comme une conséquence importante du changement climatique, ce phénomène, s’inquiète-t-il, n’est pas traité en tant que tel parmi les Objectifs de développement durable qui doivent être adoptés cette année par la communauté internationale.

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