Grèce-Iran : Hollande et Fabius maîtres du monde !

Le président et son ministre des Affaires étrangères triomphent sans modestie excessive et s'attribuent un rôle aussi flatteur que disproportionné.

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François Hollande et son ministre des affaires étrangères Laurent Fabius.
François Hollande et son ministre des affaires étrangères Laurent Fabius. © AFP

Temps de lecture : 3 min

Oyez, oyez bonnes gens ! Désormais, le soleil ne se couche plus sur l'empire de François le Grand et de son ministre Laurent le Magnifique. Le monde est à leurs pieds, l'univers entier, subjugué, par tant de génie, leur rend une grâce justifiée. Le premier a sauvé l'Europe et la Grèce, le second est presque le deus ex machina de l'accord sur le nucléaire iranien.

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Les gazettes, dûment informées par les intéressés eux-mêmes ou leurs proches (on n'est jamais mieux servi que par soi-même), relaient à satiété le message laudateur. Les hérauts embouchent les trompettes de la victoire. Les thuriféraires agitent frénétiquement les encensoirs, les troubadours entonnent leurs odes flatteuses. Barack Obama et Angela Merkel sont relégués dans les coulisses de la grande histoire. Ils sont devenus des personnages de second plan, presque des marionnettes dans la prodigieuse scénographie hollandaise.

La vérité est, comme toujours, un peu plus triviale. Une once de modestie devrait s'imposer de toute urgence, même si ni François Hollande ni Laurent Fabius n'ont démérité sur les dossiers grec et iranien. Le président français a eu l'immense mérite de contribuer à faire avaler à Alexis Tsipras la potion allemande qui paraissait bien amère au Premier ministre grec élu sur un programme gauchiste échevelé et irresponsable. Au prix, certes, de quelques aménagements qui font maugréer Wolfgang Schäuble, le vieux grognard de la CDU, défenseur acharné du contribuable d'outre-Rhin et chantre d'une Europe fédérale à armature franco-allemande. Mais, finalement, c'est Tsipras qui a plié face aux injonctions de l'Allemagne et de l'Europe du Nord. Pas l'inverse. Dans ce psychodrame, Hollande a excellemment joué son rôle de « good cop », le gentil flic compréhensif cher aux feuilletons américains.

En revanche, dans le marchandage nucléaire iranien, Fabius s'est, a contrario, attribué la posture de « bad cop », le méchant qui fait monter les enchères. Il s'agissait, bien sûr, de s'assurer que l'accord soit « robuste » comme le répète l'excellent Laurent. Mais il fallait surtout montrer clairement à nos amis saoudiens que la France n'était pas en train de changer de cheval et demeurait fidèle à son alliance avec le monde sunnite, génératrice, entre autres, de fructueux contrats.

Un accord en demi-teinte

En fait, les Français savaient pertinemment que Barack Obama voulait coûte que coûte parvenir à un accord avec Téhéran. Ils ne pouvaient agir qu'à la marge, car, comme dans toute négociation, tout est en demi-teinte. Le verre est à moitié vide et à moitié plein. D'un côté, l'Iran donne le feu vert à des contrôles élargis de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), accepte une révision à la baisse de son stock d'uranium enrichi, une limitation de l'enrichissement (moins de 4 %) à un taux insuffisant pour fabriquer une bombe atomique. L'idée est de retarder l'échéance, de gagner du temps – en principe dix ans – en espérant que l'Iran sera redevenu véritablement fréquentable.

Car Téhéran conserve 6 000 centrifugeuses et sera autorisé à reprendre ses travaux de recherche et développement sur des machines IR-6 et IR-8 beaucoup plus performantes. Naguère encore, les « cinq + un » (États-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni, France, plus l'Allemagne) qui négocient avec Téhéran juraient qu'il n'était pas question d'autoriser Téhéran à conserver une capacité d'enrichissement autre que symbolique… Visiblement – nécessité géopolitique oblige –, l'objectif a été révisé à la baisse. Barack Obama a une approche stratégique : réinsérer l'Iran dans le concert des nations pour juguler le chaos proche-oriental. Face à cette volonté, les autres acteurs ne pesaient pas bien lourd.

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Commentaires (25)

  • Mimile

    Quand deux petits coqs pensent être les rois de la basse cour du monde
    ça ne donne pas grand chose
    ça rappelle celui qui est parti de rien et qui est arrivé à... Pas grand chose

  • Ilkart

    Il fallait surtout démontrer à Israël ! Que nous sommes encore ses meilleurs amis !

  • bernhard

    Trompettes
    De la Renommée,
    Vous êtes
    Bien mal embouchées !