Chômage : «L'inversion est engagée» selon Sapin, «pari perdu» pour Fillon

 

Chômage : «L'inversion est engagée» selon Sapin, «pari perdu» pour Fillon

    Alors que la droite tire à boulets rouges sur François Hollande après la publication des mauvais chiffres du chômage de novembre, le gouvernement persiste et signe : l'inversion de la courbe «est amorcée». Michel Sapin, ministre du Travail, l'a répété ce vendredi matin sur Europe 1.

    Selon un communiqué de François Hollande, jeudi soir, l'inversion de la courbe du chômage «est bien amorcée». «Ce mouvement pour être significatif doit se poursuivre mois après mois». «C'est une bataille de chaque jour», martèle le chef de l'Etat. Cette bataille, pour être gagnée, «suppose d'amplifier la reprise de la croissance économique à travers le soutien à l'investissement des entreprises», fait valoir M. Hollande. «Elle passe aussi par la pleine utilisation de tous les instruments en faveur de l'emploi : réforme du marché du travail, emplois d'avenir, contrats de génération», détaille-t-il.

    Michel Sapin, ministre du Travail, a défendu, lors d'une conférence de presse, le bilan du gouvernement et mis en avant les chiffres trimestriels plutôt que les relevés mensuels. « Il y a 1300 chômeurs en moins chaque mois, c'est bien une inversion de la courbe. En moyenne trimestrielle, nous avons une légère inversion de la courbe au 4e trimestre pour la catégorie A. C'est insuffisant car il y a beaucoup trop de chômeurs. Oui, le chômage recule modestement mais il recule. Le chômage recule sur les deux derniers mois du quatrième trimestre. C'est globalement satisfaisant car l'inversion est engagée.»

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    VIDEO. Chômage: l'inversion n'est pas confirmée en novembre

    La porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem s'est exprimée via les réseaux sociaux.

    Bruno Le Roux, président du groupe PS à l'Assemblée nationale estime dans un communiqué que «mois après mois la situation s'améliore même si elle n'est pas linéaire (...) Tout notre défi est de conforter et d'accélérer cette reprise. C'est le levier de la confiance pour les entreprises et la création d'emplois».

    François Rebsamen, président du groupe PS au Sénat, estime que l'examen des chiffres sur plusieurs mois «confirme que la progression mensuelle, inéluctable, du chômage est enfin stoppée». «L'inversion de la courbe du chômage est donc à notre portée et l'engagement pris par le président de la République est proche de devenir une réalité».

    Le premier secrétaire du Parti socialiste, Harlem Désir, a considéré que 2013 était l'«année de l'inversion» de la courbe du chômage. Au-delà des aléas statistiques au mois habituels en période de retournement -baisses en août et octobre, ressacs en septembre et novembre-, le quatrième trimestre 2013 s'annonce comme celui de l'inversion de la courbe du chômage», écrit Harlem Désir dans un communiqué. «Le Parti socialiste salue et soutient le gouvernement qui a engagé toutes ses forces dans la bataille de l'emploi sans négliger aucune piste», conclut Harlem Désir.

    La droite tire à boulets rouges

    Le président de l'UMP, Jean-François Copé, a demandé à François Hollande de «prendre acte de son échec». Selon lui, «la multiplication des contrats aidés et des radiations n'aura pas suffi à masquer l'implacable réalité: le nombre de chômeurs n'a jamais été aussi élevé dans notre pays». «Ecrasées d'impôts, de taxes, de normes, soumises à des décisions politiques néfastes et à une instabilité permanente, les entreprises n'arrivent plus à produire en France et à créer des emplois», dénonce le président de l'UMP. «Je demande solennellement à François Hollande de s'inspirer des mesures que nous avons proposées et d'en finir avec l'idéologie et l'amateurisme», poursuit M. Copé, citant parmi ces mesures la «fin des 35 heures», la «baisse du coût du travail et de la fiscalit?ou encore «la simplification drastique des normes».

    D'après l'ancien Premier ministre, François Fillon, «Ce soir le piège se referme un peu plus sur François Hollande qui est en passe de perdre son grand pari politique d'inverser la courbe du chômage. Cet échec prévisible est le résultat d'une mauvaise stratégie économique. Aucune décision forte n'est intervenue pour se donner véritablement les moyens de cette inversion. Alors que le gouvernement aurait dû accélérer sur l'investissement, sur la compétitivité et le désendettement, la France est redevenue championne d'Europe des impôts. Le premier tiers du quinquennat de François Hollande n'a été que du temps perdu pour l'économie française face à l'urgence du redressement national.»

    Dominique Bussereau, ancien ministre des Transports, a réagi sur Twitter.

    Yves Jégo, délégué général de l'UDI et ancien secrétaire d'Etat à l'Outre-mer, juge dans un communiqué «qu'aucune perspective durable de baisse significative du chômage ne semble hélas poindre à l'horizon». «La France paye ainsi très cher la double erreur économique d'une majorité socialiste qui a préféré le gourdin fiscal aux réformes structurelles indispensables pour baisser la dépense publique».

    Le député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti s'est laissé aller à un trait d'humour sur Twitter.

    Pour Florian Philippot, le vice-président du Front national interrogé sur i-Télé: «C'est un nouveau bug de communication car ce gouvernement à défaut d'agir, comme le précédent, compense par de la surcommunication, avec cette histoire folle d'inversion de la courbe pour la fin 2013. Le gouvernement doit se fixer un seul objectif: relancer la croissance, la création de valeurs, et donc l'emploi, car il est évident que le chômage continue d'augmenter dans un pays qui est à 0% de croissance (...) On espère bien sûr que le chômage va diminuer, on peut croire aux miracles, mais il n'y a pas de raison que ça arrive.»

    Medef et syndicats sceptiques

    Pour Eric Aubin, secrétaire confédéral de la CGT, il n'y a «pas de cadeau de Noël pour le gouvernement et la galère se poursuit pour les demandeurs d'emploi. Trois clignotants continuent d'être au rouge: le chômage des jeunes, le chômage des seniors et le chômage de longue durée. Les emplois aidés sont certes utiles, mais ça ne fait pas une politique de l'emploi. Il faut remettre à plat les aides publiques et redéfinir une autre politique de l'emploi. C'est la seule solution pour inverser la courbe du chômage. En dessous de 1,5% de croissance, on ne créé pas d'emplois. Pour moi (François Hollande) a perdu son pari. Là, l'inversion, il ne faut pas s'y attendre».

    Selon la secrétaire générale adjointe de la CFDT, Véronique Descacq, «ces chiffres sont décevants et médiocres et montrent qu'il faut poursuivre avec plus de volontarisme les politiques de soutien à l'emploi», notamment la formation des chômeurs et le dispositif des contrats de génération, qui n'a «pas bien marché». «D'un mois à l'autre, on voit qu'on a vraiment du mal à sortir du chômage les seniors et les chômeurs de longue durée. Nous n'avons jamais tellement misé sur l'inversion (de la courbe du chômage). Notre préoccupation est vraiment de faire en sorte que par l'intermédiaire des dispositifs aidés, les jeunes et les plus éloignés de l'emploi remettent le pied à l'étrier. Mais c'est aussi que l'économie reparte sur un rythme de croissance et de confiance en elle qui fasse que l'investissement et les créations d'emplois reprennent».

    Dans un communiqué, le Medef explique que «les réformes structurelles sont nécessaires pour engager une dynamique durable de création d'emplois». Cela «ne pourra se faire que grâce à des entreprises compétitives et les emplois aidés ne sont que des outils conjoncturels». Le patronat appelle à un «allégement de la fiscalité pesant sur les entreprises, l'allégement du coût du travail» et «la simplification de notre réglementation». Il plaide pour une «baisse des prélèvements obligatoires et des dépenses publiques» pour «redonner de l'air aux entreprises comme aux citoyens».

    Enfin, Force Ouvrière, par l'intermédiaire de son secrétaire conféderal, Stéphane Lardy, juge que «l'inversion de la courbe du chômage n'est pas pour aujourd'hui. Effectivement ça augmente moins vite qu'avant mais globalement on a une situation qui stagne, avec sans doute des passages de catégories à d'autres. On laisse toujours les mêmes derrière: le chômage des seniors augmente, celui des demandeurs d'emploi de longue durée ne bouge pas. Et malheureusement l'absence de croissance fait que le nombre de chômeurs ne va pas diminuer. Les entreprises continuent à supprimer des postes pour regagner des marges, de la productivité. Le risque majeur en 2014 c'est une croissance sans emploi.»