France's socialist party (PS) former first secretary and candidate for the socialists primary elections for the 2012 presidential election, François Hollande delivers a speech during his first campaign meeting on April 27, 2011 in Clichy-la-Garenne, outside Paris.   AFP PHOTO JACQUES DEMARTHON

Des meetings de la primaire, comme celui de Clichy-la-Garenne, le 27 avril 2011, auraient dû être intégrés dans les calculs.

AFP PHOTO/JACQUES DEMARTHON

En examinant les comptes de François Hollande pour l'élection présidentielle, les membres de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) sont restés pantois devant la faiblesse des informations fournies. Après l'élection de mai 2012, ils ont donc écrit - ils l'ont également fait pour d'autres candidats - au trésorier de la campagne, Jean-Jacques Augier, pour lui réclamer pas moins de 450 justificatifs (contrats, devis, factures) supplémentaires, concernant des frais de déplacements, de restauration, de matériel de propagande, de conseil en image. C'est ce qu'il ressort d'un échange de courriers jusqu'alors confidentiel - une décision du Conseil d'Etat vient de rendre ces documents consultables.

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Des événements oubliés

Dans une lettre du 17 septembre 2012, la commission déplore "l'absence de communication de pièces justificatives indispensables, l'insuffisance des explications et précisions nécessaires à l'authentification des facturations, l'incertitude du caractère électoral de certaines d'entre elles, l'imputation de frais postérieurs au scrutin, outre d'apparentes incohérences d'écritures comptables". Parfois, des événements importants ont été carrément oubliés. "Aucune dépense relative à l'inauguration du 59, avenue de Ségur [le QG du candidat], le 11 janvier 2012, ne semble avoir été imputée au compte de campagne", constate la CNCCFP.

"La dépense a été omise", reconnaît Augier. La plupart du temps, les questions portent sur le caractère lacunaire des factures. Par exemple, l'instance de contrôle exige un "détail des prestations" à propos d'une dépense de 5854 euros, liée à la venue à Paris pour trois jours de deux experts en communication londoniens. Il arrive aussi que les dépenses soient comptées deux fois ou surévaluées par erreur, au risque pour François Hollande de dépasser le plafond ouvrant droit à un remboursement ! 44 153 euros de frais de personnel correspondent ainsi à des salaires versés après le second tour, qui ne doivent donc pas figurer.

Les meetings de la primaire posent un autre type de problème - auquel la droite va être confrontée en 2016. Faut-il les intégrer dans les calculs? Oui, dit la CNCCFP, à trois conditions : si l'événement a lieu dans l'année qui précède la présidentielle, s'il concerne le candidat finalement investi et s'il est destiné à tous les électeurs et non aux seuls militants.

A ce titre, la réunion de Clichy-la-Garenne, le 27 avril 2011, aurait dû être retenue. "Il n'y a eu aucune retombée médiatique et l'auditoire n'a pas dépassé le cercle des militants du PS", minimisent les hollandais. Faux, réplique la commission, articles de journaux à l'appui. Idem pour le meeting d'Annequin (Nord), le 28 juin 2011.

A nouveau, l'équipe de Hollande essaie une parade : "Les journalistes se sont perdus en route et le camion de France 3 a été victime d'une crevaison." Au final, le compte de campagne de François Hollande sera validé : certains frais seront réintégrés, d'autres retirés, aboutissant à une minoration de 50 000 euros par rapport à la somme initialement déclarée.


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