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Attentat à Beyrouth : le Hezbollah et Damas mis en cause

Une explosion a tué sept personnes vendredi matin dans le centre de la capitale libanaise. L'attentat visait Mohammad Chatah, conseiller de l'ex-premier ministre Saad Hariri, chef de la coalition hostile au régime syrien.

Le Monde

Publié le 27 décembre 2013 à 09h27, modifié le 28 décembre 2013 à 12h30

Temps de Lecture 4 min.

Un attentat dans le centre de Beyrouth, la capitale libanaise, vendredi 27 décembre, a tué Mohammad Chatah, un proche conseiller de l'ex-premier ministre Saad Hariri, le chef de la coalition hostile au régime syrien, selon des informations rapportées par des membres de cette coalition et l'Agence nationale d'information (ANI). Le chauffeur de Mohammad Chatah, dont le convoi était visé, est également mort. Cinq autres personnes ont été tuées et cinquante blessées, selon le ministère de la santé.

Chatah, ex-ministre des finances et ancien ambassadeur du Liban à Washington, se dirigeait vers la maison de Saad Hariri, absent du pays depuis 2011, où devait se tenir dans la matinée une réunion de la coalition dite du « 14-Mars », hostile au régime de Bachar Al-Assad et appuyant l'opposition syrienne. Agé de 62 ans, marié et père de deux enfants, Mohammad Chatah était considéré comme le représentant au Liban de Saad Hariri.

Le président de la République, Michel Sleimane, et le premier ministre sortant, Najib Mikati, ont salué une « personnalité modérée ». Le président français, François Hollande, a condamné un « lâche attentat ». L'Arabie saoudite a « fermement » condamné « une attaque terroriste scandaleuse », et le Qatar a dénoncé un « acte criminel en contradiction avec toute les valeurs humaines ». Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a assuré que la communauté internationale était déterminée à défendre la « sécurité et la stabilité » du Liban. Les ambassadeurs de France, des Etats-Unis et de Grande-Bretagne, pays qui soutiennent la coalition du 14-Mars, se sont rendus sur le lieu de l'attentat.

LE HEZBOLLAH ET DAMAS MIS EN CAUSE

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Quelques heures après l'explosion, Saad Hariri a directement mis en cause la responsabilité du Hezbollah, le mouvement chiite qui avait provoqué la chute de son gouvernement. « Pour nous, les accusés sont (…) les mêmes qui se dérobent à la justice internationale (…) et ceux qui propagent l'incendie régional à la nation [libanaise] », a déclaré M. Hariri dans un communiqué. Une référence au Hezbollah, qui refuse de remettre à la justice internationale cinq de ses membres inculpés dans l'assassinat, le 14 février 2005, de son père, l'ex-premier ministre Rafic Hariri. L'attentat survient en effet vingt jours avant le début du procès des responsables présumés de ce meurtre, qui avait plongé le Liban dans la tourmente.

C'est d'ailleurs au Hezbollah que Mohamed Chatah a consacré son dernier tweet, une heure avant l'explosion :

« Le Hezbollah insiste pour qu'on lui accorde les mêmes pouvoirs que la Syrie a exercés au Liban pendant quinze ans dans les domaines de la sécurité et des affaires étrangères. »

« Le meurtrier est le même, celui qui est assoiffé de sang syrien comme du sang libanais (...) de Beyrouth, à Tripoli (...) à l'ensemble du Liban, le meurtrier est le même, lui et ses alliés libanais, de Deraa, à Alep, à Damas, à toute la Syrie », a affirmé l'ex-premier ministre Fouad Siniora en lisant un communiqué de la coalition du 14-Mars. Il faisait référence au régime de Bachar Al-Assad, engagé dans une guerre sanglante contre une rébellion qui cherche à le renverser depuis plus de deux ans et demi.

Damas a immédiatement démenti toute implication dans cet attentat. « Ces accusations arbitraires et sans discernement émanent de haines politiques », a affirmé le ministre de l'information syrien, Omrane Al-Zohbi, cité par l'agence d'information officielle Syrian Arab News Agency (SANA). « Certaines personnalités au Liban n'ont jamais cessé d'accuser [le pouvoir à Damas] à chaque fois qu'un assassinat douloureux se produit dans le pays frère qu'est le Liban », a poursuivi le ministre, une allusion à l'alliance du 14-Mars.

Sans réagir aux accusations de la coalition du 14-Mars, le Hezbollah a pour sa part qualifié l'assassinat de Mohammad Charah de « tentative répugnante de porter atteinte à la stabilité et à l'unité nationale, qui ne profite qu'aux ennemis du Liban ». « Le Hezbollah estime que ce crime ignoble s'inscrit dans le cadre de la série des crimes et des attentats qui visent à détruire le pays », a déclaré le mouvement chiite libanais.

REGAIN DES VIOLENCES

L'explosion, puissante et ressentie à travers la capitale libanaise, s'est produite dans une des artères du centre de la ville menant à une maison où la coalition tient régulièrement des réunions. Des images diffusées par la chaîne locale Future TV ont montré plusieurs voitures et des corps en flammes dans les rues. Des ambulances étaient sur place pour secourir les blessés et de nombreux débris jonchaient le sol. Cette photographie, prise par une journaliste sur place, témoigne de la violence de la déflagration :

 

Un attentat à la voiture piégée a tué un conseiller de l'ancien premier ministre Saad Hariri vendredi 27 décembre.

Le Liban est à nouveau le théâtre de violents attentats. Beyrouth a ainsi été frappée plusieurs fois depuis l'été, des bastions du mouvement chiite Hezbollah étant pris pour cibles. Le dernier en date, au mois de novembre, avait ciblé l'ambassade d'Iran et tué vingt-trois personnes. Le pays s'enfonce dans la violence à mesure que la crise syrienne dure. De 2005 à 2012, une série d'attentats et d'assassinats a visé neuf hommes politiques et des journalistes hostiles au régime de Bachar Al-Assad, ainsi que des responsables de l'armée et de la police considérés comme proches de ce camp.

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