France Télévisions va doubler ses pertes cette année
•Le déficit va s'élever à 10 millions d'euros au lieu des 5 millions prévus.•Rémy Pflimlin part néanmoins avec le « sentiment du devoir accompli ».
« Soyez tenace ! » Début juillet, Rémy Pflimlin évoquait la délicate condition de président de France Télévisions en donnant un « tuyau » à celle qui le remplacera fin août, Delphine Ernotte. Ce conseil prend tout son sens à la lumière de l'annonce qui a été faite vendredi par le groupe public : la perte de France Télévisions devrait être doublée pour 2015, par rapport à ce qui était initialement prévu. Le déficit devrait ainsi s'élever à 10 millions d'euros, au lieu de 5 millions, a prévenu le groupe. C'est une mauvaise nouvelle pour Delphine Ernotte, même si les pertes ont été réduites par rapport aux 40 millions de déficit en 2014.
Diminution des ressources
La dégradation des comptes a plusieurs explications. D'abord, la dotation budgétaire de l'Etat à France Télé a une nouvelle fois été revue à la baisse. Cette année, le groupe aura 20 millions de ressources en moins, par rapport à l'avenant du contrat d'objectifs et de moyens passé en 2013 avec l'Etat. A l'époque, le ministère de la Culture avait prévenu Rémy Pflimlin que ses ressources allaient diminuer de 300 millions d'euros d'ici à 2015. Et l'avait autorisé à présenter des budgets en déficit en 2013 et 2014, pour un « quasi-retour » à l'équilibre en 2015.
Le groupe public relève aussi un « affaiblissement marqué de ses recettes de parrainage », précisant bien que c'est le cas pour « l'ensemble du secteur ». Les recettes « classiques » (les spots), en revanche, laissent « entrevoir de bonnes perspectives d'atterrissage en 2015 », souligne France Télé. Début juillet, Rémy Pflimlin avait affirmé que les recettes « pub » étaient en hausse de 7 % sur un an. De fait, les performances des programmes de France Télé sont plutôt bonnes en cette fin de saison, après une période de turbulences. En juin, les chaînes publiques étaient toutes en hausse à l'audimat, sauf France 3, qui stagne par rapport à l'an dernier. Le journal télévisé de France 2, la chaîne phare de la télé publique, s'est rapproché en audience de celui de TF1, et la politique de fiction française menée depuis quelques années commence enfin à porter ses fruits.
Pour ne pas faire déraper davantage les finances, le groupe a « d'ores et déjà pris des mesures d'économies supplémentaires ». Il semble aussi attendre une bonne surprise du côté du plan des départs volontaires de 340 personnes, bien avancé, qui pourrait finalement coûter moins cher que prévu. « Je regrette de ne pas avoir été reconduit, j'avais vraiment envie de continuer », avouait Rémy Pflimlin, disant partir avec un état d'esprit « mélancolique, mais avec le sentiment du devoir accompli ». Sans oublier un regard attentif sur la future lecture de son bilan.
Julien Dupont-Calbo