Trop pauvres pour financer l’école, des paysans confient leurs enfants à des familles de la ville ou à des fermiers plus riches, dans l’espoir qu’ils pourront recevoir une éducation. Mais les choses ne se passent pas toujours comme l’espèrent les parents, relate le quotidien argentin La Nación qui consacre un article de fond à l’esclavage domestique des enfants au Paraguay voisin.

Selon les statistiques, note La Nación, quelque 50 000 enfants entre 5 et 17 ans seraient ainsi des esclaves domestiques. Le Paraguay connaît une forte croissance depuis plusieurs années, mais ses bons chiffres n’ont pas réduit les inégalités. “Notre développement économique n’est pas humain”, dénonce dans La Nación la directrice d’une ONG de protection de l’enfance paraguayenne, Global Infancia.

Le 12 juillet, la visite du pape François dans la banlieue d’Asunción avait mis le sujet sur le devant de l’actualité. Le Saint-Père y avait rencontré plusieurs jeunes, dont Manuel, 18 ans, qui avait eu ces mots : “J’ai été exploité et maltraité.” Le jeune homme a révélé à cette occasion sa sordide histoire de críadito [diminutif de crío : “gosse”], un mot qui désigne le travail domestique des enfants indigènes. Il a raconté au journal son réveil en pleine nuit (à 2 heures) pour traire les vaches, les mauvais traitements et l’incessante litanie des tâches quotidiennes jusqu’à 21 heures. Et d’école, il n’en a jamais été question pour lui.

Manuel a finalement eu un coup de chance : à 15 ans, il a pu retourner dans sa famille et commencer à aller à l’école grâce à l’aide d’amis et de voisins.