Euthanasiés pour souffrance mentale
La moitié des demandes d’euthanasie pour «souffrance mentale», venant de femmes et de dépressifs surtout, ont été acceptées de 2007 à 2011.
- Publié le 29-07-2015 à 06h00
La pratique reste très minoritaire, mais elle existe bel et bien. Toutes les personnes euthanasiées en Belgique ne sont pas des malades en phase terminale. Sur 2 086 euthanasies effectuées entre 2010 et 2011, les patients ne l’étaient pas dans près de 10% des cas. On invoque alors une «souffrance psychique insurmontable».
Plus de la moitié en dépression
Une équipe de six médecins et scientifiques belges a analysé les demandes d’euthanasie pour «souffrance mentale inapaisable» introduites par 100 patients entre octobre 2007 et décembre 2011. C’est la première fois qu’une telle étude, sur ce sujet délicat, est publiée.
La plupart (90 personnes) présentaient des troubles psychiatriques déjà diagnostiqués, en particulier un état de dépression (58) ou un trouble de personnalité (50). Parfois les deux. Fait notable: chez 12 de ces personnes, on a diagnostiqué un syndrome d’Asperger. Il a fallu un examen psychiatrique approfondi chez ces patients, qui disposaient d’un quotient intellectuel normal voire élevé, pour établir le syndrome autistique.
Des femmes, plutôt jeunes
L’échantillon de cette étude publiée dans le British Medical Journal, et relayée chez nous par le Journal du Médecin, se composait de patients entre 21 et 80 ans. Mais avec un âge moyen de 47 ans, ce qui est beaucoup plus jeune que la moyenne pour l’ensemble des demandes d’euthanasie, qui tourne plutôt autour des 60 ans.
Autre fait notable: la grosse majorité des demandes (77 sur 100) provenaient de femmes, ce qui «contraste très nettement avec la distribution 50-50 pour les demandes émanant de patients en phase terminale», notent les scientifiques.
48% jugées recevables
La procédure d’euthanasie pour «souffrance mentale» prend du temps. Après la démarche auprès de leur médecin généraliste, il s’est écoulé en moyenne 8 à 9 mois entre la demande exprimée lors de la première entrevue avec le docteur Lieve Thienpont, une psychiatre liée à l’association flamande de défense du droit de mourir dignement, et l’intervention de mise à mort.
Quarante-huit pour cent des demandes fondées sur des raisons «psychiques» ont été estimées recevables mais, au final, 35 patients seulement ont été euthanasiés. Deux personnes s'étaient suicidées avant les interventions médicales. Onze autres se sont finalement rétractées, dont 8 ont expliqué que l'accueil favorable de leur démarche les avait «rassurées». Deux autres ont retiré leur candidature en «cédant à la pression familiale».
Selon l'étude, la procédure d'euthanasie est généralement décrite comme «un acte calme et digne». Sur l'ensemble des 35 patients euthanasiés, 30 ont fini leurs jours entourés par leurs proches et 28 à domicile.