
Le gouvernement israélien, soumis à de fortes pressions, a annoncé dimanche 2 août des mesures punitives contre les extrémistes juifs après la mort de trois jeunes Palestiniens vendredi, dont un bébé, et une attaque au couteau contre six personnes participant à la Gay Pride de Jérusalem, jeudi soir.
L’une des adolescentes poignardées jeudi, Shira Banki, une lycéenne âgée de 16 ans, est morte dimanche après avoir été admise à l’hôpital « dans un état critique ». Vendredi, un bébé de 18 mois, Ali Dawabcheh, était mort brûlé, et ses parents et son frère avaient été grièvement blessés lors d’une attaque d’extrémistes juifs, qui avaient jeté des cocktails Molotov contre leur maison, près de Naplouse, en Cisjordanie.
Mise en détention administrative autorisée
De l’opposition israélienne à l’ONU, en passant par les Palestiniens, tous ont dénoncé l’attaque contre la famille Dawabcheh, un acte rendu possible par « l’impunité » dont jouissent, selon différentes ONG, les colons et autres activistes d’extrême droite.
Des rassemblements ont eu lieu samedi à travers Israël pour dénoncer l’attaque contre la Gay Pride. A Jérusalem, des heurts ont de nouveau opposé Palestiniens et policiers israéliens dimanche sur l’esplanade des Mosquées, avant un retour au calme, après deux jours de protestations en Cisjordanie et à Jérusalem.
Face à cette situation, le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a promis la « tolérance zéro » vis-à-vis des responsables des attaques, et son ministre de la défense, Moshé Yaalon, a autorisé la mise en détention administrative – c’est-à-dire sans charge et pour une durée illimitée – des terroristes à l’origine des attaques. Cette mesure, habituellement réservée aux Palestiniens, pourrait donner aux enquêteurs le temps de réunir les preuves nécessaires à un procès, expliquent les médias.
Mais trois jours après l’attaque contre la famille Dawabcheh, les auteurs sont toujours en fuite, et les Palestiniens placent peu d’espoir dans le gouvernement israélien, sur lequel les partisans de la colonisation et de la droite nationaliste et religieuse ont la haute main.
85,3 % des plaintes classées sans suite
Depuis des années, des extrémistes juifs agressent, au nom du « prix à payer », des Palestiniens et des Arabes israéliens, vandalisent des lieux de culte musulmans et chrétiens ou s’en prennent même à l’armée israélienne. Les Palestiniens affirment avoir recensé « 11 000 attaques en dix ans ». Selon l’ONG israélienne Yesh Din, 85,3 % des plaintes de Palestiniens contre des colons sont classées sans suite.
Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a d’ailleurs raillé vendredi les méthodes de l’armée israélienne. « Elle les garde une heure pour une enquête, puis les relâche et ils peuvent reprendre leurs attaques. » Ces attaques sont, selon lui, le « résultat direct » de la « politique de colonisation d’Israël », qui a mené à l’installation d’environ 400 000 colons en Cisjordanie et de 200 000 à Jérusalem-Est, occupée et annexée.
L’ex-président Shimon Pérès a dénoncé indirectement la responsabilité de M. Nétanyahou, lors d’un rassemblement samedi à Tel-Aviv. « Celui qui incite à la haine contre les Arabes d’Israël, qu’il ne s’étonne pas lorsqu’on incendie des églises, des mosquées et qu’à la fin on brûle un bébé dans la nuit. »
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