Une équipe médicale procède à une opération à coeur ouvert dans un bloc opératoire du CHU d'Angers, le 24 octobre 2013

Les professionnels de santé auraient de plus en plus recours à leur smartphone en plein travail.

afp.com/Jean-Sébastien Evrard

Peut-on pianoter sur son smartphone au boulot même lorsqu'on est chirurgien? Une étude publiée par le site Medscape France et repérée ce lundi par Le Parisien s'inquiète sur l'omniprésence des téléphones portables dans les salles d'opération. "Tout le monde a le portable au bloc et tout le monde l'utilise. Cela commence à devenir un problème", confirme un professeur parisien en cancérologie auprès du quotidien.

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Selon le spécialiste, dans les hôpitaux français, "ça ne téléphone pas à haute voix mais ça pianote à tout-va" et pour "des raisons qui n'ont rien à voir avec la médecine."

Des incidents aux Etats-Unis

Si aucun chiffre n'est cité, l'enquête rapporte qu'un certain nombre d'incidents sont déjà survenus aux Etats-Unis du fait de cette tendance. Au Texas, une femme de 61 ans serait ainsi décédée en raison de l'inattention de l'anesthésiste, trop occupé à envoyer des SMS. "Il semble qu'il a oublié que cinq minutes est une éternité en médecine: le cerveau peut mourir en quelques minutes dès qu'il n'a plus d'oxygène", relatait à l'époque le journal Pacific Standard.

En France, aucune erreur de ce type n'a encore été recensée, mais la question d'un durcissement du règlement se pose. Une loi de 1995 interdit l'usage du téléphone portable dans les hôpitaux mais a été assouplie à Paris et n'est guère respectée dans le reste de la France. Car désormais, la technologie fait partie des progrès de la médecine et de la chirurgie.

Des microbes à foison sur les smartphones

"Revers de la médaille, ils (les progrès technologiques, ndlr) ont aussi, dans le même temps, augmenté les sources de distraction. Difficile de ne pas vérifier compulsivement ses e-mails, répondre dans la seconde aux textos, faire son shopping en ligne, etc: le pouvoir addictif et distractif de l'Internet est, on le sait tous, énorme et il n'y a pas de raison que les professionnels de santé y soient moins sensibles que les autres", écrit le site Medscape.

Outre une baisse de vigilance, le recours au téléphone portable en salles d'opération pose des questions sur l'hygiène. Car comme l'indiquait une étude britannique publiée en 2010, les dangers de ces gadgets résident dans les microbes véhiculés. Escherichia Coli, salmonelles, streptocoques, staphylocoques dorés: les téléphones portables contiendraient... 500 fois plus de bactéries qu'un siège de toilettes.

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