Le 16 juillet 1945, à l’issue du premier tir nucléaire grandeur nature, dit « Trinity », au Nouveau-Mexique, le physicien américain Kenneth Bainbridge, responsable de l’essai, avait déclaré à Robert Oppenheimer, patron du projet Manhattan : « Maintenant nous sommes tous des fils de putes » (« Now we are all sons of bitches »).
Trois semaines plus tard, le 6 août, le bombardier américain Enola Gay larguait la bombe « Little Boy » sur Hiroshima, au Japon, qui tuait 80 000 personnes d’un coup.
Alors que le monde commémore soixante-dix ans plus tard ce drame, nous avons interrogé des chercheurs d’aujourd’hui pour savoir s’ils ont le sentiment que leur discipline, ou d’autres, préparent elle aussi des révolutions potentiellement dangereuses pour l’humanité. Et qui, comme le génie du feu atomique, peuvent être difficiles à remettre dans leur boîte.
Pour cela, nous avons adressé un même questionnaire en sept points, à plusieurs scientifiques exerçant dans des domaines variés. Chaque jour de cette semaine, Le Monde vous publiera un de ces entretiens, qui feront également l’objet, sous une forme résumée, d’une double page dans le quotidien du 8 août.
- Premier chapitre - Noel Sharkey, spécialiste de l’intelligence artificielle : « Lorsque des machines répondront à des algorithmes secrets, personne ne pourra prédire l’issue d’un conflit »
- Deuxième chapitre - Michele Mosca, mathématicien : « Une cyberattaque quantique aurait un effet dévastateur sur nos vies »
- Troisième chapitre - Emmanuelle Charpentier, microbiologiste : « Nous ne connaissons pas les effets à long terme des modifications génétiques »
- Quatrième chapitre - François Jacquemard, gynécologue obstétricien : « le dépistage génétique doit impérativement être accompagné, organisé, valorisé »
- Cinquième chapitre - Simon Wain-Hobson, virologue : « Pourquoi rendre les microbes plus dangereux ? »
- Sixième chapitre - Rob Carlson, biologiste : « Politiciens et industriels devraient être responsables de la façon dont ils utilisent la science »
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