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Les migrants, angle d’attaque estival de la droite

L’opposition dénonce la politique de l’exécutif face à l’arrivée massive de migrants, cherchant du même coup à occuper le terrain face au FN.

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Publié le 04 août 2015 à 18h43, modifié le 05 août 2015 à 16h41

Temps de Lecture 3 min.

Des migrants devant l'entrée du site d'Eurotunnel, à Coquelles, près de Calais le 29 juillet 2015.

Au cœur de la trêve estivale, la crise des migrants à Calais et à Paris a offert une fenêtre de tir à la droite pour critiquer l’exécutif. En première ligne, le député de l’Aisne du parti Les Républicains (LR), Xavier Bertrand, a d’abord proposé dans le JDD de « laisser partir les migrants » en Angleterre avant de mettre la pression sur la majorité socialiste. « Je demande à Bernard Cazeneuve et Manuel Valls d’être plus fermes, plus offensifs à l’égard du gouvernement anglais », a-t-il répété, mardi 4 août sur RTL, en agitant la peur de voir des « barbelés tout le long du littoral. » « Pas question de laisser dénaturer la Côte d’Opale pour faire plaisir aux Anglais. »

A Paris, l’occupation d’un lycée professionnel désaffecté du 19e arrondissement a entraîné une salve de communiqués. Claude Goasguen, député de Paris, a dénoncé un « précédent qui constitue un attrait toujours plus important des migrants », et Nadine Morano, députée européenne, a pris la même ligne, évoquant un « appel d’air considérable à l’immigration illégale », tout en dénonçant dans le même texte la saleté des rues de Paris « envahies de SDF, de matelas sur les trottoirs. Une honte pour l’image de la France ».

Un bilan comparable

Depuis des semaines, la droite affiche sa fermeté en réclamant une stricte application de la loi, notamment en matière de reconduite à la frontière des demandeurs d’asile déboutés. Mardi, Eric Ciotti, secrétaire général adjoint de LR, a ainsi enjoint au gouvernement de mettre en place « une politique responsable, cohérente et lucide, se traduisant par une application ferme et résolue de la politique de reconduite des étrangers en situation irrégulière ».

« A Calais comme à Paris, nous sommes en train de créer des abcès de fixation qui profitent aux passeurs et nuisent aux vrais demandeurs d’asile à la dérive », explique au Monde Roger Karoutchi, rapporteur spécial de la mission « Immigration, asile et intégration » au Sénat : « Il faut reconduire à la frontière ceux qui n’ont pas de raison de demander l’asile, sinon à quoi cela sert que nous votions des lois ? »

Le Front national s’est engouffré dans la brèche mercredi et a accusé Nicolas Sarkozy de porter une « responsabilité historique » dans « l’aggravation des flux d’immigration clandestine dans notre pays ». « C’est lui qui a déstabilisé la Libye avec le soutien de François Hollande », a lancé sur RTL la présidente du parti, Marine Le Pen, assénant : « La classe politique française passe sa vie à essayer d’aller chercher des responsabilités ailleurs, alors que c’est eux les responsables de la situation. »

Si la droite accuse la gauche de laxisme, les deux camps ont pourtant un bilan comparable en matière de reconduites à la frontière. En 2014, le ministère de l’intérieur a ainsi procédé à 27 606 « éloignements » d’immigrés illégaux (27 081 en 2013). Cette baisse par rapport au pic de 2012 (36 822 expulsions) est à relativiser, puisque le nombre d’expulsions en 2014 correspond environ à celui de 2010, à l’époque de la présidence de Nicolas Sarkozy (28 126). Mais la droite estime que la pression migratoire a augmenté et que la gauche n’est pas assez montée en puissance. Le nombre de demandes d’asile progresse en effet continuellement depuis 2007 (29 937 cette année-là contre 50 952 en 2014). « La situation migratoire de 2015 n’a rien à voir avec celle de 2003 », justifie M. Karoutchi, alors que Xavier Bertrand s’en est pris aux accords du Touquet, signés le 4 février 2003 par Nicolas Sarkozy, à l’époque ministre de l’intérieur.

Opposition frontale

Au niveau législatif, les parlementaires LR continuent également à s’opposer frontalement. Ils ont voté contre la réforme du droit d’asile, adoptée définitivement le 15 juillet, qui vise notamment à réduire la durée moyenne de traitement des demandes.

Une semaine plus tard, les députés LR ont également voté contre le projet de loi sur le droit des étrangers, dont certains articles facilitent les reconduites à la frontière. Depuis son retour à la vie politique, Nicolas Sarkozy prône, lui, une refonte totale du droit migratoire européen avec la mise en place d’un Schengen 2, où tous les pays signataires se mettraient d’accord sur des conditions d’asile communes.

Son principal rival à droite, Alain Juppé, s’y oppose en réclamant un renforcement des moyens de Frontex dans le cadre de Schengen. Divisés sur ce sujet, les dirigeants de la droite sont en tout cas d’accord sur une chose : à quelques mois des élections régionales, ils ne peuvent pas laisser le terrain de l’immigration au FN. Cela explique l’activisme de Xavier Bertrand, candidat dans la région Nord–Pas-Calais–Picardie, où il affrontera Marine Le Pen.

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