Enfants-soldats : cinq États africains sur la liste noire du département d’État américain

La RDC, le Nigeria, la Somalie, le Soudan et le Soudan du Sud. Sur la liste américaine des gouvernements qui ont recruté, directement ou indirectement, des enfants-soldats en 2015 figurent cinq pays africains sur huit.

Opération de désarmement d’enfants-soldats dans la région du Pibor, au Soudan du Sud, le 10 février 2015. © Charles Lomodong/AFP

Opération de désarmement d’enfants-soldats dans la région du Pibor, au Soudan du Sud, le 10 février 2015. © Charles Lomodong/AFP

Publié le 6 août 2015 Lecture : 3 minutes.

Des milliers d’enfants sont enrôlés dans des groupes armés en Afrique. Le phénomène n’est pas spécifique au continent, mais il est plus surprenant d’y voir des forces armées nationales ou des milices soutenues par le gouvernement recruter des jeunes de moins de 18 ans (la définition de l’enfant, selon le droit international).

Fin juillet, le département d’État américain a publié une liste de huit pays accusés d’avoir recruté, directement ou indirectement, des enfants-soldats entre le 1er avril 2014 et le 31 mars 2015. Dans ce palmarès peu glorieux figurent cinq pays africains, aux côtés de la Birmanie, de la Syrie et du Yémen.

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Le Nigeria, nouveau-venu sur la liste

Cette année, le Nigeria fait son entrée dans la « Liste américaine de la loi de prévention sur les enfants-soldats » (Child Soldiers Prevention Act List). Outre Boko Haram qui recrute de force des centaines d’enfants, une milice d’autodéfense soutenue par le gouvernement compterait elle aussi dans ses rangs des enfants-soldats. Une définition qui inclut les mineurs recrutés comme combattants, mais aussi ceux qui sont utilisés comme cuisiniers, porteurs, messagers ou esclaves sexuels.

La RDC et la Somalie, pays systématiquement listés par les Américains depuis quelques années, enregistrent cependant des améliorations notables en 2015. Les plans de lutte gouvernementaux contre l’utilisation des enfants-soldats sont mieux appliqués que par le passé, selon le rapport du département d’État américain. Ce n’est pas le cas au Soudan du Sud où la situation régresse de façon alarmante.

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Sanctions militaires

La loi américaine de prévention de l’utilisation des enfants-soldats a été promulguée en 2008 par George W. Bush avant d’entrer en vigueur sous la présidence de Barack Obama l’année suivante. Elle prévoit la publication annuelle d’une liste de pays en défaut qui pourront faire l’objet de sanctions, comme l’interdiction d’une aide militaire américaine ou la vente d’armes et d’équipements aux gouvernements.

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Toutefois, les États-Unis semblent avoir bien d’autres priorités… Ces sanctions ne sont pas systématiquement appliquées pour des raisons de « sécurité nationale et des alliances militaires avec certains pays », notamment dans la lutte contre le terrorisme, explique Jo Becker, conseillère de la division Droits de l’enfant de Human Rights Watch (HRW), basée aux États-Unis. « Imposer des sanctions partielles réussit néanmoins à lancer un message fort aux pays concernés », relativise-t-elle, en ajoutant toutefois que « les États-Unis pourraient faire bien plus ».

Soldats à 17 ans aux États-Unis

Mais les États-Unis ne se sont pas montrés aussi exemplaires qu’ils le pensent… Avant décembre 2002, des soldats de 17 ans allaient se battre dans des conflits armés, avant que le pays n’accepte de signer le Protocole facultatif à la « Convention relative aux droits de l’enfant concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés » des Nations Unies. Aujourd’hui, un Américain peut être recruté dès l’âge de 17 ans mais doit attendre ses 18 ans avant d’aller au front.

« Ce fut un grand changement pour les États-Unis puisqu’il y avait beaucoup de résistance à ce sujet. De mon point de vue, l’idéal serait qu’aucun gouvernement ne recrute de mineurs pour en faire des soldats », soutient Jo Becker de HRW.

D’ailleurs, l’intégralité de la Convention sur les droits de l’enfant n’a toujours pas été ratifiée par les États-Unis et un (seul) autre pays : la Somalie. Quelque 195 pays y ont adhérée, dont le Soudan du Sud en mai dernier.

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