Et si l’écotaxe renaissait de ses cendres dans les régions
Plusieurs d’entre elles étudient une déclinaison locale du dispositif mort-né.Frédéric Cuvillier prône une application transfrontalière avec la Belgique
Par Lionel Steinmann
Abandonnée l’an dernier sous la pression conjuguée de plusieurs lobbies, l’écotaxe n’est pas morte, en tout cas dans son principe, et pourrait bien renaître sous une forme régionale.
Frédéric Cuvillier, qui fut ministre délégué aux Transports jusqu’en août 2014 et qui connaît donc fort bien le dossier, avait lancé l’idée dès novembre dernier. Une suggestion à laquelle François Hollande s’était montré ouvert, quelques jours plus tard, lors d’un déplacement en Alsace, région motivée de longue date pour la mise en place d’un système de taxation des camions transitant sur son territoire.
« Je sais ce que supportent (l’Alsace et la Lorraine) avec le trafic poids lourds en provenance de l’étranger. Il y aura donc discussion (...). Une expérimentation peut être envisagée si les élus en décident et si elle est compatible avec nos engagements européens », avait déclaré le Président.
Ces dernières semaines, l’idée a également germé en Ile-de-France, avec un accueil là encore favorable de l’Exécutif, cette fois en la personne de Ségolène Royal. « Je pense que c’est une bonne idée, non seulement pour la région Ile-de-France, mais aussi pour d’autres régions, » avait commenté en juin dernier la ministre de l’Ecologie. Mais « il faudra que les élus régionaux assument leurs responsabilités (...) y compris financières », avait -elle ajouté.
Reste l’épineuse question du passage à la pratique. Alors que le gouvernement a lancé un appel d’offres pour démonter ces portiques, certaines collectivités ont demandé un moratoire de ce démantèlement sur leur territoire, dans l’espoir de réutiliser un jour ces infrastructures. Mais Ecomouv’, la société qui devait assurer la collecte de la taxe, a été dissoute (l’Etat ayant dû débourser au passage plus de 800 millions d’euros pour rompre le contrat) et n’est pas près d’être ressuscitée.
Dans ce cadre, la proposition que fait aujourd’hui Frédéric Cuvillier (lire ci-dessous) est originale : l’ancien ministre propose lui aussi la création d’une taxe « transit » dans la future région Nord-Pas de Calais-Picardie, en y étendant le dispositif semblable à l’écotaxe que la Belgique va mettre en place à partir d’avril 2016. L’embryon d’une taxe transit européenne en somme, qui pourrait peu à peu être étendue à d’autres territoires.
Cette proposition viendra sans doute alimenter la campagne des élections régionales. Mais il lui faudra tout aussi certainement surmonter l’opposition des fédérations patronales du transport routier. Trois d’entre elles ont fait déjà savoir par anticipation au début de l’été qu’« elles s’opposeront à toute réapparition de l’écotaxe sous quelque forme que ce soit, notamment régionale ».
Lionel Steinmann