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Télévision : les grands groupes américains en pleine tempête

Le secteur souffre de plus en plus de l’arrivée de Netflix.37 milliards de capitalisation ont disparu en deux jours.

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Le déclencheur de la panique boursière de ces derniers jours : la révélation, par Disney, d’une « modeste » baisse des abonnements chez sa célèbre chaîne ESPN, numéro un mondial du sport télévisé, véritable vache à lait du groupe californien.

Par Elsa Conesa

Publié le 9 août 2015 à 16:07

La formule passera-t-elle à la postérité ? Une chose est sûre, « la grande implosion des médias de 2015 », comme l’ont déjà baptisée les analystes de Bernstein, va laisser des traces. En fait d’implosion, un mouvement de panique sur les marchés la semaine passée a fait disparaître en deux jours 37 milliards de dollars de capitalisation boursière pour les huit entreprises phares du secteur.

Le déclencheur ? La révélation, par Disney, d’une « modeste » baisse des abonnements chez sa célèbre chaîne ESPN, numéro un mondial du sport télévisé, véritable vache à lait du groupe californien. Une citadelle que les investisseurs pensaient imprenable – le sport se regarde en direct, pas sur Internet en replay ! Il n’en a pas fallu davantage pour que le groupe, qui publiait, par ailleurs, de bons résultats trimestriels, s’effondre littéralement en Bourse, perdant 10 % en une seule séance.

Le S&P 500 Media au plus bas depuis 2008

Une vague telle qu’elle a emporté dans son sillage tous les concurrents de l’industrie télé : Time Warner, Discovery, 21st Century Fox et surtout Viacom, qui publiaient, eux aussi, leurs résultats la semaine dernière. Jeudi, le S&P 500 Media, indice du secteur, touchait son plus bas depuis 2008.

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La réaction des marchés, que plusieurs analystes jugent un peu excessive, reflète de vraies inquiétudes sur l’évolution du modèle économique des grandes chaînes de télévision américaines. Ces dernières voient de plus en plus de consommateurs, emmenés par les « millenials » (les jeunes nés entre 1980 et 2000), se détourner des très onéreux abonnements au câble pour souscrire des services de vidéo sur Internet, comme Netflix ou Amazon Prime.

Les revenus publicitaires souffrent

Et pour cause : le tarif des abonnements au câble dépasse facilement 100 dollars par mois aux Etats-Unis, avec des formules imposant des dizaines, voire des centaines de chaînes, quand les forfaits mensuels de Netflix démarrent à 9 dollars. Résultat : les grands groupes de télévision qui dépendent des câblo-opérateurs et ont vécu royalement pendant des années, avec des marges dépassant 40 %, doivent revoir en profondeur leur modèle.

D’autant que plus les abonnements diminuent, plus les revenus publicitaires – autre source de cash – souffrent. Viacom en a fait l’amère expérience, en annonçant jeudi une baisse de 9 % des revenus publicitaires de son réseau câblé.

Netflix insolent

En face, Netflix continue d’afficher une santé éclatante, avec ses 41 millions d’abonnés aux Etats-Unis. Quand ses concurrents plongeaient, la semaine dernière, le site voyait, lui, son cours de Bourse atteindre un nouveau sommet. Vendredi, Netflix se valorisait ainsi près de 54 milliards de dollars, talonnant le groupe de Rupert Murdoch 21st Century Fox (60 milliards).

« C’est l’agrégateur de contenus le plus puissant du monde aujourd’hui, personne ne lui arrive à la cheville, a admis Charlie Ergen, le directeur général de l’opérateur de télévision par satellite Dish, qui a perdu 81.000 abonnés au deuxième trimestre. Les enfants regardent les épisodes de “Bob l’Eponge” de 2007. Pour eux, c’est la même chose que ceux de 2015. Le monde a changé. »

Si la révolution est en cours, elle prendra toutefois un peu de temps. Selon une étude de l’institut TDG, 84 % des utilisateurs de Netflix sont aussi abonnés à la télévision payante. Un chiffre qui n’a reculé que de 3 % depuis 2012.

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