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La reprise manque encore d'un moteur vraiment dynamique

•La croissance au deuxième trimestre sera inférieure à celle des trois premiers mois de l'année.•Ni les patrons, ni les ménages n'ont retrouvé la confiance nécessaire pour fortifier la reprise.

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Par Guillaume de Calignon

Publié le 10 août 2015 à 01:01

Après une année 2015 bien commencée puisque la croissance a atteint 0,6 % sur les trois premiers mois, le deuxième trimestre sera moins flamboyant. Les chiffres ne seront connus que vendredi prochain, mais, dès le mois de juin, l'Insee avait prévenu : les facteurs ponctuels qui ont soutenu l'activité au premier trimestre « s'estomperaient et l'activité ralentirait » au deuxième trimestre. Les économistes de l'institut tablent sur une hausse du PIB de 0,3 % entre mars et juin, un chiffre qui « resterait plus élevé qu'en moyenne depuis le printemps 2011 (+0,1 % par trimestre) », notaient-ils en juin dans leur note de conjoncture.

« Le profil de la croissance sera heurté au cours de l'année 2015 car, si le chiffre du premier trimestre a été bon, cela s'explique en grande partie par les dépenses en énergie », explique François Cabau, économiste chez Barclays. « Cela ne sera pas le cas au deuxième trimestre », selon cet expert qui table sur une progression du PIB de seulement 0,2 % au deuxième trimestre. Il faut dire que les dépenses de consommation des ménages en biens ont légèrement baissé entre fin mars et fin juin en France et que la production industrielle a, elle, reculé de 0,7 %.

Une situation économique toujours incertaine

« La production industrielle est décevante et la consommation manque de dynamisme », commente pour sa part Philippe Waechter, chef économiste de Natixis Asset Management. Pour lui, « la situation économique reste incertaine. Le moral des chefs d'entreprise français reste en dessous de sa moyenne de long terme alors qu'il est remonté chez nos voisins, notamment espagnols et italiens. L'économie française se situe dans une zone un peu floue : ni forte croissance ni vrai ralentissement. Et c'est préoccupant parce que cela n'incite par les entreprises à investir, ni les ménages à dépenser », poursuit-il. Le moral des ménages reste, d'ailleurs, assez bas puisque le chômage n'a toujours pas entamé sa décrue.

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Il s'agit toutefois de savoir si la croissance inférieure au deuxième trimestre par rapport au premier de l'année n'est qu'un coup de mou temporaire ou si la reprise va une nouvelle fois avorter. Pour Hélène Baudchon de BNP Paribas, « la conjoncture est en voie lente d'amélioration, en proie à un contrecoup ponctuel, après le bon résultat du premier trimestre ». La majorité des économistes table d'ailleurs toujours sur une croissance de l'ordre 1,2 % cette année, ce qui suppose une croissance de 0,3 % à 0,4 % par trimestre au cours de la seconde moitié de l'année. « La tendance est à l'amélioration quand on regarde les statistiques depuis trois trimestres », estime François Cabau.

Reste que l'alignement des planètes - l'expression fréquemment utilisée par l'exécutif pour définir la conjonction d'un euro faible, de taux bas et du pétrole bon marché - continue mais ne semble pas autant profiter à la France qu'à d'autres pays. La faute en revient à l'absence de confiance, selon l'économiste Patrick Artus, pour qui son retour doit passer « par une garantie de stabilité des règles, des politiques économiques, et par la poursuite de la baisse de la pression fiscale sur les entreprises ».

« Evidemment, la baisse du prix du pétrole est un fort support au pouvoir d'achat et à la consommation, mais l'effet d'entraînement ne s'est pas encore matérialisé. Il n'y a toujours pas de dynamique vertueuse, notamment en ce qui concerne l'investissement des entreprises », juge Philippe Waechter. Le rebond des marges est enclenché grâce au crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi, et les baisses de charges du pacte de responsabilité. Mais il faut absolument que l'investissement prenne le relais à la fin de l'année pour que la reprise perdure.

Guillaume de Calignon

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