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TURQUIE

Série d’attentats en Turquie : "Le pays est entré dans un cycle de violences"

Depuis qu’Ankara a lancé une offensive contre l’EI et le PKK, la Turquie est entrée dans un processus de violences, selon un spécialiste de l'Anatolie. Lundi, des attentats ont frappé le pays, dont l'un revendiqué par un groupe d'extrême gauche.

Un membre des forces de l’ordre déployé dans le quartier de Sultanbeyli, à Istanbul, où une voiture piégée a explosé devant un poste de police, lundi 10 août.
Un membre des forces de l’ordre déployé dans le quartier de Sultanbeyli, à Istanbul, où une voiture piégée a explosé devant un poste de police, lundi 10 août. Ozan Kose, AFP
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Lundi noir en Turquie. Un groupe d'extrême gauche a revendiqué l’attentat perpétré ce 10 août contre le consulat américain à Istanbul, tandis que les séparatistes kurdes étaient pointés du doigt dans deux autres attaques, l’une dans la capitale économique de la Turquie et l’autre dans le sud-est du pays, qui ont fait six morts parmi les forces de sécurité.

Ces violences interviennent alors que la tension monte avec l'intensification de la campagne du gouvernement contre la guérilla du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et le déploiement en Turquie des chasseurs F-16 de l’armée américaine dans le but de combattre le groupe État islamique (EI).

Peu après minuit, un kamikaze présumé a fait exploser une voiture piégée devant un poste de police du quartier de Sultanbeyli, sur la rive asiatique du Bosphore, à Istanbul. Dix personnes ont été blessées dont trois policiers, selon un communiqué du bureau du gouverneur. Une bataille rangée a ensuite opposé les assaillants à la police toute la nuit. Outre le kamikaze, deux militants ont été tués dans ces affrontements, selon le bureau du gouverneur.

Vague d’attentats en TURQUIE : "La trêve de 2013 a totalement été rompue"

Dans le même temps, deux femmes ont ouvert le feu tôt lundi matin sur le consulat, très protégé, des États-Unis, situé dans le quartier d'Istinye, sur la rive occidentale du Bosphore. L'une des assaillantes, blessée, a été arrêtée par la police, toujours selon le bureau du gouverneur. Il s'agit de Hatice Asik, une militante du DHKP-C (Front révolutionnaire de libération du peuple), a annoncé l'agence officielle Anatolie.

Un groupe d’extrême gauche classé "terroriste"

Le DHKP-C a confirmé l'identité de la femme sur son site web et promis que "la lutte continuera jusqu'à ce que l'impérialisme et ses collaborateurs quittent notre pays et que chaque pouce de notre territoire soit libéré des bases américaines", a-t-il affirmé. Ce groupe radical classé terroriste par les États-Unis et l'UE avait revendiqué, en 2013, un attentat-suicide contre l'ambassade des États-Unis à Ankara qui avait fait un mort. Il est considéré par le pouvoir turc comme proche du PKK.

"Il s’agit d’un groupe qui fait partie de cette nébuleuse d’extrême gauche en Turquie qui perdure malgré la répression et a commis au cours de ces dernières années plusieurs attentats de ce type en s’attaquant généralement à des intérêts américains, comme les ambassades ou les consulats", affirme à France 24 Jean Marcou, professeur à Science-Po Grenoble, spécialiste de la Turquie. Depuis la politique antiterroriste qui a été engagée en juillet par le gouvernement turc, ses militants ont été poursuivis et certains arrêtés, comme d’ailleurs ceux de l’État islamique et du PKK. Le groupuscule se réveille et refait parler de lui. Mais il n’y a pas de preuves que le DHKP-C ait mené ses actions de façon coordonnée avec le PKK."

>> À voir dans le Débat de France 24 : "La Turquie prise au piège de l'organisation État islamique"

Dans ce contexte extrêmement tendu, quatre policiers ont également été tués, lundi matin, par une bombe dans la province de Sirnak, dans le sud-est de la Turquie. Un attentat attribué par les médias locaux aux rebelles kurdes. En outre, un soldat turc a été tué lorsque des militants kurdes ont attaqué au lance-roquette un hélicoptère militaire qui transportait du personnel dans le secteur de Beytussebap à Sirnak, selon l'agence Dogan.

Des raids concentrés sur la guérilla kurde

"Ces actions entrent dans le processus de violences qui se développent depuis le 20 juillet, jour où 32 militants kurdes qui voulaient contribuer à la reconstruction de la ville de Kobané ont été tués à Suruç dans un attentat attribué à l’EI. Depuis, le PKK, qui considère que le pouvoir est en partie responsable de cette attaque, mène des actions de représailles. Des actions qui ont justifié à leur tour les bombardements entrepris par le gouvernement depuis le 24 juillet. La Turquie est entrée dans un cycle de violences qui a fait a peu près 30 morts depuis juillet", explique Jean Marcou.

Ankara a lancé le 24 juillet une "guerre contre le terrorisme" visant simultanément le PKK et les combattants du groupe EI en Syrie. Mais les dizaines de raids aériens qui ont suivi se sont concentrés sur la guérilla kurde, seuls trois d'entre eux ayant été jusqu'à présent officiellement signalés contre l'EI.

Dimanche, l'agence gouvernementale Anatolie a affirmé qu'environ 390 combattants du PKK ont été tués et 400 autres blessés en deux semaines de raids de l'aviation turque contre des bases rebelles situées dans le nord de l'Irak. Il n'était cependant pas possible de confirmer ces informations.

La guérilla kurde a de son côté rompu un cessez-le-feu unilatéral datant de 2013 et repris ses attaques contre les forces de sécurité turques, qui ont fait depuis 28 morts selon un décompte de l'AFP. Un haut responsable du PKK, Cemil Bayik, a affirmé, lundi, à la BBC, que la Turquie tentait de protéger l'EI en combattant son ennemi juré, le PKK. "Ils le font pour affaiblir la lutte du PKK contre l'EI. La Turquie protège le groupe EI," a-t-il affirmé.

Avec AFP

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