Par Romain Gueugneau
Les chiffres ont de quoi inquiéter les éditeurs de sites Web et les publicitaires. Selon le dernier rapport publié par PageFair et Adobe, le phénomène du « ad blocking » pourrait leur coûter près de 22 milliards de dollars de revenus perdus en 2015. Soit environ deux fois plus que l’an dernier (11,7 milliards) !
Un peu partout dans le monde, les internautes sont toujours plus nombreux à s’équiper de logiciels permettant de cacher la publicité sur Internet. Ils seraient, d’après l’étude, 200 millions à utiliser de façon régulière un tel « ad blocker », dont un peu plus d’un tiers pour la seule Europe (77 millions). Dans certains pays, le taux de pénétration de ces logiciels dépasse les 30 %. C’est le cas en Grèce, qui détient la palme des « ad blockers », avec 37 % d’internautes utilisateurs. La France est plus mesurée, avec un taux limité à 10 %.
Google Chrome pointé du doigt
Si le nombre d’utilisateurs de ces logiciels ne représente qu’une minorité (6 % des internautes dans le monde), les pertes estimées pèsent 14 % des dépenses publicitaires mondiales en ligne. Les sites de jeux vidéo, liés aux thématiques high-tech et les réseaux sociaux sont les plus touchés par le phénomène.
« Ce qui inquiète le plus les diffuseurs et les annonceurs sur le Web, c’est que les vidéos, qui sont un contenu à forte valeur ajoutée, commencent elles aussi à être bloquées », a commenté Campbell Foster, chez Adobe. Le navigateur Google Chrome est pointé du doigt comme étant l’un des principaux moteurs de croissance du « ad blocking » car les logiciels y seraient plus faciles à installer.
Le pire resterait à venir. Car le phénomène touche pour l’instant essentiellement l’Internet fixe (PC) : seules 1,6 % des publicités bloquées l’ont été sur des mobiles, alors que les logiciels étaient jusque-là peu adaptés aux smartphones. Mais la donne devrait changer dans les années à venir. En France, les éditeurs cherchent toujours la parade au niveau juridique pour limiter le phénomène en ciblant notamment le leader du secteur, l’allemand Eyeo et son logiciel Adblock Plus.