Des dizaines de milliers d’Irakiens en colère sont descendus dans la rue le vendredi 7 août pour protester contre la corruption endémique et les coupures récurrentes d’électricité, rapporte The Washington Post.

Si les manifestations se sont multipliées ces dernières semaines, celle de ce vendredi sur la place Tahrir de Bagdad “était de bien plus grande ampleur” et constituait un “acte de défiance majeur pour le Premier ministre Haidar Al-Abadi”, explique le quotidien américain. Car, contrairement au mouvement organisé au même endroit une semaine plus tôt, celui-ci n’était plus le fait de laïques mais venait désormais aussi “de son propre camp, chiite, y compris des puissantes milices” en pointe dans la lutte contre l’organisation Etat islamique (EI) et a “reçu le soutien du très influent leader religieux l’ayatollah Ali Al-Sistani”.

A la suite de la manifestation, Haidar Al-Abadi a présenté un plan de réforme ambitieux ; un rassemblement pour le soutenir s’est organisé le 9 août sur cette même place Tahrir.

Le générateur du voisin

Les pannes récurrentes d’électricité sont particulièrement pénibles au plus fort de l’été, alors que “les Irakiens subissent une vague de chaleur d’une intensité inhabituelle” et que les températures dépassent régulièrement les 50 °C. Pour y faire face, relate Al-Monitoron a généralement recours à des groupes électrogènes, des appareils qui “sont aussi devenus les symboles du manque de services de base dont souffrent les Irakiens”.


Le site d’information sur le Moyen-Orient donne l’exemple d’Ali Hatem, un commerçant qui vit à 100 km au sud de Bagdad et dont l’approvisionnement en électricité dépend de trois sources : son propre générateur, six heures par jour, celui du voisin pendant dix heures, et, le reste du temps, le gouvernement. “Tout ça pour avoir 10 ampères d’électricité et faire tourner mon réfrigérateur, mon air conditionné et la télévision”, explique-t-il. Al-Monitor note qu’“en Irak, le manque d’électricité a donné au détenteur du groupe électrogène du quartier un rôle prépondérant, puisque les gens dépendent du service payant qu’il leur fournit”. 

“La crise électrique est antérieure à l’invasion américaine de 2003”, poursuit le site d’information, mais c’est cet événement, ainsi que l’ouverture économique qui l’a accompagné, qui “ont fait entrer une quantité énorme de générateurs électriques dans le pays”.