France - culture Aurélie Filippetti : « Ma priorité ? L'accès à la culture pour tous les jeunes »
La TVA sur les tickets de cinéma passe de 7 à 5,5 %. Le billet sera à 4 € pour les moins de 14 ans : qu’attendez-vous de cette mesure ?
« Ma priorité est l’accès à la culture pour tous les jeunes. J’ai négocié avec la Fédération des exploitants de salles pour, qu’en échange de la baisse de la TVA sur laquelle je m’étais engagée, on puisse avoir une mesure spécifique pour les jeunes. Les exploitants ont tenu parole. Il faut que les jeunes découvrent le cinéma en salle plutôt que sur Internet. »
N’est-ce pas contradictoire avec l’autorisation de diffusion à la télé de films le mercredi et le samedi ?
« Cette mesure est encore en discussion mais pour moi c’est complémentaire. Pour apprendre à aimer le cinéma, rien ne vaut la découverte en salle : les jeunes qui iront voir des films auront envie d’en revoir à la télé, sur Internet… Il faut qu’ils arrivent à développer une vraie culture personnelle du cinéma : ça se passe dans les salles, c’est là qu’il y a une émotion collective. On a renforcé les moyens du Centre national du cinéma (CNC) cette année : j’ai obtenu de Bruxelles la validation de la taxe sur les opérateurs Télécom qui sert à financer le CNC et donc le cinéma français. »
Le budget de la culture baisse de 2 % en 2014. Où comptez-vous réaliser des économies ?
« Tous les ministères sont soumis à une baisse : il faut être responsable vu l’état des finances publiques. Je ferai porter les économies sur les institutions qui ont le plus les moyens de les compenser par ailleurs. Je précise que les crédits en régions ont augmenté pour le spectacle vivant, pour les arts visuels, les arts plastiques. Pour l’éducation artistique j’ai augmenté de 25 % les dotations, ce qui permettra de financer 1 000 projets supplémentaires chaque année. »
Pourquoi les théâtres sont-ils moins subventionnés ?
« Non, il n’y a pas de baisse ! Ceux qui subissent une baisse sont les opérateurs de l’État tels le Louvre, Orsay, l’Opéra de Paris, la Comédie française… De grands établissements publics mais qui ont des ressources propres importantes. »
Votre point de vue sur la volonté de Manuel Valls de « casser la mécanique de haine de Dieudonné » ?
« Les propos tenus contre Patrick Cohen, journaliste de France Inter, sont abjects. C’est le rôle du ministre de l’Intérieur de veiller à ce qu’il n’y ait pas de troubles à l’ordre public. Il faut être extrêmement vigilant sur la montée de ces discours haineux et rappeler le rôle de la culture pour élever les esprits et lutter contre xénophobie, racisme, antisémitisme. On sait que Dieudonné a des milliers de supporters notamment sur Internet. Il faut être très vigilant. Ce ne sont pas des idéologies anodines. »
Vous sentez-vous à l’aise dans un gouvernement très social-libéral ?
« Je ne sais pas si c’est si social-libéral. Le gouvernement et le président ont à gérer une crise terrible et ce qui est fait, par exemple, en matière sociale avec Michel Sapin, est vraiment de pouvoir préserver notre système social. Je suis résolument convaincue que la France a beaucoup d’atouts et il faut que l’Europe soit plus sociale, plus culturelle. Je vais organiser un forum de la culture en Europe les 4 et 5 avril à Paris, avec des intervenants de toute l’Union européenne pour reconstruire un espoir européen à travers la culture. C’est ça qui donne envie aux gens d’avoir une Europe, plus que des réglementations tatillonnes ou des contraintes financières. »
Avez-vous une actualité littéraire en ce moment ?
« Non, je n’ai pas le temps. Je lis beaucoup et je me félicite de la bonne santé de l’édition. »