La Chine a abaissé fortement le taux de référence du yuan face au dollar pour le deuxième jour d’affilée, accentuant la dévaluation de facto de sa monnaie. Celle-ci a atteint son plus bas niveau en quatre ans, à 6,43 yuans pour 1 dollar, mercredi 12 août. Le yuan a désormais perdu 3,5 % en Chine au cours des deux derniers jours, et environ 4,8 % sur les marchés mondiaux.
Dans le détail, la Banque de Chine a abaissé le taux pivot autour duquel la monnaie est autorisée à fluctuer au sein d’une fourchette quotidienne de 2 %. Elle avait déjà réduit de presque 2 % ce taux de référence mardi – provoquant la plus brutale dépréciation depuis 2005 et la fin de l’arrimage du yuan au dollar.
A la différence des Etats-Unis ou de la zone euro, qui laissent le niveau des changes s’établir librement, la Chine établit administrativement chaque matin un cours pivot autour duquel sa monnaie ne pourra pas varier de plus de 2 %, à la hausse ou à la baisse. Pour établir ce cours avant chaque séance, l’autorité des changes dit sonder les grands acteurs du marché et suivre l’évolution des principales devises.
Pour répondre aux soupçons qui veulent que la Banque de Chine et les autres grandes banques publiques aient soutenu artificiellement le yuan contre les pressions à la baisse, Pékin a décidé que, désormais, la Banque centrale fixerait ce point médian en prenant « entièrement en compte » l’offre et la demande sur le marché des changes, ainsi que les niveaux les plus récents des devises étrangères.
« Rien ne justifie une dépréciation soutenue du yuan »
Mais ce qui avait été présenté comme « une action unique » qui ne se répéterait pas s’est, de fait, répété. Le taux annoncé mercredi est encore plus bas que le niveau atteint en clôture par la devise chinoise. Dans un communiqué, l’institution a tenté de rassurer les marchés financiers en réfutant l’idée d’une dévaluation prolongée.
« Eu égard à la situation économique internationale et intérieure, rien ne justifie actuellement une dépréciation soutenue du yuan. »
Ces décisions visent, d’une part, à enrayer le ralentissement de l’activité économique du géant asiatique en relançant son commerce extérieur en difficulté. Mercredi, de nouveaux chiffres sont venus assombrir l’horizon économique du pays : sa production industrielle a fortement ralenti en juillet.
Mais la Chine cherche, d’autre part et avant tout, à faire intégrer sa monnaie au panier de devises de référence du Fonds monétaire international (FMI), qui en compte pour l’instant quatre (le dollar, l’euro, la livre sterling et le yen). Le FMI, qui se prononcera en novembre, a salué une « étape positive » après la première dévaluation, tout en affirmant que ces mesures n’auront pas d’« implication directe » sur sa décision.
La politique de la banque centrale chinoise n’est pas étrangère à l’annonce d’une chute de 8,3 % des exportations du pays en juillet. Le renforcement du yuan face à l’euro, dans le but de soutenir la consommation et d’aider les entreprises à investir à l’étranger, entravait effectivement ses exportations vers l’Union européenne, son principal partenaire commercial.
Parmi les conséquences qu’a eues cette nouvelle dévaluation du yuan :
- Les Bourses d’Asie ont clôturé en forte baisse, la Bourse de Shanghaï reculant de 1,06 % et celle de Tokyo de 1,6 %.
- L’euro montait face au dollar, 1 euro s’échangeant contre 1,1075 dollar.
- La Bourse de Paris perdait 2 %, et l’indice CAC 40 passait pour la première fois depuis la fin de juillet sous les 5 000 points.
- D’autres devises étaient en baisse. En Russie, le dollar a dépassé le seuil symbolique des 65 roubles pour la première fois depuis près de six mois.
- Les cours du pétrole ont atteint leur plus bas niveau depuis plus de six ans.
- Wall Street a terminé la séance de mardi en forte baisse. Huit des dix indices sectoriels de l’indice S&P ont fini dans le rouge, et en premier lieu celui des matières premières, dont la Chine est grande consommatrice.
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